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Alpha Condé, un fin politique qui s’est gaspillé dans la maîtrise de son opposition (Par A. Camara)

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Nul ne peut dénier au Président Alpha Condé ses qualités exceptionnelles en politique. Après donc plus de 40 années passées dans l’opposition et à chercher le pouvoir, c’est finalement à la faveur d’une élection après une transition qui coûta au pays ce que ça lui coûta, que la figure emblématique du RPG accède au pouvoir avec pour challenger direct Cellou Dalein Diallo de l’UFDG, arrivé en tête au premier tour de la présidentielle.

Alpha Condé, connu et respecté en Afrique et dans le monde pour son combat et sa pertinence dans le débat africain par et pour les africains, son arrivée à la tête de la nation ne pouvait que susciter l’espoir et l’optimisme d’un peuple qui a tout pour réussir, mais stagne par la faute sans doute des différentes décisions politiques auxquelles il a fait face jusque-là. Justement, avoir tout et ne pas pouvoir décoller vite et bien, Alpha Condé le sait bien, pour l’avoir toujours dénoncé durant ses années d’opposant.

Au lendemain donc de sa victoire, Alpha Condé, maitrisant bien son sujet de la chose » Guinée », tente d’emblée de rassurer son peuple avec des discours qui venaient du cœur et de façon sincère, on pouvait entendre entre autres : » J’ai trouvé un pays, pas un État », il tentait à travers ce cri de cœur, de faire entendre à son peuple, tout le désordre et la situation dramatique dans lesquels il a trouvé les caisses publiques. Il y avait également :  »Développer la Guinée n’est pas un mérite, elle a tout, contrairement au Sénégal qui a un sous-sol peu riche », là, il expliquait, combien de fois, la Guinée a les chances de son côté pour un développement rapide à cause justement des nombreuses richesses de son sol et de son sous-sol. On peut citer aussi, cette autre phrase : »Le pays est dans un puits, attendez qu’on remonte à la surface », ici, le nouveau président voulait dire à son peuple, le niveau très élevé de systèmes mafieux et dans presque tous les secteurs clés, freinant ainsi, son développement, car, aucune décision de redressement ne pouvait prospérer avec ces groupes d’intérêts illégaux dont les affiliations sont partout à des degrés très élevés.

L’acmé de toutes ces bonnes volontés clairement affichées était le jour où, le Président Alpha Condé, exaspéré par le comportement de certains de ses plus proches collaborateurs dans la gestion du pays notamment le cas de l’EDG, lâchera une phrase qui remua tout le pays  »les cadres les plus malhonnêtes sont des cadres malinkés », il faut à ce niveau, rappeler qu’il (Alpha condé) a mis plus de fonds dans l’énergie que tous les autres chefs d’État réunis que le pays a connus depuis son indépendance jusqu’à lui, avec un peu plus de 3 milliards de dollars. La situation était confuse, car, jamais dans l’histoire du pays, un chef d’État en exercice ne s’est attaqué aussi farouchement aux cadres de son ethnie et de surcroit en fin de premier mandat. C’était le début d’un long feuilleton qui venait de s’ouvrir en Guinée.

Le pays était instable et Alpha Condé le savait, car, sa base électorale était fâchée, surtout avec le passage dans une radio privée à kankan d’un certain Ousmane Kaba (opposant) qui ne lui a fait aucun cadeau. C’était alors, le paroxysme de ce qu’on pouvait qualifier de malaise politique. Vite rejoint par ses paires de l’opposition, Ousmane Kaba avait désormais, deux autres ténors et pas les moindres à ces côtés pour faire regretter à Alpha Condé sa fameuse phrase à l’encontre des cadres malinkés, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré s’engouffrent ainsi à leur tour dans la brèche et dans la plaie baignante que venait d’ouvrir Alpha Condé, Président. Le politicien doit agir vite et bien, son pouvoir est désormais menacé réellement…

Aux lendemains de ses évènements, nous avons aperçu le politicien Alpha Condé au meilleur de sa forme et prêt à combattre ceux qu’il qualifie désormais d’ennemis jurés, cet épisode a donné naissance à l’autre fameuse phrase » Dans quelques années, vous n’entendrez plus parler de cette opposition » s’adressant ainsi à ses militants. Alpha Condé s’est alors attelé à atteindre son objectif qu’il venait de se fixer devant le peuple. L’opposant historique, comme on l’appelle, doit faire le tour à l’intérieur pour reconquérir le cœur de sa base électorale pour seule ambition, détruire au passage toute trace de ses adversaires politiques.

