[dropcap]L[/dropcap]a crainte de représailles à la suite de la tentative de coup d’Etat a gagné la Gambie, où plusieurs dizaines de civils et militaires ont été arrêtés, jeudi 1er janvier.
A Banjul, la capitale du pays, le palais présidentiel a été attaqué dans la nuit de lundi à mardi. Le président, Yahya Jammeh — arrivé lui-même au pouvoir par un coup d’Etat il y a vingt ans, et qui dirige, depuis, le pays d’une main de fer —, a accusé un « groupe de terroristes soutenus par des puissances qu[‘il] ne voudrai[t] pas nommer », « des dissidents basés aux Etats-Unis, en Allemagne et au Royaume-Uni », d’être à l’origine de l’attaque.
Ce « n’est pas un coup d’Etat militaire, comme on l’a appelé dans certains médias », a assuré le chef de l’Etat. Il n’y a eu « aucune participation d’éléments des forces armées de Gambie » à cette attaque, elles « ont été vraiment loyales », a affirmé M. Jammeh. Selon une source militaire, les assaillants étaient « commandés par un ex-capitaine du nom de Lamin Sanneh, déserteur de l’armée », qui figurerait parmi les trois personnes tuées, selon un bilan non officiel.
PURGE DES OPPOSANTS
« Aucune force ne peut prendre cette place et personne ne peut déstabiliser ce pays », a déclaré M. Jammeh, qui avait fustigé mercredi, dans une première déclaration publique, les comploteurs visant « un changement de régime par la violence ». Le régime de M. Jammeh a été souvent accusé de violations des droits de l’homme, menant régulièrement des purges contre ses opposants. « Ceux qui jouent avec Dieu le paieront cher », avait-il menacé mercredi soir.
« Plusieurs dizaines de militaires et de civils ont déjà été arrêtés et soumis à des interrogatoires » à la suite de l’attaque, a fait savoir une source proche de la National Intelligence Agency (NIA), les services de renseignement, redoutés, du pays. Des documents contenant notamment un plan de l’attaque auraient également été découverts par les enquêteurs, qui ont aussi mis la main, au port de Banjul, sur un conteneur enfermant « une grande quantité d’armes automatiques, très sophistiquées, et d’explosifs ».
« Les accusations fusent de partout, s’est inquiétée, auprès de l’Agence France-Presse, une source diplomatique à Banjul. Les noms de personnalités militaires et civiles commencent à tomber sur la table de la NIA. (…) Je crains que des innocents soient pris à partie par simple dénonciation. »
Craignant d’être arrêtés, quatre officiers soupçonnés d’avoir participé à la tentative ont quitté le pays et sont arrivés mercredi soir en Guinée-Bissau, selon une source militaire sur place. Ces officiers gambiens, dont l’identité n’a pas été révélée, « se sont rendus aux autorités » militaires de Guinée-Bissau à leur arrivée dans la capitale.
Conakryinfos avec AFP