Au procès du massacre du 28 septembre 2009 qui se déroule au tribunal criminel de Dixinn, le capitaine Marcel Guilavogui a fait lundi des déclarations fracassantes en affirmant que le capitaine Moussa Dadis Camara était le commandant du régiment qui a planifié le massacre au grand stade de Conakry, dans la commune de Dixinn.
Marcel Guilavogui, lui-même accusé de participation à ce massacre ayant entraîné la mort de plus de 150 personnes selon un rapport de l’ONU, a pointé du doigt Dadis Camara et sa garde parallèle dans ces événements tragiques.
À la barre, Marcel Guilavogui a déclaré : « Je connais Dadis et son plan machiavélique. C’est grâce à mon plan qu’il est parvenu au pouvoir. Le temps du populisme est révolu. Le président Dadis m’a trahi. De nombreux Guinéens ont perdu la vie sous votre direction. Le pouvoir n’est pas un jeu. Ce sont les services de renseignement qui donnent le pouvoir. En ce qui concerne les événements du 28 septembre 2009, la responsabilité incombe au président Moussa Dadis Camara. Il est impliqué dès le début, au milieu et jusqu’à la fin de tout ce qui s’est passé ce jour-là. Je ne m’attendais pas à cette attitude de votre part envers votre peuple. Assumez les conséquences de ce que vous avez planifié. »
Marcel Guilavogui a ajouté : « Je pensais que le président Dadis allait avoir le courage d’assumer la responsabilité de ce qu’il avait planifié avec sa garde parallèle. C’est pourquoi, seul, j’ai pris la décision d’écrire ce que j’ai vu et vécu. »
A la barre, Marcel Guilavogui a lancé un appel à Dadis Camara pour l’aider à se disculper dans ce procès.
« Dadis, sortez-moi d’ici. Mes enfants ont grandi sans moi. Je suis détenu depuis 14 ans, tandis que vous étiez à Ouagadougou avec votre famille. Faites-en sorte que je quitte cet endroit. Soyez un véritable militaire. Dites la vérité et assumez vos responsabilités. Dadis doit également plaider en faveur des victimes, nos mères, nos sœurs, nos cousins et cousines (…). », a-t-il lancé à l’ex président du CNDD.
Ces déclarations-chocs de Marcel Guilavogui ont créé une atmosphère électrique dans la salle d’audience et suscitent un grand intérêt de la part du public guinéen. Elles soulèvent des questions cruciales sur la responsabilité dans ce massacre et sur la vérité qui doit être établie pour rendre justice aux victimes.
Le tribunal devra prendre en compte ces nouvelles révélations dans ses délibérations et faire toute la lumière sur les événements tragiques du 28 septembre 2009 qui a fait au moins 156 morts selon un rapport de l’ONU.
Mohamed Sylla