[dropcap]L[/dropcap]e président kényan, Uhuru Kenyatta, a indiqué lundi qu’il déferera à la convocation de la Cour pénale internationale (CPI). Durant son séjour à La Haye, ses pouvoirs seront délégués à son vice-président, William Ruto.
C’est une première dans l’histoire de la Cour pénale internationale : un chef d’État en exercice comparaîtra le 8 octobre à La Haye. Son nom : Uhuru Kenyatta. Le président kényan a annoncé, le 6 octobre, qu’il se rendrait à la convocation de la CPI, pour une audience sur un éventuel nouveau report de son procès pour crimes contre l’humanité.
« J’assisterai à titre personnel à l’audience sur un éventuel report du procès, convoquée mercredi par la CPI à La Haye », a-t-il déclaré devant les parlementaires des deux Chambres à Nairobi.
« Pour protéger la souveraineté de la République kényane, je (…) vais rapidement publier le décret nécessaire pour nommer le vice-président William Ruto en tant que président en exercice pendant que je participe aux audiences à La Haye, aux Pays-Bas », a-t-il poursuivi, évoquant une décision extraordinaire et sans précédent, prévue par la Constitution.
« Rien dans mes fonctions ne justifie ma présence devant la CPI »
Il ne sera pas dit que j’assisterai à la Conférence de mise en état en tant que président du Kenya, a assuré le président Kenyatta aux parlementaires, rien dans mes fonctions ou mes devoirs de président ne justifie ma présence au tribunal.
Uhuru Kenyatta, 52 ans, inculpé de crimes contre l’humanité par la CPI pour sa responsabilité présumée dans les violences post-électorales qui avaient ensanglanté le Kenya fin 2007 et début 2008, n’a comparu qu’une fois devant la CPI, avant son élection à la magistrature suprême en mars 2013. Mais il ne s’est jamais rendu à La Haye depuis son accession à la présidence kényane.
Son procès a été reporté à plusieurs reprises notamment en raison de la rétractation de témoins. Le procès de William Ruto, lui aussi accusé de crimes contre l’humanité dans le cadre de ces violences, s’est lui ouvert le 10 septembre 2013.
La CPI n’a jamais délivré de mandat d’arrêt à l’encontre de MM. Kenyatta et Ruto et les deux hommes comparaissent libres. La CPI avait néanmoins exigé la présence physique de M. Kenyatta à l’audience de mercredi, qualifiée de stade crucial de la procédure.
La menace d’un procès s’est considérablement éloignée pour Uhuru Kenyatta depuis que l’accusation a demandé un report sine die de l’ouverture dudit procès, faute de preuves suffisantes. Le procureur Fatou Bensouda a dénoncé le manque de coopération de Nairobi.
En réponse à cette requête la défense a réclamé l’abandon des poursuites.
Ces deux requêtes, ainsi que la coopération de l’Etat kényan avec la Cour seront évoquées lors de deux audiences les 7 et 8 octobre.
(Avec AFP)