[dropcap]L[/dropcap]’ex-président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a été nommé chef de cabinet de la présidente Dilma Rousseff, mercredi 16 mars. Lula, qui a présidé au boom socio-économique du Brésil entre 2003 et 2010, « assumera le poste de ministre d’Etat, chef de la maison civile » – une sorte de super-premier ministre en charge de la coordination de l’action du gouvernement –, en remplacement de Jacques Wagner, indique le communiqué de la présidence.
Sa participation au gouvernement devrait ainsi permettre à l’ancien président d’échapper un temps aux poursuites judiciaires en cours, instruites par le juge Moro, chargé du dossier « Petrobras ». Les procureurs de Sao Paulo avaient réclamé à la justice, jeudi 10 mars, la mise en détention préventive de l’ancien homme fort du Brésil. Lula, malgré son entrée au gouvernement, reste cependant justiciable devant la cour suprême brésilienne.
La police estime qu’un système de corruption et de blanchiment d’argent a permis de financer des campagnes électorales et de couvrir des dépenses du Parti des travailleurs (PT), dont Lula était le chef de file. Selon elle, des éléments de l’enquête montrent que des pratiques frauduleuses au sein de l’entreprise publique ont personnellement profité à Lula sous forme de paiements et de biens immobiliers de luxe.
La rumeur de la nomination de Lula courait depuis le 10 mars dans la presse brésilienne. L’offre de Mme Rousseff était perçue par une partie des Brésiliens comme une tentative de fuite, si ce n’est un aveu de culpabilité. Sur Internet, les ennemis de Lula n’ont pas manqué de rappeler une phrase attribuée à l’ex-président en 1988 : « Quand un pauvre vole, il va en prison. Quand un riche vole, il devient ministre. »
Dernière carte pour une présidente en sursis
En nommant son mentor, le fondateur du Parti des travailleurs (PT, gauche) à la tête de son cabinet, la présidente Dilma Rousseff joue sa dernière carte, alors qu’elle est depuis décembre sous la menace d’une procédure parlementaire de destitution et que la colère de la rue refuse de faiblir.
Dimanche 13 mars, 3 millions de brésiliens ont défilé dans tout le pays pour réclamer le départ de la présidente, réélue de justesse en octobre 2014. À l’origine de la colère des brésiliens qui manifestent régulièrement depuis le printemos 2015, l’affaire Petrobras-BTP, un scandale politico-financier dans lequel le parti des travailleurs est directement impliqué, mais aussi la crise économique, la pire que le Brésil ait connu depuis 25 ans.
AFP