Bah Oury aux médias fermés : « Si seulement les responsables des organes de presse avaient le souci de leur responsabilité sociale(…) »
Ce lundi 27 mai, face aux membres du Conseil national de la transition, le Premier ministre chef du gouvernement guinéen a été emmené à réagir sur les raisons du retrait des licences à certains médias privés du pays.
Dans sa communication, Bah Oury a indiqué à l’entame de ses propos que ce sont les responsables des organes de presse qui ont estimé qu’il y a eu de sérieux dérapages. Et qu’ils ont préconisé un mécanisme d’autorégulation interne qui n’a rien à voir avec la Haute autorité de communication (HAC).
À en croire Bah Oury, il ne faut pas que certains médias agissent comme on l’a vu dans la sous-région pour mettre en danger la paix dans le pays.
« Nous sommes dans un environnement fragile. Nous avons vu ce que des médias ont pu commettre en Côte d’Ivoire lors des évènements de 2009-2010 avec des presses ultra-partisanes qui ont alimenté les graines de la haine et de la guerre civile. Nous avons vu ce que la Radio Mille collines a fait au Rwanda. Dans ce pays, nous ne pouvons pas nous permettre, dans un contexte de déstabilisation généralisée de l’Afrique de l’Ouest, qu’on laisse libre-court à des mécanismes susceptibles de remettre en cause les fondamentaux de la stabilité et de la sécurité nationale. Quiconque le fait, il sera totalement irresponsable. C’est une question de responsabilité », a-t-il laissé entendre.
Bah Oury pense que les patrons de presse n’avaient aucun souci de leur responsabilité sociale :
« Si les responsables des organes de presse avaient le souci de leur responsabilité sociale en tant qu’investisseurs, responsables d’entreprise qui emploient des gens, je peux être mécontent, mais derrière moi, il y a des dizaines et des dizaines de pères et de mères de famille qui dépendent de l’entreprise qui les nourrit, qui les entretient. Ma responsabilité en tant qu’investisseur ou chef d’entreprise, c’est de sauvegarder ce patrimoine, parce qu’au-delà de la personne qui a investi, il y a des centaines de personnes qui sont derrière. Mais si on n’en a cure, chacun ne s’intéresse qu’à son propre égo sans se poser la question de savoir si son action a-t-elle un impact sur la vie des milliers et des milliers de gens, il va de soi que dans ce contexte, c’est la jungle. »
À qui veut l’entendre, le Premier ministre guinéen, faut savoir qu’il sera opposé à toute dérive susceptible de remettre en cause la paix et la stabilité dans ce pays.
« Je serai radicalement opposé à toute dérive susceptible de remettre en cause la paix et la stabilité dans ce pays. Dans aucun pays au monde, certains médias ne pourront s’exprimer comme ce que nous enregistrons en Guinée. La liberté de la presse ne veut pas dire une licence absolue pour insulter, diffamer. Sous prétexte d’une certaine liberté de la presse, on s’attaque aux autorités morales les plus respectées dans ce pays. Dans quelle société sommes-nous ? C’est ça la liberté d’expression ou de la presse ? Soyons nous-mêmes. N’oublions pas d’où nous venons et qui sommes-nous. Le respect est une valeur qui est partagée par toutes les communautés nationales dans ce pays. », a réagi entendre Bah.
Barry Bantignel