Le premier ministre Guinéen, Ibrahima Kassory Fofana était invité chez nos confrères de RFI, ce mercredi matin. Le PM a commenté l’actualité guinéenne, y compris les propos de son président, tenus récemment en haute Guinée PAR LE PR2SIDENT Alpha Condé. Répondant aux questions du journaliste, le locataire du palais de la Colombe a relevé des incohérences dans les statistiques avancées par la CENI concernant le fichier électoral.
« Je n’ai pas les mêmes chiffres. Pour moi, ce n’est pas évident du tout qu’il y ait 68% d’électeurs par rapport à la démographie globale », a reconnu Kassory Fofana.
Mais l’autre fait marquant de l’actualité guinéenne est le retrait de la Francophonie du processus électoral. Une décision que regrette le numéro du gouvernement Guinéen.
« On le regrette parce que nous avons apprécié la collaboration de la Francophonie. Encore une fois, pour cette étape, elle a fini son travail. Nous ne comprenons pas la décision de retrait. Nous pensons que ceci va être revu très rapidement, parce que nous avons besoin de la Francophonie qui a apporté une assistance technique totalement appréciée », a-t-il martelé.
Quant à la remise en cause de la crédibilité de ces élections par beaucoup d’observateurs étrangers, Kassory Fofana lui, dit le contraire.
« Je n’ai pas de notifications en dehors des assistants techniques de la Francophonie. Il ne faut pas dramatiser parce qu’ils ont fini la mission pour laquelle ils ont rendu compte. Je n’ai pas l’impression que la Guinée est isolée ou que le processus est contesté. On n’a pas ce sentiment ».
Depuis quatre mois, les manifestations de l’opposition sont brutalement déprimées. Plusieurs civils ont été tués. Mais pour les prochaines manifestations, le premier ministre se voit rassurant.
« Tout est fait pour qu’il n’y ait pas de violence. Mais on ne le dit pas assez du côté de nos adversaires, les manifestants ne sont pas encadrés souvent. Vous avez dû suivre ce qui s’est passé en dehors de la Guinée, en Sierra Leone il y a deux jours, où les manifestants sont partis casser l’ambassade de Guinée et où il y a eu mort d’homme, parce qu’un manifestant s’est fait lyncher par les populations. Vous avez suivi il y a quelque deux ou trois semaine dans le fief de l’opposition où il y a eu des casses de la part de nos opposants. Les forces de l’ordre ne sont pas intervenues du tout. Je suis heureux de noter que le chef de l’Etat, dans sa déclaration d’hier, a déclaré qu’il est disposé à faire de l’opposition non violente. Il a demandé le boycott, mais pas de violence. Je veux bien le croire sur les mots, mais je l’inviterai et, je la prierai de veiller sur ses troupes, parce que j’ai visité les réseaux sociaux, les appels à la violence du FNDC [Front national pour la défense de la Constitution] sont clairs. C’est un appel aux manifestants d’aller casser les bureaux de vote. »
Quant à la question de savoir s’il y’aura à nouveau des tirs à balles réelles sur la population, Kassory Fofana estime que cela ne s’est pas avéré au paravent.
« Je n’ai pas de cas où on a eu des preuves de tirs à balles réelles sur la population. Depuis que je suis arrivé au gouvernement, j’ai demandé que tous les cas de pertes en vie humaine issues des manifestations fassent l’objet d’une enquête dans les règles de l’art. Faisons tout, absolument tout pour que les manifestations soient encadrées », a affirmé le président de l’ex parti Guinée pour Tous.
Lors d’un meeting, le président Alpha Condé a dit à ses partisans : « Quiconque viendra pour détruire les urnes, frappez-le ». L’homme de confiance du président Alpha Condé ne partage pas cet avis et estime que c’est une exagération.
« Non, ce n’est pas le rôle du président. Ça, c’est par agacement. Ici et là, on s’attaque aux biens publics et les menaces sont claires pour dire : le jour du vote, l’opposition, le FNDC en particulier dit : allez détruire les bureaux de vote. Le président dit aux citoyens : protégez les bureaux de vote et ceux qui viennent les « détruire », « frappez-les ». Ça, c’est une exagération de langage. Il ne le pense même pas à ça. C’est une manière d’encourager les gens à protéger les bureaux de vote », a-t-il recadré.
Le 10 février dernier, c’était sur RFI et France 24, le président Alpha Condé n’a pas exclu de briguer un troisième mandat à la présidentielle d’octobre 2020. Mais pour Kassory Fofana, Alpha Condé n’a toujours pas signifié qu’il sera candidat pour les prochaines présidentielles.
« Il n’a pas non plus affirmé qu’il est candidat. Il a dit que la désignation pour un scrutin présidentiel relève de la compétence des partis politiques. Il n’a pas dit qu’il est candidat », s’est rassuré le PM.
En ce qui concerne une possibilité que le parti au pouvoir désigne une autre personne en dehors du RPG Arc-en-ciel pour succéder à Alpha Condé, Kassory Fofana préfère donner sa réponse en octobre prochain, date à laquelle doivent en principe se tenir les élections présidentielles.
Propos décryptés par Siradio Kaalan Diallo
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