The news is by your side.

Michel Platini : « Sepp Blatter m’avait envoûté »

les Annonces 224

[dropcap]S[/dropcap]uspendu pour quatre-vingt-dix jours par la commission d’éthique de la Fédération internationale de football (FIFA), Michel Platini a accepté de recevoir Le Monde dans sa résidence suisse proche du lac Léman.

sepp_blatter_michel_platiniSa candidature à la présidence des instances du football mondial paraît aujourd’hui fragilisée par la révélation d’un paiement, en 2011 promis par le président de la FIFA en exercice, Joseph Blatter, de 2 millions de francs suisses. Voici quelques extraits de la longue interview qu’il a donnée à Raphaëlle Bacqué, grand reporter au Monde.

Ses visées autour de la présidence de la FIFA

« J’en ai envie, assure Platini, qui juge « honteux d’être traîné dans la boue ». « J’espère seulement que l’on ne va pas m’empêcher de me présenter. Ça les énerve que ce soit un footballeur et pas un pur politique qui veuille diriger. Mais je n’aime pas perdre. Surtout pour une affaire qui n’en est pas une. »

Négociations autour de son salaire comme conseiller de Blatter

« C’était un truc d’homme à homme », affirme Michel Platini qui raconte que c’est en 1998, alors que Joseph Blatter se présentait à la présidence de la FIFA, que ce dernier lui a demandé d’être son conseiller pour le football. Il détaille sa conversation d’alors avec Blatter : « “Combien tu veux ?” demande Blatter. Je réponds “1 million”. “De quoi ?”, “De ce que tu veux, des roubles, des livres, des dollars”. A cette époque, il n’y a pas encore l’euro. Il répond “d’accord, un million de francs suisses par an”. »

Suspicions autour du temps qu’il met à demander son salaire

Platini effectue son travail de 1998 à 2002. Mais ca n’est que neuf ans plus tard, en 2011, qu’il s’inquiète de son salaire qui n’arrive pas. « En fait, je travaille plusieurs mois sans rien toucher, explique-t-il. Au bout d’un moment, je vais voir Blatter : “Tu as un problème pour me payer ?”, il me dit “oui. Je ne peux pas te payer un million à cause de la grille des salaires. Tu comprends, le secrétaire général gagne 300 000 francs suisses. Tu ne peux avoir plus de trois fois son salaire. Alors, on va te faire un contrat pour 300 000 francs suisses et on te donnera le solde plus tard”. (…) J’ai arrêté de travailler pour lui en 2002, au moment de mon entrée au comité exécutif de la FIFA. Je ne demande pas parce que je ne manque pas. »

C’est en 2011 qu’il réclame alors le paiement : « J’ai demandé à mes services d’entrer en contact avec la direction des finances de la FIFA qui a demandé à Blatter s’il me devait de l’argent. Et il a dit oui. J’ai envoyé une facture à leur demande. Et là, je me suis trompé à mon détriment. Je ne me souvenais plus que j’avais été payé 300 000 francs suisses, je croyais qu’il s’agissait de 500 000 et qu’il me devait un rattrapage de 500 000 par quatre années. J’ai donc envoyé une facture de 2 millions. J’ai été payé dix jours plus tard sans que la FIFA fasse aucune difficulté et j’ai payé moi-même des charges et des impôts sur cette somme, tout à fait normalement. »

Pas de quoi accuser Blatter de la fuite

Les deux hommes sont aujourd’hui en froid. Pas de quoi affirmer pour autant que Blatter est à l’origine de la fuite. « J’ai des doutes », dit Platini qui assure qu’il avait, pour le président de la FIFA « de l’estime, de l’amitié. Oui, j’admirais le politique. Il a beaucoup de charme et je peux dire qu’il m’avait d’une certaine façon envoûté. Même s’il veut me tuer politiquement, je garde un peu d’affection pour ce que nous avons vécu ensemble ».

Aucun regret sur son soutien à la candidature qatarie pour la coupe du Monde

Platini assume pleinement son vote pour l’attribution au Qatar de la coupe du Monde 2022, alors que la justice suisse soupçonne l’émirat d’avoir versé des pots-de-vin. « J’ai été le seul à avoir dit en toute transparence que j’avais voté pour le Qatar et le seul à raconter ce déjeuner à l’Elysée avec Nicolas Sarkozy et l’émir du Qatar que l’on m’a reproché ensuite comme si Sarkozy m’avait dit pour qui voter !, lance-t-il. Mon honnêteté me nuit. »

Le Monde

À LIRE AUSSI