[dropcap]E[/dropcap]n Guinée, les malades ne viennent plus se faire soigner dans les principaux hôpitaux de Conakry, stigmatisés par le virus Ebola dont l’un des centres d’isolement de MSF est installé dans les locaux de Donka, le principal hôpital de Conakry.
Depuis l’installation du centre d’isolement par Médecins sans frontières dans les locaux de l’hôpital Donka, le principal centre hospitalier de Conakry, l’ambiance qui y règne a bien changé. Les proches des malades autres qu’Ebola préfèrent s’orienter désormais vers les cliniques privées, au grand dam du personnel soignant des principaux CHU de Conakry. « Le lundi, on pouvait avoir une trentaine de malades. Or, lundi dernier par exemple, on n’a pas eu une seule consultation », rapporte ainsi une membre du personnel hospitalier.
On ne meurt pas que d’Ebola en Guinée. « Le nombre de malades décédés de crise cardiaque aujourd’hui dépasse le nombre de malades morts par Ebola », rappelle une infirmière. Pour elle, si les patients fuient Donka, cela est dû à une désinformation, à des rumeurs répandues dans les quartiers.
Mission de la Croix-Rouge
C’est dans ce contexte que le professeur François Bricaire, infectiologue et président de la commission des opérations internationales de la Croix-Rouge française, se rend ce vendredi à Conakry pour une mission de plusieurs jours. Sur place, l’un de ses objectifs sera de former le personnel soignant et lui redonner confiance :
« Je pense que la compréhension du phénomène infectieux, comme toujours, est importante. C’est-à-dire comment ça se transmet et comment réagir. Quand des gens arrivent avec des scaphandres, ça crée la panique. On peut raisonnablement se poser la question de savoir si c’est une nécessité absolue d’avoir ça. Il suffit d’avoir des gants de protection, de se protéger de façon assez simple avec une casaque, éventuellement un masque, pour que le virus ne passe pas. Ce sont des choses comme ça qu’il faut expliquer. Il faut se donner des moyens pour que la lutte devienne raisonnable et donc efficace. »
En Guinée, le professeur Bricaire compte également alerter les autorités quant à la nécessité d’éloigner les malades de la ville. « Ce ne sera pas simple, mais cela permettra de stopper le phénomène de contagion, de rendre la confiance dans la population – c’est un élément extrêmement important – et, d’un point de vue économique, de faire en sorte que Conakry se remette en situation de fonctionnement correct », analyse-t-il.
Xinhua