Le report du concert très attendu de l’artiste guinéen Azaya, initialement prévu le 3 mai 2025 à Montréal (Canada) dans le cadre du 15? anniversaire du Festival Festiraam, a causé une onde de choc dans le milieu culturel.
Selon les organisateurs, le report de dernière minute a entraîné des pertes estimées à 93 000 dollars canadiens.
Un coup dur pour Tidiane Soumah, PDG de Tidiane World Music, qui venait à peine de relancer ses activités après six années d’inactivité. Loin de cacher sa déception, il lance un appel solennel à la responsabilité des artistes guinéens.
« Je considère ce report comme un acte très regrettable. Être promoteur de la musique guinéenne à l’étranger, sans aucun soutien de l’État ni de sponsors locaux, c’est prendre des risques énormes », a-t-il déclaré avec amertume dans un entretien téléphonique avec Conakry Infos.
Ce report est intervenu dans un climat de tempête médiatique, provoqué par les accusations de violences conjugales portées contre Azaya par son ex-épouse, la chanteuse Djelykaba Bintou.
Le scandale, largement relayé sur les réseaux sociaux, a poussé les organisateurs à suspendre l’événement afin de préserver la sérénité du festival et éviter toute escalade.
Pour Tidiane Soumah, cette affaire est symptomatique d’un mal plus profond qui mine le show-business guinéen : l’interférence constante entre vie privée et vie publique.
« Les artistes guinéens doivent comprendre qu’ils font partie d’une industrie qui exige stabilité et professionnalisme. Chaque scandale personnel a des répercussions sur l’ensemble de la filière culturelle (…) », a-t-il précisé.
Selon ses estimations, Tidiane World Music a perdu 36 000 dollars canadiens rien que pour la réservation de deux salles, sans compter les frais techniques et les budgets de sécurité déjà débloqués.
Face à ce gâchis, il plaide pour une meilleure éthique professionnelle et une séparation nette entre vie intime et carrière artistique :
« Les couples d’artistes sont devenus les ennemis du show-business en Guinée », a-t-il martelé, fustigeant les conflits exposés publiquement et les règlements de comptes sur les réseaux sociaux.
« Je demande aux artistes de régler leurs différends loin des projecteurs, à l’amiable ou devant les tribunaux. Pas sur les réseaux sociaux. La musique guinéenne mérite mieux », conclut-il.
Dans un paysage culturel déjà fragilisé par le manque de structures et de financements, ces querelles sentimentales exposées comme des feuilletons nuisent à toute une industrie qui peine à se professionnaliser.
Boua King