Incendie à Kaloum : Un expert en environnement avertit sur le danger du dioxyde de carbone sur la santé de la population

Un incendie a consumé le dépôt d’hydrocarbures situé à Coronthie dans la commune de Kaloum dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023. Malgré l’intervention des sapeurs-pompiers, le feu a eu du mal-être maîtrisé. Entrainant au passage une énorme épaisse de fumée noire dans une grande partie de la presqu’île de Kaloum.

Dans un entretien accordé à la rédaction de Conakry Infos, Alpha Djalon, Associé Fondateur et Directeur Exécutif du Réseau AlfaVertAfrique, est revenu sur les risques environnementaux auxquels la capitale guinéenne risque d’être confrontée les prochaines semaines, voire les prochains mois.

À en croire cet environnementaliste, avec cette énorme quantité de carburant qui s’est consommée, il y a un grand risque de pollution de l’air.

« Nous avons plus de 30 000 mètres cubes de carburant qui se sont volatilisés comme ça en fumée dans les airs. Et ce sont près de 30 millions de litres de carburant. Et cela, ce n’est pas une petite quantité de pollution dans les airs. Lorsque cela arrive et que la fumée se dépose sur une forêt alors que la combustion de l’hydrocarbure n’est pas complète, nous aurons du Monoxide de carbone. Parce que vous avez deux formes de combustion d’hydrocarbures, une combustion complète qui dégage suffisamment du CO₂ plus de l’eau et une combustion incomplète qui dégage du CO₂ le monoxyde de Carbone. Et quand elle recouvre une forêt la séquestration n’est plus possible et la foret ne pourra pas absorber ce monoxyde de carbone. La flore va se calcined avec des feuilles qui vont nourrir donc les arbres vont sécher et nous allons nous attendre à une sècheresse possible. Supposons que toute cette quantité de fumée part se déposer sur une forêt de la mangrove par exemple de la côte, nous allons perdre toute notre mangrove de la côte. Je suis sûre que la combustion n’a pas été totale. Parce que, dès que le feu a commencé, les gens ont commencé à mettre de l’eau. Alors la combustion, elle est irréversible et elle ne sera pas totale. Et la fumée épaisse blanche qui va sortir n’est pas comme la fumée noire totalement consumée. Voilà les éléments en termes de pollution de l’air  », a expliqué Alpha Djalon.

Poursuivant, le Directeur Exécutif du Réseau AlfaVertAfrique laisse entendre que l’énorme quantité d’eau déversée sur le site pour éteindre le feu dans les cuves risque d’entraîner au niveau de l’Océan des pollutions environnementales.

« Après l’incendie, les gens étaient dans la panique, et on a trouvé que le moyen le plus efficace était d’amener de l’eau et d’éteindre le feu. Et éteindre le feu avec de l’eau alors qu’il y a des hydrocarbures, vous voyez le mélange que cela fait. Et pour pouvoir éteindre le feu, il fallait utiliser une quantité d’eau supérieure à la quantité d’hydrocarbures qui allait s’enflammer. Et cette eau qui a été utilisée va se retrouver où ? Elle va forcément couler et si elle rentre dans le sol par des précipitations, elle va polluer la nappe phréatique. Et il faut s’assurer que la nappe phréatique se rejette directement dans l’Océan Atlantique. Parce que si cette nappe est de nature remontante vers Lambadji et les zones de Kaporo, les forages qui sont là-bas pourraient être pollués et les gens pourraient boire des eaux souterraines et qui sont infestés et dans 5 à 10 ans, nous allons avoir à faire à des maladies de complications intestinales et des maladies de cancer. Et à court terme, nous voyons déjà l’eau qui a été utilisée pour éteindre le feu, plus l’hydrocarbure qui a coulé et les débris vont forcément toucher l’Océan qui est à côté. Nous allons demander au ministère de la pêche de circonscrire la zone pour savoir quelles sont les espèces halieutiques qui étaient là et qui ont été exposées à ces hydrocarbures. Et la consommation de ces éléments va forcément provoquer d’autres maladies à la population. », a alerté Alpha Djalon.

Enfin, l’environnementaliste invite le gouvernement à s’entourer des spécialistes pour faire des études approfondies sur cette zone, pour éviter des incidents dans l’avenir.

« En ce qui concerne la pollution des sols, la zone circonscrite de Kaloum, on doit faire des études sur le sol entièrement pour ne pas ramener une population sur cette zone alors que les incidents peuvent être radioactifs, à la longue les gens vont développer des maladies qui sont incurables ou nous retrouver avec une population avec des problèmes sur la santé de reproduction. Et en termes de pollution de l’eau, je vous ai parlé des nappes phréatiques et des eaux souterraines. Et de ce côté, il va falloir que des évaluations soient faites. Et la France est le premier pays à venir intervenir sur le terrain avant le Sénégal et le Mali. Il faut faire recours à la France pour qu’ils nous envoient des ingénieurs environnementalistes et qui feront les prélèvements de la bedrock (Roche sous jachante)...

Et il serait même possible de faire recours à des hydrologues qui vont venir évaluer la nature de la roche et savoir est-ce que l’explosion n’a pas provoqué une faille dans le sol et qui pourrait être source de complication. », a déclaré Alpha Djalon.

Mamadou Samba Barry

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