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Sénégal : Le procès pour viols contre Ousmane Sonko renvoyé dans un contexte de troubles

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Le procès pour viols contre l’opposant et candidat déclaré à la présidentielle de 2024, a été renvoyé au 23 mai, dans un contexte de troubles à travers le pays.

Le Sénégal retient son souffle. L’opposant et candidat à la présidentielle prévue en février 2024 Ousmane Sonko risque gros au procès pour viols audiencé contre lui mardi 23 mai prochain, y compris s’il s’en tient à sa décision d’ignorer la convocation des juges, complices selon lui d’un complot du pouvoir pour l’éliminer de la future élection. En effet, le président du parti Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) a déjà averti le 7 mai qu’il ne comptait plus « collaborer avec la justice », « sans un minimum de garantie pour sa sécurité ».

Février 2021, l’affaire éclate

Les enjeux sont de taille, car, d’après la procédure, Ousmane Sonko devrait se présenter au greffe de la chambre criminelle de Dakar ce lundi 15 mai. Dans le cas contraire, il s’expose à être présenté de force devant la cour ou, selon une seconde option, être jugé par contumace. Mais surtout, cette figure montante de la scène politique sénégalaise risque jusqu’à dix années d’emprisonnement.

Accusé de viols et menaces de mort par Adji Sarr, une ex-employée d’un salon de massage, âgée d’une vingtaine d’années, depuis plus de deux ans, Ousmane Sonko dénonce un « complot ».

Mais cette affaire avait contribué à des émeutes meurtrières dans le pays en mars 2021.

Ce procès s’annonce donc comme le point d’orgue d’un feuilleton qui, aux confins de la politique et des mœurs, tient en haleine et agite le Sénégal depuis deux ans. Il pourrait compromettre davantage le projet présidentiel d’un personnage populaire chez les jeunes, et clivant.

  1. Sonko a déclaré qu’il ne collaborerait plus avec la justice. Il s’expose à être présenté de force devant la cour s’il refuse de comparaître.

Un électrochoc au pays de la Teranga

La révélation, début 2021, des accusations contre M. Sonko a causé un électrochoc. La plainte visait le troisième de la présidentielle de 2019, un ancien haut fonctionnaire radié pour avoir dénoncé les pratiques du système en place, un homme au langage impétueux mais policé et imprégné de références religieuses et traditionnelles.

La plainte d’Adji Sarr a passagèrement mis la question du viol sur une place publique où elle est volontiers passée sous silence. Adji Sarr a été attaquée et menacée sur les réseaux sociaux. Mais elle a toujours réclamé justice. « Si Ousmane Sonko n’a jamais couché avec moi, qu’il le jure sur le Coran », défiait-elle en mars 2021.

Ousmane Sonko, aujourd’hui, âgé de 48 ans, et désormais maire de Ziguinchor (Sud), a reconnu être allé se faire masser pendant le couvre-feu pour apaiser des douleurs de dos chroniques. Mais il a demandé « à un prêcheur si (sa) religion (l)’autorisait à être massé par des femmes qui ne sont pas (ses) épouses ». Il s’est assuré qu’il y avait toujours au moins deux masseuses dans la salle, a-t-il dit.

Son interpellation en mars 2021 sur le chemin du tribunal a déclenché plusieurs jours d’émeutes qui ont fait au moins une douzaine de morts. Ses rendez-vous avec la justice ont régulièrement donné lieu à des incidents ou mis Dakar sous tension. Ses adversaires le décrivent comme un agitateur fomentant un projet « insurrectionnel ».

Un procès aux enjeux cruciaux

Les ennuis judiciaires de Sonko ne s’arrêtent pas à cette seule affaire. Il vient d’être condamné en appel à six mois de prison avec sursis pour diffamation à la suite d’une autre plainte, celle d’un ministre. Si elle est maintenue, cette peine est largement perçue comme entraînant la déchéance de ses droits électoraux. Du « banditisme judiciaire », se récrie-t-il. Il ne se présentera « plus devant cette justice pour répondre à quoi que ce soit ».

Sera-t-il au tribunal ? La question est sur toutes les lèvres, et ses avocats entretiennent le suspense en gardant le silence.

Le ministre de la Communication, Moussa Bocar Thiam, avocat, soulignait la semaine passée que « l’État n’est mêlé en rien » à des dossiers à caractère privé. Cependant, a-t-il prévenu, l’affaire de mardi est criminelle et si Ousmane Sonko ne se présente pas, il pourra être jugé par contumace, ou la chambre peut « le faire comparaître par la force publique ». Une comparution de force pourrait causer de nouveaux remous. Une condamnation par contumace pourrait signifier la déchéance des droits électoraux.

Elimane Haby Ndao, président de Legs-Africa, association panafricaine à orientation scientifique et politique, s’interroge sur la faculté de Ousmane Sonko à s’en tirer grâce à la rue. « L’État du Sénégal a tiré les leçons de mars 2021 et (revu) sa tactique d’endiguement », et le parti de Sonko a été éprouvé par des centaines d’arrestations, dit-il. Il souligne « la lassitude des citoyens, éreintés par l’ambiance toxique et les menaces récurrentes sur leur quiétude ».

D’autres pensent que le sort de Sonko n’est pas scellé, même en cas de condamnation. Ils invoquent sa popularité chez les moins de 20 ans qui représentent la moitié de la population, sa pugnacité, l’hostilité répandue à un éventuel troisième mandat du sortant Macky Sall et les surprises à attendre des prochains mois.

« C’est un moment difficile » pour M. Sonko, dit Maurice Dione, professeur de sciences politiques à Saint-Louis (nord). Il reconnaît que le président Macky Sall, avec différentes initiatives, a enfoncé un coin dans le front de l’opposition, peut-être avec le dessein de « périphériser » Sonko.

Le président, élu en 2012, réélu en 2019, entretient le flou sur son intention de se représenter et de passer outre aux objections constitutionnelles des adversaires d’un troisième mandat. « Tous les actes qu’il pose donnent à penser qu’il s’achemine vers une troisième candidature, illégale », dit à l’AFP, cet expert. Elle « risque de fédérer toute l’opposition contre lui et donc (sa) stratégie de division risque de se retourner contre lui ».

Avec Le Point

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