Conakry : Les vendeuses de pastèques se plaignent des conditions de conservation de leurs marchandises
Depuis un certain temps, les marchés et grands carrefours de Conakry sont remplis de pastèques, malgré l’abondance de ce fruit sur le marché guinéen, les prix ne baissent pas. Ce qui ne devrait pas être le cas si on respecte la loi sur l’offre et la demande qui dit : » lorsque la demande est supérieure à l’offre, le prix monte et lorsque l’offre est supérieure à la demande, le prix baisse « .
Pour Fatoumata Touré, vendeuse de pastèque au marché de Kénien, rencontrée par Conakry Infos, cet état de fait s’explique par les difficultés auxquelles elles sont confrontées.
« Les difficultés que nous avons dans ce commerce de pastèque sont énormes. L’engrais qu’on utilise également coûte très cher, avant on achetait le sac à 70 mille GNF, mais actuellement le sac coûte entre 300 mille, 400 mille jusqu’à 500 mille GNF voire même 600 mille GNF. En plus, un sac d’engrais qui peut coûter 500 mille GNF ne peut pas suffire à lui seul pour cultiver, certains d’entre nous utilisent 20 sacs, d’autres vont jusqu’à 30 sacs et plus, donc si tu utilises toute cette quantité d’engrais et ce que tu payes comme frais de transport, plus de 4 millions. En ce moment, tu ne peux pas vendre moins cher ? Il te faut vendre un peu plus cher sinon tu risques de ne pas avoir ce que tu as dépensé », a-t-elle déploré.
D’autres difficultés liées ont été aussi dénoncées par Fatoumata Touré, notamment sur le prix exorbitant du transport de l’intérieur du pays pour Conakry.
« Nos difficultés se trouvent également au niveau du transport. Des champs où nous prenons ces produits jusqu’ici, le transport est énorme, et ça varie selon les localités dans lesquelles vous avez votre champ. Si vous devez venir de Maferenya, c’est 800 mille GNF à 1 million de franc guinéen. Et si c’est Kindia, certains chauffeurs vous font payer 5 millions, d’autres 4 millions comme frais de transport », a expliqué cette vendeuse.
Par ailleurs, ces femmes ont aussi déploré l’absence d’un cadre idéal pour pouvoir écouler leur marchandise sur le marché.
« Là où on vendait ces pastèques au niveau de l’aéroport, on nous a chassés de cet endroit, nous n’avons plus où vendre en ce moment. Ici, ce n’est pas un endroit propice pour vendre les fruits, nous sommes ici dans un couloir où les clients ne viennent presque pas. Seules la personne qui t’aime et celle qui se rappelle de toi viennent te chercher ici pour acheter. Nous n’avons pas de place, nous demandons aux autorités de nous aider à avoir un endroit pour écouler notre marchandise. Nous avons l’aviation, nous n’avons plus où vendre nos pastèques », a ajouté Bintou Soumah, une autre vendeuse.
Parallèlement à ces nombreuses difficultés, une autre problématique a été énoncée par les femmes. Celle liée au manque de lieux de conservation et de manque de chambres froides.
« C’est en Guinée ici qu’on ne connaît pas l’importance des fruits, ailleurs, il y a un endroit bien aménagé pour la conservation afin qu’ils ne pourrissent pas vite et des marchés spécialement conçus pour ces fruits, c’est ce qui manque en Guinée, qu’on nous aide à avoir tout cela. Nous, nous cultivons et nous vendons » a interpellé Fatoumata Touré.
La culture de la pastèque est récente en Guinée et remonte aux années 70. Cette culture est généralement localisée dans les zones périurbaines et urbaines de la Basse Guinée et de la Haute Guinée. Elle est cultivée principalement pour le marché local et national. Les régions les plus favorables sont situées en Basse Guinée (Kindia, Coyah, Forécariah, etc.) et en Haute Guinée (axe Dabola-Bissikirima-Kouroussa et à Siguiri).
Ibrahima Sory Soumah et Madinatou Diallo