Kindia/Madina-Oula : Les impactés du projet Simandou rejettent la proposition de réparation des maisons fissurées par le dynamitage
Elles sont environ plus de 180 familles victimes de dynamitage qui ont rejeté, ce vendredi 5 juillet 2024, la proposition de réparation des dommages causés par le dynamitage dans le district de Sekhoussoria, dans la commune rurale de Madina Oula. Située à 81 km du chef-lieu de la préfecture de KINDIA. C’était à l’occasion de la publication du troisième rapport trimestriel du Comité de suivi et de documentation des impacts du projet Simandou à Sekhoussoria.
L’objectif du comité de suivi des impactés est d’accompagner les communautés riveraines du projet Simandou pour défendre leurs droits par le suivi et le plaidoyer. Mais également assurer une mobilisation communautaire pour faciliter la compréhension des risques et enjeux du projet de Simandou.
Les impactés de dynamitage rejettent à bloc la solution de l’entreprise chinoise CRCC18 sous-traitante avec le projet Winning Consortium Simandou qui a donné 150 petits morceaux de sacs de ciment aux victimes de dynamitage sans les frais de réparation.
Cependant, le comité de suivi des impactés du projet Simandou, quant à lui, salue le geste de l’entreprise chinoise CRCC18 qui est en train de réaliser les travaux de dynamitage à Bombia. Mais dénonce la lenteur du traitement des réclamations des victimes du projet Simandou à Sekhoussoria. Dit-il, les morceaux de sacs de ciment donnés par l’entreprise chinoise pour réparer les bâtiments fissurés sont insuffisants par rapport au nombre de personnes ou de familles victimes du dynamitage.
Dans une interview accordée à Conakry Infos, Amara Camara, coordinateur du comité de suivi des impacts du projet Simandou dans la préfecture de Kindia, explique : « Après la publication du premier rapport, deuxième rapport, donc il y a eu des avancées sur le terrain. En ce qui concerne par exemple les cas de fissures sur les maisons, la pollution du fleuve Kabèlè. Si nous prenons la pollution du fleuve Kabèlè, après la publication du deuxième rapport, donc le partenaire chinois, le CRCC18, s’était engagé à réaliser des forages à Sabouyah, à Gnègueya et à Bombia. Donc, à titre de réparation des dommages causés aux communautés. Sur le plan des maisons fissurées par les explosions du dynamite, ça pour un premier temps, l’entreprise avait décidé de réduire la vibration de l’explosif dans le tunnel. Le constat est là. Le partenaire chinois était venu faire le recensement des maisons fissurées sur le terrain. Notamment à Sekhoussoria centre, à Bombia, Gnègueya, Bokareyah jusqu’à Kouloun Khouré. »
Et de poursuivre : « Donc, après que l’entreprise ait recensé des maisons fissurées, après mon déplacement à Conakry, j’ai appris que les partenaires étaient venus rencontrer les impactés sur le terrain avec une solution par rapport à la réparation des dommages. Quelle était cette proposition ? C’était de trouver des ciments, du sable et des graviers pour assister les impactés. Ils ont envoyé pour une première fois des ciments à Bombia et la deuxième fois, c’était à Sekhoussoria. Ce jour, elle a donné 150 petits morceaux de sacs de ciment attachés dans des sacs de riz. La question qu’on se pose aujourd’hui, est-ce que le nombre de sacs de ciment est égal au nombre de victimes ? Le degré de fissures sur les bâtiments n’est pas le même : il y a des bâtiments légèrement fissurés et il y a des bâtiments aussi grandement fissurés du bas jusqu’en haut. Est-ce qu’un petit morceau de sac de ciment peut réparer une telle fissure ? je qualifie la solution de l’entreprise CRCC18 comme un don fait à la communauté et non une réparation. Ensuite, il y a la lenteur dans les réclamations », a-t-il expliqué
Une des victimes, Karamoko Lansana Soumah, l’imam de Sekhoussoria, ajoute : « On n’était pas d’accord au début avec la société Winning Consortium Simandou. Mais aujourd’hui, on se rapproche. Moi, toutes mes deux maisons sont fissurées. Les Chinois nous ont envoyé un chargement de graviers, deux chargements de sables et 150 sacs de ciment mis dans des petits sacs de riz. Le nombre de sacs de ciment qu’on nous a envoyé est insuffisant par rapport au nombre des populations victimes de dynamitage à Sekhoussoria. On avait rejeté les sacs de ciments, mais par après, on a repris encore les sacs de ciments comme il n’y a pas assez de moyen. Imaginez 150 sacs de morceaux de ciment comparativement à 180 victimes et plus : chacun aura combien pour subvenir à ses besoins ? »
« Je vous laisse imaginer si c’est une manière de nous aider ». A-t-il conclu
Rachid Camara pour Conakry Infos