L’ambassade des États-Unis en Guinée a exprimé mercredi sa « profonde préoccupation » après l’arrestation d’Abdoul Sacko, leader du Forum des Forces Sociales de Guinée (FFSG), dans la nuit du 18 au 19 février par des hommes encagoulés.
Washington appelle les autorités guinéennes à « enquêter rapidement sur cet incident » et à garantir la transparence sur le sort de l’activiste.
« Des individus masqués et armés, apparemment portant des uniformes des forces de sécurité guinéennes, ont enlevé de force Abdoul Sacko de son domicile tôt mercredi matin », indique l’ambassade dans un communiqué.
Les États-Unis rappellent que l’activiste, ancien boursier du prestigieux International Visitor Leadership Program (IVLP) du Département d’État américain, incarne les valeurs de « liberté, d’indépendance et de droits fondamentaux ».
Washington souligne que Sacko est le troisième ancien boursier de ce programme à être détenu, disparu ou arrêté en l’espace de quelques mois, une tendance jugée « troublante ».
La diplomatie américaine regrette également la recrudescence des détentions de journalistes et de leaders de la société civile, un climat qui, selon elle, va à l’encontre de la vision déclarée de la Guinée d’un avenir démocratique et prospère.
Depuis la prise du pouvoir par les militaires en septembre 2021, la Guinée a connu une multiplication des arrestations d’opposants et d’activistes. Plusieurs figures de premier plan ont été contraintes à l’exil, dont Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, tandis que d’autres, comme l’ancien Premier ministre Kassory Fofana et des responsables du régime déchu, ont été détenus pendant de longs mois.
Les États-Unis, qui se positionnent comme un partenaire de la Guinée dans sa transition vers l’ordre constitutionnel, appellent à des procédures judiciaires transparentes et impartiales.
« La justice exige que tous les individus, quel que soit leur rang ou leur affiliation, soient tenus pour responsables », insiste la chancellerie.
Alors que la pression internationale s’accentue, la Guinée peine à rassurer sur ses engagements démocratiques. Dans un pays où chaque transition semble s’accompagner d’exils et de répressions, le retour à l’ordre constitutionnel reste une promesse suspendue dans l’incertitude.
Mohamed Sylla