Matam : Cohabitation difficile entre l’usine SIPACO utilisant des produits toxiques et les populations riveraines
Malgré de multiples efforts déployés par le ministère de l’industrie et des PME pour offrir aux industriels des sites appropriés dans les zones industrielles, certains industriels continuent à maintenir leurs unités industrielles dans les quartiers d’habitation de la capitale guinéenne. Une situation qui expose les riverains de ces unités industrielles à de grands risques de pollution de toutes sortes.
C’est le cas de la société SIPACO SARL dont le Directeur général, Issa Gandhour qui, nonobstant la disponibilité des zones industrielles à Coyah et à Dubreka, refuse catégoriquement de transférer son usine de matelas vers un site approprié.
L’existence de cette usine de matelas, située au rez-de-chaussée du célèbre immeuble Sankoumbaya, dans la commune de Matam, passe inaperçue aux yeux des passants et des visiteurs, car aucune plaque ni enseigne d’indication n’indique l’existence d’une unité industrielle.
Pourtant, il existe bel et bien dans cet immeuble une grande unité industrielle employant environ une quarantaine de travailleurs dont les conditions de travail laissent à désirer avec l’utilisation des produits chimiques et toxiques qu’ils manipulent à longueur de journée.
Aujourd’hui, consciente de la gravité de la cohabitation de son usine de matelas avec les populations riveraines, la société SIPACO SARL continue d’exercer ses activités au rez-de-chaussée de cet immeuble qui date de plus de 50 ans.
Outre cette cohabitation difficile avec les populations de Matam Sankoumbaya, l’usine SIPACO est également accusée de mal traiter ses employés. A cela s’ajoute des fraudes fiscales dont elle serait coupable vis-à-vis de la direction nationale des impôts.
Mauvaises conditions de travail
De sources concordantes, la quarantaine d’employés de la société SIPACO travaille dans des conditions déplorables avec des risques de pollution auxquels les travailleurs sont exposés.
« Nous travaillons à SIPACO depuis des années, mais aucun employé n’a aucun contrat écrit avec la direction. Mieux, aucun employé n’est enregistré à la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) », explique un travailleur requérant l’anonymat.
« La direction nous a dotés de matériels de protection, mais vu la teneur de toxicité des produits chimiques qu’on utilise, certains d’entre nous souffrent des maladies pulmonaires. En dépit de ces matériels de protection, les conditions d’hygiène de l’usine laissent aussi à désirer (…). Récemment, un expert indien que le DG a fait venir est tombé malade ici. Après une brève admission à la clinique Ambroise Pare, il a renvoyé l’Indien en chez lui sans aucun règlement. Ce rapatriement même a été rendu facile grâce à l’implication de l’ambassade d’Inde en Guinée. Franchement, la direction doit améliorer nos conditions de travail dans cette usine qui fait des recettes énormes. », a-t-il dénoncé.
Selon un autre travailleur de la société, l’usine produit par jour 300 matelas dont le prix unitaire varie entre 500 000 à 3 millions de francs guinéens, soit une recette journalière de 150 millions de francs guinéens.
Toutes nos tentatives d’entrer en contact avec la direction de SIPACO pour vérifier ces informations ont été vaines.
Malgré la croissance de sa production, l’usine SIPACO, créée en 1988, refuse catégoriquement d’améliorer les conditions de travail de ses employés, ainsi que la délocalisation de son unité industrielle vers une zone industrielle, afin d’éviter d’exposer les riverains à des maladies pulmonaires.
Après ces accusations contre la direction de la société SIPACO, les yeux sont désormais rivés sur les services compétents du ministère de l’industrie et des PME pour rétablir les travailleurs dans leurs droits et penser à une délocalisation de cette unité industrielle utilisant des produits très toxiques pour fabriquer des matelas.
Facély Diawara
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