La cherté de la vie, phénomène cyclique lié à l’inflation des prix, est une réalité mondiale. En Guinée, les autorités s’attellent à en atténuer l’impact sur les ménages et sur le niveau de vie des populations.
Si des ménages dénoncent un faible contenu du panier de la ménagère dû à une flambée des prix des denrées alimentaires de première nécessité, il faut noter qu’il s’agit d’un phénomène mondial. Et la Guinée n’échappe pas à cette réalité.
Dans une interview accordée à notre rédaction, Mamady Fatoumata Keita, enseignant en économie, pense connaître les causes de la cherté de vie à laquelle les Guinéens sont confrontés.
« La cherté de vie qui est l’inflation est causée par plusieurs facteurs. La première cause, c’est la demande, lorsque la demande est supérieure à l’offre, les prix vont augmenter : c’est automatique. La deuxième chose sont les coûts liés à l’importation. Lorsque tous nos produits qui sont consommés ici en Guinée, par exemple si je prends le riz qui est le premier produit consommé en Guinée qui n’est pas produit chez nous, sont importés. Par ce que l’un des facteurs liés à l’importation du riz augmente, tels que les frais de la douane ou les taxes ou même là où ils achètent leurs marchandises. Lorsque l’une des choses là augmente seulement, il y aura l’inflation. » a expliqué M. Keita.
Il y a quelques mois, des mesures avaient été prises pour lutter contre la vie chère à travers le programme gouvernemental interdisant l’exportation de certains produits de première nécessité. Une décision qui n’est pas la solution pour Mamady Fatoumata Keita.
« La cause, est-ce que la mesure a été bien suivie ? C’est ça aussi le problème, car il ne s’agit pas seulement de donner des mesures, mais aussi de s’assurer de l’exécution. Selon moi, ce n’est pas une bonne politique d’interdire l’exportation de nos produits. Le protectionnisme n’est pas la bonne solution », a-t-il soutenu.
Par ailleurs, Mamady Fatoumata Keita pense que la solution serait d’élaborer une bonne politique d’accompagnement pour les inciter à vendre sur le territoire guinéen.
« La bonne solution est la production nationale puisque vous allez protéger la sortie des marchandises, mais comment vont faire ses commerçants qui ont l’habitude de vendre leur produit à l’étranger, qui ne peuvent pas venir vendre ça à l’intérieur ici puisqu’ils ont engagé beaucoup d’argent dans la production de ses marchandises. Il faut une mesure d’accompagnement pour les encourager à vendre sur le territoire national plutôt que de vendre à l’étranger. Mais si y’a pas de mesure d’accompagnement, vous allez interdire selon vous c’est interdit, mais les gens seront toujours tentés de le faire de façon frauduleuse pour être vendu à l’étranger. », a fait comprendre le professeur d’économie.
Enfin, s’agissant de l’inflation en Guinée qui serait à deux chiffres, le professeur d’économie pense que cette situation est inacceptable, compte tenu des ressources dont dispose la Guinée.
« L’inflation se situe dans les 12 %, ma dernière information, c’était à 12 % et c’est ce qui n’est pas admissible en réalité. Vu les ressources que la Guinée a disponibles, vu tout ce que la Guinée peut avoir comme politique conjoncturelle, politique budgétaire, politique monétaire pour stabiliser l’inflation. Mais au tour du 12 %, ce n’est pas bon. Dans les autres pays, l’inflation est à un chiffre. À un moment donné, la Guinée a eu une inflation d’un chiffre. Ça a été apprécié puisque ça a été constaté immédiatement sur le panier de la ménagère. Mais une inflation de deux chiffres n’est pas évidente, ce n’est pas la bonne politique qu’il faut. Donc, il faut tout faire pour qu’elle soit ramenée à 5 ou 6 % dans un premier temps, peut-être jusqu’à 2 %, ça, c’est une bonne politique, mais 12 % est exagéré », a déclaré l’économiste
Sam Bantignel Barry