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Carburant/Trafic : le marché noir, encore plus… noir !

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L’interdiction de la vente du carburant en dehors des stations- service, peine à être respectée sur le terrain. A travers la ville de Conakry, les acteurs du marché noir ne désarment pas. Entre eux et les agents chargés de l’application de la mesure, c’est la guerre des stratégies.

Lansanaya-Barrage, vendredi 6 novembre, 20 h 30. Un motard en crise d’essence trouve la station fermée, alors qu’il a parcouru une longue distance en poussant son engin dans l’espoir de pouvoir se ravitaillé là. Au constat de la triste réalité, il s’arrache les cheveux !

Alors qu’il déambule dans les parages, il tombe sur un jeune garçon, assis devant une boutique fermée. Lequel, à sa salutation, répond par une question qui le fait rire en dépit de sa peine : « vous êtes policier ? que voulez-vous ? ». Le motocycliste se voit obligé de s’identifier.  Rassuré, le jeune se lève, rentre dans un couloir obscure et ressort avec un litre d’essence. Il y a quelque jour, raconte-t-il, une vendeuse d’essence au marché noir s’est faite piéger par des policiers : « ils ont emporté toute sa marchandise. Elle a aussi payé 300.000 GNF pour sa liberté. »  Depuis, selon lui, il ne vend qu’aux conducteurs de taxis ou de mototaxis qui sont ses clients habituels.

 

Quelques jours plus tôt, des policiers se sont fait avoir par un jeune vendeur de carburant au marché noir à Yimbaya.  N’Famoussa Doukouré, c’est son nom, a mélangé le colorant avec de l’eau, les déverses dans  des bouteilles d’un litre et les exposes sur son stand au bord de la route. « L’idée est de dire à ceux qui sont dans le besoin qu’ils peuvent trouver du carburant ici », explique-t-il.  Précisant que qu’il a une importante de quantité de carburant stocké dans son conteneur situé non loin du goudron. « C’est je suis convaincu que quelqu’un en a réellement besoin que sort la quantité qu’il veut », dit-il.

Ce jour-là, en effet, un pick-up de la police gare devant son stand. Un policier descendu du véhicule en catastrophe demande le propriétaire du stand. Le jeune refuse de se présenter de peur d’être interpelé. Ironie de l’histoire : les policiers s’énervent et embarquent toutes les bouteilles y compris le bidon de 20 litres qui était tout aussi remplis de l’eau colorée.  Ils s’en vont !

 

Pour Mohamed Sylla, vendeur de carburant à Hafia, la mesure prise par les autorités est de nature à compliquer leur vie : « moi je suis un étudiant.  Après les cours, je me débrouille ici pour payer mon loyer, mon transport et mes brochures. » Pour lui, il n’est pas question d’arrêter cette activité : « c’est une question de survie ».

Rencontré alors qu’il vient de se servir au marché noir, un chauffeur qui a requis l’anonymat pense que cette décision gouvernementale est un coup de pied dans l’eau : « il ne peuvent rien contre ça. Beaucoup de familles vivent du trafic de carburant. » Plus loin, il rappelle la faiblesse du nombre de stations-service par rapport à d’autres pays de la sous-région. « Parfois, en pleine circulation, on est en panne d’essence dans des endroits loin d’une station. »

Au carrefour Gasoil, localité de Sangoyah réputé pour le trafic de carburant qui s’y opère, il semble que se procurer d’un litre d’essence au marché noir demande désormais un protocole propre aux revendeurs.

Il semble que pour avoir plus stocks, certains revendeurs viennent remplir leurs véhicules dans des stations pour les vider ensuite dans des bidons une fois arrivée dans leurs coins. D’autres seraient en complicité avec des pompistes

Kadiatou N’diaye

 

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