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Massacre de Thiaroye: six tirailleurs africains reconnus «Morts pour la France »

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C’est un pas de plus, une avancée dans ce dossier historique, douloureux et complexe. Quatre Sénégalais, un Ivoirien et un soldat de la Haute-Volta, devenue le Burkina Faso, sont reconnus « Morts pour la France à titre posthume », une décision prise le 18 juin dernier par  l’Office national français des combattants et des victimes de guerre, alors que la France s’apprête à célébrer les 80 ans du Débarquement de Provence.

« Ce geste s’inscrit dans le cadre des commémorations des 80 ans de la Libération de la France comme dans la perspective du 80? anniversaire des évènements de Thiaroye », indique le secrétariat d’État français chargé des anciens combattants, qui ajoute : « C’est une nouvelle étape. C’était essentiel, il est désormais temps de regarder notre histoire comme elle fut. »

Je ne voyais pas l’État ne pas se saisir de cette commémoration. Ces combattants, avant d’être massacrés à Thiaroye, ont combattu aux côtés des soldats français pendant la Seconde Guerre mondiale (…) C’était une reconnaissance qui leur était due.

« Notre histoire en face »

Une décision « vraiment salutaire », estime également l’historien sénégalais Samba Diop, qui travaille sur le massacre de Thiaroye depuis 30 ans, « d’abord pour la mémoire de ces six tirailleurs identifiés », mais aussi « pour les familles de ces six tirailleurs reconnus ». Cela va permettre à ces familles, ajoute-t-il, « de pouvoir finalement faire leur deuil après 79 ans ». Et d’espérer que l’on pourra identifier leurs tombes, « mettre quelque chose sur leurs épitaphes encore vierges ».

C’est une décision salutaire pour toute la communauté ouest-africaine, et je dirais même africaine. Parce c’est un combat qui avait été lancé depuis très longtemps, et je crois que c’est le pas le plus important à ma connaissance. C’est un acquis dans l’étude de l’histoire de 40-44. Nous nous sommes posé suffisamment de questions par rapport au nombre de tués, par rapport à leurs lieux d’enterrement.

Officiellement, 35 tirailleurs ont été exécutés le matin du 1?? décembre 1944 dans le camp de Thiaroye alors qu’ils réclamaient leurs arriérés de soldes. Mais les historiens ont toujours contesté ce bilan donné, à l’époque, par les autorités françaises.

En 2014, à Dakar, le président François Hollande avait rendu officiellement hommage à ces tirailleurs en reconnaissant au moins 70 morts. Quant à Emmanuel Macron, il souhaite que « nous regardions notre histoire en face », indique le secrétariat d’État, qui précise que cette première décision « pourra être complétée dès lors que l’identité exacte d’autres victimes aura pu être établie ».

Réaction courroucée d’Ousmane Sonko en tant que président du Pastef

Cette reconnaissance par la France n’est pas du goût du Premier ministre sénégalais. Ousmane Sonko a réagi ce dimanche, sur le réseau social Facebook. À noter cependant qu’il signe sa publication en tant que président de son parti, le Pastef-Les Patriotes, et non en tant que chef du gouvernement.

À l’adresse de Paris, M. Sonko écrit : « Nous demandons au gouvernement de revoir ses méthodes, car les temps ont changé. » « Je tiens à rappeler à la France, ajoute-t-il, qu’elle ne pourra plus ni faire ni conter seule ce bout d’histoire tragique. Ce n’est pas à elle de fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés après avoir contribué à la sauver, ni le type et la portée de la reconnaissance et des réparations qu’ils méritent. »

Le Premier ministre s’interroge : « Pourquoi cette subite « prise de conscience » alors que le Sénégal s’apprête à donner un nouveau sens à ce douloureux souvenir, avec la célébration du 80e anniversaire cette année ? » « Thiaroye 44, comme tout le reste, sera remémoré autrement désormais », promet-il.

RFI

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