[dropcap]C[/dropcap]ette région, située dans le nord-est du pays, est ensanglantée depuis plus de deux ans par des massacres.
Vingt-deux civils ont été tués à l’arme blanche, samedi 24 et dimanche 25 décembre, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), ont annoncé dimanche des sources concordantes.
Le drame s’est produit à Eringeti et dans ses environs, dans le territoire de Beni, dans le Nord-Kivu. Cette région, située dans le nord-est de la RDC, est ensanglantée depuis plus de deux ans par une vague de massacres ayant fait plus de 700 morts, selon Amisi Kalonda, porte-parole militaire et militant associatif.
M. Kalonda a imputé l’attaque aux Forces démocratiques alliées (ADF – Allied Democratic Forces), rébellion ougandaise musulmane installée dans la région depuis plus de vingt ans et accusée par les autorités congolaises d’être responsables des tueries en série dans la région. Un porte-parole des Forces armées de la République démocratique du Congo a confirmé l’attaque et déclaré que l’armée avait « tué quatre rebelles ADF ». « Le bilan est très lourd pour les civils », a ajouté l’officier sans préciser le nombre de victimes.
« Le mode opératoire » toujours identique
« Hier [samedi], ils ont tué dix civils » à Eringeti, a déclaré M. Kalonda. « Douze autres corps ont été retrouvés [dimanche] dans des villages environnants » par l’armée qui poursuivait les assaillants, a-t-il ajouté.
Teddy Kataliki, président de la Société civile du territoire de Beni, un groupement d’associations locales, confirme que « dix corps ont été retrouvés » samedi et « douze autres corps de civils » dimanche, estimant pour sa part qu’il s’agissait d’un bilan encore provisoire.
Selon un prêtre du diocèse catholique de Beni-Butembo, l’attaque a fait « 27 morts » parmi la population, et a créé la panique, poussant des habitants à fuir. « Le bilan macabre est en train d’évoluer […] au fur et à mesure qu’on découvre des corps dans la forêt » aux abords de la ville, a-t-il dit.
Selon M. Kalonda, l’attaque a commencé en début d’après-midi samedi contre la ville d’Eringeti, déjà frappée par plusieurs massacres similaires. « Le mode opératoire est toujours le même », a-t-il précisé, les victimes ont été tuées « à l’arme blanche et à la machette ».
Une violence aux rouages complexes
Plus de deux ans après les premiers massacres, le gouvernement congolais et les casques bleus de la Mission de l’ONU au Congo (Monusco), présents en nombre dans la région, se révèlent toujours incapables de protéger la population locale et d’identifier les auteurs de ces crimes, régulièrement présentés comme de « présumés ADF ».
L’est de la RDC, et tout particulièrement le Nord-Kivu, est déchiré depuis plus de vingt ans par des conflits armés. Plusieurs chercheurs et des militants associatifs locaux dépeignent, eux, une violence aux rouages complexes dont seraient responsables, outre des rebelles ADF, des soldats de l’armée régulière et des combattants d’autres milices locales, sur fond de trafics mafieux, de différends ethniques et de conflits fonciers.
Avec AFP