[dropcap]T[/dropcap]rente six personnes ont été condamnées en Guinée dont 14 à un an de prison ferme pour « coups et blessures » contre une mission de lutte contre Ebola conduite par des responsables guinéens et Médecins sans frontières (MSF), a-t-on appris lundi de source judiciaire.
Sur 36 prévenus jugés depuis le 4 février pour notamment « coups et blessures », à Forécariah, 23 ont été condamnés vendredi et samedi à des peines de prison ferme dont 14 à un an et 9 à six mois, a affirmé à l’AFP Mamadou Lébéré Baldé, un juge dans cette ville située à 100 km au sud de Conakry.
Les treize autres prévenus ont été condamnés à des « peines assorties de sursis », a affirmé la même source ,jointe par l’AFP depuis Conakry, sans donner plus de détail.
Un total de 58 personnes avaient été arrêtées dans cette affaire dont 22 avaient ensuite été « libérées faute de preuve », a indiqué M. Baldé.
Ces personnes avaient été interpellées entre le 6 et le 8 janvier pour « coups et blessures volontaires, destruction d’édifices publiques et privés, injures publiques et menaces de rébellion », après s’être opposées à coups de cailloux, de bâtons et de machettes à une équipe conduite par des responsables guinéens et de MSF, faisant plusieurs blessés.
Cette équipe était en campagne de sensibilisation contre le viruS Ebola dans plusieurs villages de l’île de Kaback, au large de Forécariah.
Des trois pays les plus touchés (Guinée, Liberia, Sierra Leone), c’est en Guinée – d’où est partie l’épidémie fin 2013 – que les réactions à la lutte anti-Ebola sont les plus violentes.
En novembre 2014, le président guinéen Alpha Condé avait justifié le recours à la force pour enrayer l’épidémie contre des populations récalcitrantes, par déni du virus ou rejet de mesures sanitaires perçues comme autoritaires ou attentatoires à leurs coutumes.
Le 10 janvier, un policier et son chauffeur ont été tués et leurs corps brûlés à Dar es-Salam, dans la région de Forécariah, par des habitants qui les accusaient de propager le virus, après le décès soudain d’un villageois auquel ils avaient donné des calmants.
En septembre 2014, huit membres d’une équipe de campagne de sensibilisation avaient été tués par des habitants qui niaient la réalité du virus et criaient à un « complot des Blancs » dans la localité de Womey (sud-est).
AFP