Présidentielle Américaine: Ce qu’il faut retenir du troisième débat entre Clinton et Trump

[dropcap]L[/dropcap]e candidat républicain a une nouvelle fois dénoncé, comme il le fait depuis plusieurs jours, un processus électoral truqué en faveur de sa rivale démocrate.

Cour suprême, immigration, Poutine, agressions sexuelles, processus électoral : Hillary Clinton et Donald Trump se sont affrontés, mercredi 19 octobre au soir, lors du troisième et dernier débat de la campagne pour l’élection du 8 novembre. Selon un sondage instantané de CNN, 52 % des téléspectateurs ont jugé la candidate démocrate plus convaincante que son adversaire républicain, et 39 % sont d’un avis contraire.

Polémique autour de l’immigration

La politique de Donald Trump envers les immigrés, s’il devait être élu président, « déchirerait le pays », a affirmé Hillary Clinton mercredi soir.

Donald Trump, qui a parlé de « bad hombres » (« des hommes mauvais »), a rappelé de son côté qu’il souhaitait construire un mur à la frontière sud des Etats-Unis pour stopper l’immigration clandestine, l’une de ses promesses phares illustrant le durcissement des conditions d’entrée sur le territoire qu’il souhaite mettre en place. Le « programme [de Clinton], c’est la suppression des frontières. On aura une catastrophe sur le commerce et les frontières », a accusé Donald Trump.

La question Poutine

Hillary Clinton a déplacé la conversation sur la Russie, accusée d’espionnage et de piratage contre les Etats-Unis. Donald Trump a défendu sa volonté de rétablir des relations normales avec Vladimir Poutine, le président russe. « Il ne respecte pas [Hillary Clinton]. Il ne respecte pas notre président », se lamente-t-il.

« C’est parce qu’il préfère avoir une marionnette comme président des Etats-Unis », a répliqué Hillary Clinton. « Non, c’est vous la marionnette, a riposté Donald Trump. Poutine l’a bernée, elle et Obama, en permanence. »

Le républicain a refusé d’attribuer à Moscou les piratages répétés contre les démocrates, comme l’a fait le gouvernement américain. « Je n’ai jamais rencontré Poutine. Ce n’est pas mon meilleur ami. Mais si les Etats-Unis s’entendaient avec la Russie, ce ne serait pas si mal. »

Trump et les femmes

C’est à partir de la 50e minute, que Donald Trump a commencé à déraper sérieusement. Au sujet des accusations d’attouchements et de baisers forcés, le républicain a une réponse préparée : « Elles veulent être célèbres. » Le milliardaire évoque également l’hypothèse que ce soit « son équipe à elle », dit-il en désignant Hillary Clinton, qui les aurait incitées à l’accuser.

Alors qu’elle parlait de ses plans concernant la fiscalité, iI a lancé un : « Quelle femme méchante. » Hillary Clinton n’a pas daigné répondre.

« Personne n’a plus de respect pour les femmes que moi », a encore ajouté Donald Trump, déclenchant des rires, pourtant interdits parmi l’auditoire. La démocrate répond en rappelant les commentaires désobligeants de Donald Trump sur les femmes. « Donald pense qu’en rabaissant les femmes il se grandit. »

Trump conteste le résultat des élections

Le modérateur Chris Wallace a demandé à Donald Trump s’il acceptera les résultats de l’élection présidentielle quoi qu’il arrive. « Je verrai à ce moment-là », a répondu Donald Trump. « Je vous laisse dans le suspense », a insisté le candidat. Donald Trump dénonce depuis plusieurs jours un processus électoral truqué en faveur de Hillary Clinton.

La phrase rappelle son refus, au début des primaires républicaines en août 2015, de s’engager à respecter le choix des sympathisants du parti.

Hillary Clinton s’est désolée que le candidat d’un des deux grands partis américains puisse ainsi se soustraire à une tradition démocratique. « C’est terrifiant », lâche-t-elle.

« Ce n’est pas comme cela que fonctionne notre démocratie. Nous existons depuis deux cent quarante ans. Nous avons eu des élections libres et justes. Nous avons accepté des résultats qui ne nous plaisaient peut-être pas. Et c’est ce que l’on doit attendre de quiconque se trouve sur la scène d’un débat en vue d’une élection. »

La Syrie et l’Irak

Hillary Clinton a réaffirmé son souhait d’instaurer une zone d’exclusion aérienne pour protéger les civils en Syrie des bombardements du régime de Damas et de la Russie. Donald Trump a immédiatement répliqué que Bachar Al-Assad est « bien plus fort et bien plus malin qu’elle et [Barack] Obama ».

L’ancienne First Lady a également évoqué la situation en Irak et l’offensive lancée par l’arme irakienne et les peshmergas appuyés par les Etats-Unis et la coalition internationale pour reprendre la ville de Mossoul à l’organisation Etat islamique (EI). Elle a assuré qu’il « ne serait pas malin » d’envoyer des soldats américains en Irak, « le but étant de reprendre Mossoul » et non de se positionner comme une « force d’occupation ».

Le milliardaire a aussi critiqué la décision soutenue par Hillary Clinton d’intervenir en Irak en 2003, affirmant contre l’évidence que lui n’avait pas soutenu l’invasion américaine. « Maintenant, nous nous battons à nouveau pour prendre Mossoul », a-t-il suggéré. « Nous allons prendre Mossoul et savez-vous qui va en bénéficier ?, a encore interrogé l’homme d’affaires. L’Iran. »

Mme Clinton a regretté que M. Trump tombe dans les théories du complot lorsqu’il a assuré que la bataille de Mossoul n’était qu’un plan visant à la faire gagner l’élection en lui donnant l’image d’une « dure ». « Je suis étonnée qu’il semble penser que le gouvernement irakien et nos alliés et tous les autres puissent lancer une attaque à Mossoul juste pour m’aider dans cette élection, mais c’est ça la façon de penser de Donald. Il est toujours en train de rechercher un complot. »

 

 

Conakryinfos avec AFP