[dropcap]L[/dropcap]a bataille autour de la gestion du sulfureux marché des RO-RO, au sein du port autonome de Conakry, est loin de connaitre un dénouement heureux.
Après moults tractations et débats incongrus entre mouvements syndicaux, (six au total) la direction du port, le conseiller du président de la République sur les questions portuaires, M. Bady Touré, des conseillers portuaires, le directeur dudit port, M.Mamadouba Sankhon s’entête encore à revenir sur l’avis qu’il a adressé aux opérateurs maritimes, malgré les instructions du président Alpha Condé. Il invite ces derniers à débarquer leurs engins roulants et marchandises sur le quai de Conakry Terminal, géré par le très controversé groupe Bolloré.
Comme il fallait s’y attendre, le bras de fer entre les fédérations syndicales au port et la direction se passe de tout commentaire. Les syndicats défendant bec et ongle le respect scrupuleux de la convention de Bolloré, qui ne concerne que l’exploitation du terminal à conteneurs et non l’ensemble des activités portuaires, parlent d’une violation pure et simple de ladite convention et brandissent des menaces de grève, qui pourraient être très couteuses pour notre économie, affectée malheureusement par la présence de l’épidémie hémorragique à virus Ebola en Guinée.
Pour qui sait ce que le port rapporte économiquement à notre pays, il y a lieu de s »inquiéter mais surtout d’interpeller le chef de l’état sur les agissements souterrains de certains proches à lui, tel que M.Bady Touré, conseiller à la présidence. En effet, le groupe Bolloré n’a pour ambition que le monopole, c’est-à-dire géré l’ensemble des activités portuaires.
Pour ce faire, il est déterminé à aller au delà du périmètre qui lui est octroyé. Il n’a non seulement pour appétit la gestion des RO-RO, mais également le quai conventionnel, où entrent les principaux produits, notamment les denrées alimentaires consommées par les populations. Alors, une fois qu’il réussira son ‘’forcing’’ au quai conventionnel, comme un gangster dans une banque de Texas, ça sera simplement la fin de la concurrence au sein du port. Les conséquences seront énormes : des pertes d’emplois (estimés à plus de 1000) et l’arrêt des activités de ses concurrents. Tout ceci est inadmissible dans un secteur, où la concurrence doit être de mise permanemment.
Aux dires des spécialistes des questions portuaires, le gouvernement doit comprendre que le monopole avec Bolloré aura un impact très négatif sur la vie du Guinéen. Nullement sur le continent, le groupe Bolloré a le monopole sur un port. Cette pratique n’est envisagée par Vincent Bolloré qu’en Guinée, s’indigent de nombreux agents portuaires.
Pour l’heure, on n’est pas encore arrivé là puisque le mouvement syndical ne laisse point abandonner la partie. Il entend mener le combat jusqu’à la satisfaction générale de ses revendications. Il n’est pas question de laisser Bolloré contrôlé les RO-RO au port, soutiennent des syndicats. Aux dernières nouvelles, les opérateurs maritimes ont réussi à accoster deux de leurs bateaux. Il s’agit des navires des sociétés de Transco et Getma Guinée.
En attendant, de nouvelles rencontres sont prévues en début de semaine entre les syndicats et la direction du port. Quant à la menace de grève, elle reste maintenue au cas où Bolloré franchirait le rubicon. D’où l’inquiétude grandissante au sein du PAC.
Mouctar DIALLO