Kindia : en raison de la pénurie d’essence, les agriculteurs risquent de perdre des centaines de millions
À Friguiagbé, les planteurs crient au secours de l’État pour approvisionner leurs champs d’ananas en eau. Le manque d’obtention d’essence dans les stations pour alimenter les cultures en eau à l’aide de moteurs à pompe a vachement impacté les maraîchers et planteurs de la localité.
Certains ont passé deux semaines sans pouvoir arroser leurs champs. Le refus de servir les bidons en essence serait la cause de l’échec de certaines plantations loin d’être en maturité. Plusieurs champs d’ananas et de gombo sont aujourd’hui frappés par des intempéries.
Dans une interview accordée à Conakry Infos ce mercredi, Soumah Alseny dit Niger, gros producteur d’ananas dans la région administrative de Kindia, explique le souci.
« Nous sommes à la merci de la crise. Car le ciel est subitement descendu sur nous sans avertir. C’est une catastrophe pour un planteur de rester pendant un mois sans une goutte d’eau pour arroser son champ de cultures. Nous pouvons l’exprimer ainsi. Alors, si les motards et véhicules sont servis en carburant et qu’ils abandonnent les planteurs, cela est mal réfléchi. Nos moteurs à pompe sont difficiles à mobiliser. Pour les alimenter en carburant, il faut qu’on achète de l’essence dans des bidons à la station et venir mettre dedans ! C’est ce qui joue sur nous. Pourquoi ça crie partout ! Parce qu’on ne peut pas travailler sans carburant. Alors qu’on nous rejette dans les stations. Voilà le gros problème qui nous assaille aujourd’hui. Tu ne verras aucun planteur ou maraîcher qui n’est pas en train de pleurer dû à la crise d’essence. Si le marché n’est pas servi en fruits et légumes, comment allons-nous vivre ? Nous demandons au gouvernement Goumou de nous aider. Si les planteurs ne sont pas aidés dans un pays, le marché sera à la merci de la flambée des prix des produits de première nécessité », a-t-il alerté.
La commune rurale de Friguiagbé, connue pour sa période de triangle bananier, cherche à relancer la production de bananes et d’ananas. Le manque à gagner de l’or noir a impacté les producteurs de la zone. Soumah N’fa Sory producteur d’ananas à Gbassagbé, raconte le calvaire des producteurs pendant cette période :
« C’est le problème du carburant qui est notre cri de cœur aujourd’hui. Il y a six hectares cultivés d’ananas là où nous sommes arrêtés. Mais on n’a pas de carburant pour arroser ça ! Nous remercions notre ministre Nagnalen Barry et le président de la transition, le colonel Mamady Doumbouya, qui nous a envoyé suffisamment d’engrais. Et on l’interpelle encore pour nous secourir. On pleure, parce qu’on ne gagne pas du carburant à la station. Et pourtant, c’est des millions qu’on a investis ici. Le Ministre de l’Agriculture et de l’Élevage doit trouver une solution pour les planteurs en général. Particulièrement ceux de Friguiagbé. Comme vous le voyez, nous sommes sur une plantation sèche. Elle n’a pas été arrosée. Il y a de cela près de trois semaines. Pendant qu’elle est cultivée d’ananas de type Baron de Guinée. Cette plantation est installée par des tuyaux. Mais il manque d’essence dans nos moteurs à pompe pour arroser nos plantations. Ça serait la plus grande perte jamais enregistrée à Kindia, si ça continue comme ça », a fait comprendre ce producteur
À Kindia, certaines stations sont gardées par des motards nuit et jour pour avoir du carburant. La crise d’essence a influencé toutes les activités maraîchères de la préfecture. Calme avec sa voix mélancolique, , Morlaye Camara membre du COPEF à ajouté.
« J’ai produit huit hectares d’ananas. Mais je suis durement impacté par la crise . Nous, les planteurs, supplions l’État de nous aider à avoir l’accessibilité de l’essence dans les bidons pour alimenter nos champs d’ananas. Nous utilisons les pompes à moteurs. Donc, si nous ne gagnons pas de l’essence pour arroser nos productions, nous risquerons de perdre des centaines de millions. Je dirais même que ça serait une catastrophe pour les planteurs et maraîchers de la région. On a interdit de servir les bidons. Alors comment pourront-ils travailler si on nous interdit les bidons dans les stations ? Ça fait deux semaines que je ne parviens pas à arroser tout mon champ. Actuellement, nous achetons un litre à 60 000 dans le marché parallèle pour se débrouiller avec. On ne peut pas évoluer dans ça ! Les planteurs souffrent. Je plaide auprès des autorités à tous les niveaux pour qu’elles aident les planteurs à avoir du carburant. Même si c’est des tickets qu’on va nous livrer pour se distinguer des autres. Car ce n’est pas tout le monde qui utilise le véhicule. Nos véhicules sont des moteurs à pompe qui sont installés dans les brousses. Nous avons investi des millions en espérant avoir quelque chose. Donc, nous ne pouvons pas rester sans avertir le gouvernement de nos préoccupations », a-t-il expliqué.
Selon des économistes, l’incendie survenu à Kaloum aura d’importantes répercussions sur la situation financière de l’État guinéen. Cette tragédie se traduira par une réduction significative des recettes, en particulier en raison du ralentissement des secteurs critiques, notamment les transports et l’énergie.
Kindia, Rachid Camara pour Conakry Infos.