Après plus d’une année depuis le démarrage du procès du massacre du 28 septembre 2009, de nouvelles personnes ont été renvoyées devant la chambre criminelle pour leur interrogatoire pour situer leur niveau d’implication dans les événements du massacre du 28 septembre 2009.
Invité de l’émission Mirador ce vendredi 3 novembre 2023, Me Amadou DS Bah, un des avocats de la partie civile, est revenu sur cette actualité : « Il ne s’agit pas d’inculpation, mais il s’agit de renvoi. Ces personnes ont déjà été inculpées depuis plusieurs mois dès leur première comparution devant le juge d’instruction. Maintenant, à l’issue des informations judiciaires, le juge d’instruction a estimé que sur les sept individus qui étaient poursuivis par le ministère public, il y a un qui n’avait pas de charge suffisante pour le renvoyer devant le tribunal criminel et lui, il a bénéficié d’un non-lieu. Et les six autres personnes, toutes des militaires, ont été renvoyées devant le tribunal criminel pour être jugées des chefs d’accusations, d’assassinats, de viol et de coups et blessures. Sur les six, il y a trois qui sont en cavale, dont Gono Sangaré », a expliqué Me DS Bah
L’avocat pense qu’à la reprise annoncée de l’audience, une nouvelle orientation devra être déterminée pour la suite du procès : « L’inculpation devrait changer si les six dossiers sont programmés, en tout cas, c’est notre souhait. À la reprise des audiences au Tribunal criminel, la logique voudrait qu’il y ait une jonction de procédure parce que les deux procédures concernent les mêmes faits et les mêmes infractions. Et si la jonction est ordonnée, il va de soi que certainement la phase des témoins va être suspendue pour que ceux qui sont nouvellement renvoyés devant le tribunal criminel soient interrogés sur les faits articulés contre eux. Donc, nous nous acheminons vers une reprise des interrogatoires à la barre et la phase des témoins suivra après. Et cela aura forcément un impact sur la procédure en cours parce qu’il serait quand même hasardeux d’entendre des témoins et après revenir entendre des accusés. […] Vous avez suivi avec nous, le passage de Toumba Diakité à la barre, il a donné des informations et qui ont interpellé le ministère public qui a requis des poursuites contre Gono Sangaré et son groupe. C’est à partir de cette date que les poursuites ont commencé contre Gono Sangaré et son groupe. Donc, depuis novembre 2022, ils sont en détention préventive à la maison centrale de Conakry et pendant toute cette période, les investigations ont continué et il y a des recours qui ont été exercés et c’est ce qui explique probablement pourquoi depuis l’ouverture du procès, ils n’ont pas été renvoyés devant le tribunal criminel. Sinon, il devrait être renvoyé depuis plusieurs mois et avant même la fin de l’interrogatoire des accusés qui sont à la barre », a fait comprendre l’avocat de la partie civile.
Par ailleurs, l’homme en robe noire a déploré la méthode par laquelle l’instruction à la base avait été conduite par les juges d’instructions d’alors. Pour lui, c’est ce qui explique cette difficulté dans la recherche des coupables dans cette affaire : « Pour le moment, il y a eu plusieurs dénonciations, mais qui n’ont certainement pas interpellé le ministre public, mais, sinon, il est possible que si des informations soient révélées à l’audience parce que la question de prescription a déjà été abrégée à travers la procédure déjà enclenchée depuis 2010, alors il est fort possible que si des révélations soient apportées à la barre par les nouveaux accusés, il est possible qu’il y ait l’ouverture d’une autre enquête concernant ceux qui auraient été cités à la barre. Vous voyez, si cette enquête avait été menée en toute indépendance et si les juges d’instructions avaient eu tous les moyens nécessaires et le soutien nécessaire pour pouvoir investiguer, je pense que dans le box des accusés, on aurait retrouvé une cinquantaine de personnes. Malheureusement, les juges n’avaient pas toute la liberté, ils n’avaient pas toutes les informations et tout le soutien nécessaire pour pouvoir enquêter parce qu’il faut le rappeler, il y a des viols, plus d’une centaine de morts et normalement ce n’est pas seulement les hauts responsables qui devraient être inculpés. Mais les exécutants eux-mêmes n’ont jamais été retrouvés parce que justement, au niveau de la collaboration entre les juges d’instructions et les services de police et de gendarmerie, il n’y a pas suffisamment d’aide pour permettre d’identifier tous ceux qui ont participé dans le maintien d’ordre au moment des faits. Cette liste n’a jamais été communiquée au juge d’instruction et c’est ce qui aurait permis l’inculpation de ces personnes et certains exécutants auraient pu être reconnus par les victimes et malheureusement ça n’a pas été le cas », a déploré Me Alpha Amadou DS Bah ce vendredi 3 novembre 2023 dans l’émission Mirador de Fim Fm.
Rappelons que les événements du 28 septembre, selon les organisations de défense des droits de l’homme, ont fait plus de 150 morts et une centaine de femmes ont été violées par des militaires de la Garde présidentielle du capitaine Moussa Dadis Camara.
Mamadou Samba Barry
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