TPI de Dixinn : un commandant de la police jugé pour le meurtre d’un jeune à Taouyah
Ouverture ce mercredi 10 janvier 2024 du procès du commandant Alpha Kabinet Kaba, de Souleymane Kourouma, Albert Camara et six autres personnes pour homicide involontaire, détention illégale d’armes de guerre et usurpation de titre et de fonction. Des faits prévus et punis par les dispositions des articles 2026, 848, 678, 681, 10 et 19 du Code pénal guinéen.
Selon le procès verbal de renvoi, ces officiers de police en service à la lutte anti-drogue et du grand banditisme auraient, au cours d’une intervention au quartier Taouyah, donné la mort par arme à feu à un jeune du nom de Abdoulaye Diallo.
Pour l’audience de ce jour, seul le commandant Alpha Kabinet Kaba qui était le chef de patrouille le jour de l’incident était présent dans la salle. Les autres agents qui auraient bénéficié d’une liberté provisoire n’ont pas comparu à l’audience de ce mercredi 10 janvier 2024.
Appelé à la barre pour sa déposition, le commandant Alpha Kabinet Kaba, né en 1973 et qui dit avoir 30 ans de carrière au sein de la police, a plaidé non coupable de l’infraction d’homicide involontaire.
Dans ces explications, il dit être sorti ce jour en patrouille avec ces éléments au bord d’une pick-up pour aller attraper des jeunes qui se livraient à la vente et à la consommation du chanvre indien.
« Ce jour-là, je suis sorti avec mes hommes et les petits qui ont l’habitude de nous informer nous ont dit que vers Taouyah il y a des jeunes qui se livrent à la vente et à la consommation du chanvre indien. Et nous sommes partis vérifier l’arrivée dans les parages. Nous avons stationné le véhicule a trois cents mètres et certains éléments sont descendus et sont partis sur les lieux. Et effectivement, ils ont réussi à mettre la main sur certains. Et pendant qu’ils les envoyaient vers le véhicule pour l’embarquement, des jeunes sont sortis avec des armes blanches et des cailloux ils ont commencé a attaquer les agents. Il y avait un élément avec moi qui détenait l’arme et des qu’il a vue sa et il a chargé l’arme. Et j’ai retiré l’arme dans ses mains je lui ai crier dessus. Et j’ai ordonné aux agents de relâcher les jeunes pour ne pas qu’ils soient blessés parce que les jeunes avaient commencé a prendre le dessus. Et pendant qu’on se repliait j’ai effectué trois tirs de sommation. Et avant de faire le quatrième j’ai trébuché en arrière et suis tombé alors que je cherchait a le relever mon doigt a heurté la gâchette et le tir est parti. Et nous nous sommes embarqués, on est reparti à la base », a-t-il expliqué.
Avant de poursuivre en disant : « Pendant que j’étais à la base, j’ai reçu l’appel d’un commandant qui est à l’hôpital sino-guinéen. Que si c’est moi, commandant Kaba ? j’ai dit oui, il dit que là où vous êtes parti en mission, un jeune a reçu une balle, il se trouve dans le bloc en ce moment pour l’opération. Et quelques heures après, il m’a encore rappelé pour me dire que le jeune est finalement décédé. Et c’est dans cela que la direction a ordonné à ceux que moi et mes éléments nous soyons envoyés à la DCIJ pour des fins d’enquêtes, », a relaté le commandant Kaba
À la question de la présidente du tribunal, qui a l’habitude d’ordonner pour faire la patrouille ? Il répond que cela revient au directeur du service anti-drogue ou à son adjoint.
Alors pourquoi ce jour, c’est vous qui avez donné l’ordre et vous les avez suivis dans la patrouille ? Renchérit la présidente :
» Comme je n’ai pas l’habitude de demander pour faire de la patrouille, mon chef m’a dit que je peux désormais donner l’ordre, mais tout en lui faisant un compte rendu, et c’est pourquoi ce jour, j’ai tenu à accompagner les éléments, sinon, en tant que commandant, j’ai dépassé le stade d’aller en patrouille » répond le commandant
À une autre question de Mme la juge ? Quel est votre état d’esprit aujourd’hui ? Il répond : » je suis dépassé parce que durant toute ma carrière, j’ai toujours évité même de verser le sang de quelqu’un, à plus forte raison de tuer une personne. Moi, tout ce qui arrive, c’est Dieu et le destin est inévitable«
Pour sa part, le ministère public a interrogé l’accusé sur l’origine de cette arme. Commandant Kaba dira que cette arme qui est un PMAK est une arme de service et non une dotation.
Pourquoi c’est le sergent Mohamed Lamine Camara qui avait l’arme ? Cherche à savoir le procureur : « C’est parce qu’on donne l’arme à une personne dont on a confiance », répond l’officier de police.
Avant de dire alors, pourquoi vous avez retiré l’arme quand il a engagé ?
» M. le procureur, c’est parce qu’à l’instant, je n’avais plus confiance en lui et je craignais que le pire ne puisse arriver à cet endroit, » a tenté d’expliquer le commandant Kaba.
À l’issue des interrogatoires du parquet et de la défense, la présidente du tribunal a renvoyé l’affaire pour le 24 janvier 2024 pour la comparution des autres accusés dans cette affaire et de la partie civile.
Mamadou Samba Barry
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