« Un couvre-feu national est instauré avec effet immédiat à travers tout le pays pour permettre aux forces de sécurité de continuer à rechercher les suspects » de cette tentative de vol d’armes militaires, a déclaré le ministère de l’information dimanche.
Des individus ont tenté de forcer une armurerie militaire, dimanche 26 novembre au matin, dans la capitale sierra-léonaise, Freetown, a déclaré dans un communiqué le gouvernement. Ils ont été repoussés, mais le gouvernement a annoncé en conséquence un couvre-feu national immédiat.
« Aux premières heures dimanche (…) des individus non identifiés ont tenté de forcer l’armurerie militaire de la caserne de Wilberforce. Ils ont tous été repoussés », a dit le ministère. Ce quartier de la capitale abrite des ambassades et l’une des principales casernes du pays.
« Nous assurons au grand public que le gouvernement et nos forces de sécurité contrôlent la situation », a déclaré le ministère de l’information sierra-léonais. « Un couvre-feu national est instauré avec effet immédiat à travers tout le pays pour permettre aux forces de sécurité de continuer à rechercher les suspects », a-t-il poursuivi, sans fournir de précisions sur les auteurs présumés de l’attaque ou leurs motivations. « Nous conseillons vivement à nos concitoyens de rester chez eux », a-t-il ajouté.
Le président Julius Maada Bio a également assuré que l’attaque avait été contrecarrée. « Le calme est rétabli », a-t-il dit sur X. « Nous restons déterminés à protéger la démocratie en Sierra Leone et je presse tous les Sierra-Léonais de s’unir autour de cette responsabilité collective », a-t-il ajouté.
Crise politique après les élections de juin
Des témoins ont rapporté à un correspondant de l’Agence France-Presse entendre des coups de feu et des détonations dans le quartier de Wilberforce. D’autres ont aussi fait état d’échanges de tirs près de la caserne de Murray Town, où se trouve la marine, et devant une autre implantation militaire dans la capitale. Des documents sonores diffusés sur les réseaux sociaux font entendre des tirs à l’arme automatique et des explosions. Les rues de la capitale sont vides, ont déclaré les témoins.
« Nous condamnons dans les termes les plus vigoureux la tentative de saisie forcée pendant la nuit de la caserne et de l’armurerie de Wilberforce », a réagi l’ambassade américaine dans le pays dans un message posté sur les réseaux sociaux. « Les Etats-Unis continuent de soutenir tous ceux qui œuvrent pour une Sierra Leone pacifique, démocratique, saine et prospère », a-t-elle dit.
La Sierra Leone, pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, a traversé une crise politique à la suite des élections présidentielle, législatives et municipales de juin 2023. Julius Maada Bio a été réélu à la présidence avec 56,17 % des voix selon les résultats publiés par la commission électorale.
Les observateurs étrangers ont cependant dénoncé des incohérences et un manque de transparence dans le décompte, ainsi que des actes de violence et d’intimidation. Le principal parti d’opposition, le Parti du Congrès de tout le peuple (APC), a jugé l’élection présidentielle truquée, mais aussi les élections législatives et locales, et a décidé de boycotter le Parlement et les conseils locaux.
Le gouvernement et l’APC ont finalement conclu en octobre un accord sous la médiation du Commonwealth, de l’Union africaine et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. L’APC a dans ce cadre accepté de mettre fin à son boycott en échange de la fin des détentions et des affaires judiciaires motivées selon lui par des considérations politiques.
L’Afrique de l’Ouest a été le théâtre depuis août 2020 d’une série de coups d’Etat militaires et de tentatives de coups de force, notamment au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Guinée, voisine de la Sierra Leone.
Conakry Infos avec AFP