Depuis l’ouverture du procès opposant l’homme d’affaires Alexandre Zotov à l’ancien ministre Ahmed Kanté, les débats ont progressivement mis en lumière une réalité bien différente de celle présentée par la partie plaignante. Ce qui devait être une affaire de prétendue destruction de projet minier s’est transformée en une exposition méticuleuse des incohérences, des manœuvres douteuses et des contradictions qui entourent l’action de M. Zotov.
Un dossier sans fondement contre Ahmed Kanté
Alexandre Zotov accuse Ahmed Kanté de l’effondrement de ses projets inexistants, dans lesquels il affirme avoir investi plus de 50 millions de dollars. Or, au fil des audiences, la défense a brillamment démontré que les véritables raisons des déboires de Zotov étaient ailleurs, notamment, le non-respect des obligations vis-à-vis de l’État guinéen, notamment le paiement des taxes superficiaires et des droits fixes par M. Zotov et sa société ABC. Ils ont également échoué à remplir leurs engagements envers les propriétaires des permis miniers AXIS et GBT, notamment les avances sur royalties.
ERM, l’entreprise censée appartenir à ABC, a dénoncé publiquement les impostures de Zotov, ce qui a conduit à l’annulation des contrats d’amodiation et du contrat de construction des infrastructures. L’actionnaire majoritaire d’ERM est même allé jusqu’à lui retirer tous ses pouvoirs de représentation et sa qualité d’actionnaire après avoir découvert qu’il avait utilisé les autorisations du projet à son propre profit, via des entreprises qu’il avait créées en parallèle.
Des mises en demeure de l’administration publique
En réponse aux plaintes d’ERM et d’ER sur les agissements de Zotov, l’administration publique a pris des mesures strictes : suspension des accords d’amodiation, mise en garde contre Zotov et mise en demeure pour le paiement des droits fixes sous peine d’invalidation des permis d’exploitation. Ces décisions démontrent que Zotov lui-même était au cœur des problèmes du projet et non une quelconque intervention de M. Kanté.
ABC, une société fantôme montée par Alexandre Zotov
L’argument selon lequel ABC serait une entreprise minière lésée par Ahmed Kanté s’est écroulé face aux faits. Selon les avocats de M. Kanté, ABC ne détient aucun titre minier ni aucune autorisation délivrée par l’administration minière guinéenne. Elle ne peut donc pas être considérée comme un véritable investisseur du secteur. M. Zotov a admis lui-même que la société ABC a été créée le 5 novembre 2019, alors qu’il affirme avoir été nommé gérant de cette entreprise dès le 1er février 2019, une incohérence majeure. Il a aussi reconnu que pour les exercices 2021 et 2022, le bilan comptable d’ABC indiquait un actif de seulement 1 livre sterling ! Une situation qui remet sérieusement en question l’existence d’un investissement de 50 millions de dollars.
Un complot mal ficelé pour accabler Ahmed Kanté
Les avocats de la défense ont démonté point par point les accusations de la partie civile. Ils ont démontré que :
ABC n’était qu’une coquille vide montée par Zotov à partir d’autorisations frauduleusement prises à ER, qui l’a finalement dénoncé.
- Kanté n’a joué aucun rôle dans l’échec de cette société, qui s’est désintégrée sous le poids des mensonges de Zotov et de ses manœuvres frauduleuses.
Aucune preuve n’a été fournie démontrant que M. Kanté était employé d’ABC ou impliqué dans ses difficultés financières.
Pire encore, la défense a exposé les vraies raisons de l’effondrement du projet d’Alexandre Zotov : une construction artificielle basée sur la tromperie, qui a fini par s’écrouler lorsqu’il a été dénoncé par ses propres partenaires et compatriotes.
Face à cet effondrement, Zotov a préféré se retourner contre Ahmed Kanté, espérant faire de lui un bouc émissaire facile. Mais la justice, basée sur les faits et les preuves, est en train de rétablir la vérité : ce n’est pas Ahmed Kanté qui est coupable, mais bien Alexandre Zotov qui doit répondre de ses propres actes.
Ce procès, loin d’être une simple affaire judiciaire, est en train de révéler au grand jour les pratiques frauduleuses de certains investisseurs étrangers qui, sous couvert de grands projets, tentent de manipuler l’administration publique et de se soustraire à leurs obligations légales. Une leçon pour l’avenir.
Ahmadou Hamzah BAH