Le boulot ne sera pas facile, donc il faut déployer des gros moyens en argent et en hommes de terrain. À cet instant des hostilités, la gestion efficiente du pays pour son développement est classée et peut attendre loin dernière nous. À Conakry, la porte est grandement ouverte à l’entourage, aux hommes de main ainsi que les autres fossoyeurs de l’économie imprimés à des postes clés et régies financières qui connaissent bien ces moments de troubles au sommet de l’État. En fait, c’est leur période nourricière, la saignée financière sera vite aperçue par le chef, mais, très malheureusement, il ne peut agir, car, à ses trousses, il y a une opposition qui renifle l’odeur de la viande crue dont elle veut goûter à tout prix, la victoire semble très proche pour elle.

Alpha Condé est affaibli, certes, et, il le sait, la crise est de trois côtés : l’opposition, la base électorale et les cadres Malinkés encore aux affaires et très proches du palais. Dans la foulée, le locataire de Sékhoutoureya se voit obligé de faire sortir du palais présidentiel l’un de ses fidèles compagnons qu’il jeta au ministère de la Défense. En effet, par cet acte, le Chef voulait faire un forcing et de l’intimidation à son autre fois » homme de première ligne », lui-même cadre Malinké, mais, c’était mal connaitre ce dernier aussi, calme et serein, il passe sans laisser de traces. Les mouvements de contestations s’accentuent un peu partout, l’opposition semble être dans ses moments de grandeur et de gloire avec des marches, manifestations, ville-mortes etc.

Le temps passe, la guerre souterraine et celle en surface se passent de plus belle, les seules réalités que tous oublient sont le » développement » du pays et la « souffrance » des populations. D’un côté, on a un pouvoir qui se renferme de plus à plus, prêt à mater et tuer s’il le faut, car, tous les indicateurs de paix sont au rouge, de l’autre côté, une opposition qui veut en découdre avec le pouvoir quitte à lui pousser à commettre l’irréparable avec des pertes en vies humaines considérables, les marches et d’autres manifestations doivent alors s’accentuer. À cet instant précis, Alpha Condé, a deux choix, gérer le pays ou gérer son pouvoir, il choisira le deuxième avec le conseil des amis et certains proches collaborateurs.

Les jours se lèvent en Guinée, mais, rien ne semble aller, l’opposant historique s’est enfin réveillé dans son costume de politicien aguerri en quête de victoire par tous les moyens, il a une stratégie très complexe, mais, qui peut marcher, elle doit marcher d’ailleurs, car, le temps presse. La troupe (l’opposition) doit être divisée pour bien mener le combat, c’est la première ligne d’attaque d’Alpha Condé. Il connait bien ses adversaires en face, il les connait profondément pour les avoir étudiés dans le moindre détail. Le titre de chef de file de l’opposition voit le jour avec une batterie d’accompagnements et privilèges, Cellou commence à sentir le vent de sa force politique, Ousmane Gaoual revendique publiquement cette force et justifie l’octroi du budget au parti, le fossé commence à se creuser entre les acteurs de l’opposition et Sydia Touré ironise sur les attributs du nouvel homme fort institutionnalisé de l’opposition.

Plus les jours passent, plus Sydia Touré de l’UFR se voit bousculer, son partenaire direct est maintenant un officiel qui prend même part aux cérémonies officielles avec le titre de  »Chef de file de l’opposition », c’est une question de positionnement sur l’échiquier politique, il lui faut donc son tour dans la cour royale, Baïdy Haribo, l’un de ses fidèles lieutenants d’alors est envoyé en émissaire chez le stratège Alpha Condé qui en fait une bouchée, il prend le beurre et l’argent du beurre. L’émissaire ressortira avec deux bonnes propositions du palais, une pour lui et l’autre pour son mentor. Le poste de Haut Représentant du Chef de l’État est né et pour l’officialiser, un voyage présidentiel se fait sur Moscou la capitale Russe. La magie a opéré et les deux têtes d’affiche de l’opposition sont désormais des adversaires techniquement et tactiques au bénéfice exclusif d’Alpha Condé. D’ailleurs, Sydia Touré, annoncera qu’il ne se mettra plus sur le capot des véhicules pour manifester. Il propose à ses amis de l’opposition de changer de stratégie et de fusil d’épaule.

Neuf (9) années sont passées déjà, le pays a vécu au même rythme, une mouvance qui se réveille de son sommeil maladif et une opposition qui n’a fait que contredire, le peuple semble se lasser et la colère se lit sur les visages. Que faut-il faire à présent dans l’état de nervosité des populations??

C’est dans cette situation que vint finalement le pouvoir militaire (Une autre histoire)

À suivre…

Aboubacar Camara, Journaliste

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