[dropcap]L[/dropcap]e président guinéen Alpha Condé, dont le pays est l’un des trois les plus touchés d’Afrique de l’ouest par l’épidémie d’Ebola, compte sur l’effacement de sa dette publique pour surmonter cette crise, a-t-il rappelé lundi à Paris.
« Il faut aller dans le sens réclamé par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) qui a demandé l’annulation de la dette pour les trois pays » affectés par l’épidémie qui a fait près de 8.500 morts au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée.
« L’annulation doit concerner les dettes bilatérales et multilatérales » a insisté M. Condé lors d’un entretien à l’AFP, espérant que cette question serait discutée « au prochain sommet de l’Union africaine » (UA), en juin.
« Ebola a tellement de conséquences sur notre pays, au moment où les investisseurs revenaient et se montraient intéressés » a poursuivi le président Condé. « Ebola est venu nous créer des perturbations ».
Le Fonds monétaire international (FMI) a été pressé d’alléger la dette des trois pays les plus touchés par Ebola, dont les économies et les infrastructures déjà fragiles ont été particulièrement éprouvées.
Les Etats-Unis sont eux-mêmes montés au créneau en exhortant le FMI à effacer près d’un cinquième de la dette des trois pays, tous sous perfusion financière, qui doivent à l’institution plus de 480 millions de dollars au total.
La Guinée, qui vise un objectif de « Zéro Ebola dans 60 jours » et espère l’atteindre en février, a déjà compté 2.820 cas dont 1.820 mortels, selon l’Organisation mondiale de la Santé.
Selon l’OMS, 8.460 décès ont été comptabilisés en Afrique de l’ouest depuis l’apparition de la fièvre hémorragique fin 2013 en Guinée forestière.
« La guerre n’est pas gagnée mais les cas commencent à baisser », a confirmé M. Condé qui s’inquiète cependant de voir la population baisser sa garde: « La situation évolue bien mais on n’est pas arrivé ».
Il a cependant tenté de tirer un enseignement positif de cette crise: « Ebola nous a fait du mal, mais le fait que tout le monde se lave les mains fait qu’on n’a pas de choléra ni de typhoïde », a-t-il relevé. « Peut-être que si nous continuons avec ces bonnes habitudes, se laver les mains, lutter contre la saleté, nous pourrons empêcher d’autres épidémies » a-t-il espéré.
AFP