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Fermeture des médias : que sont devenus les chroniqueurs des « Grandes Gueules » d’Espace FM ?

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La fermeture brutale des fréquences de la radio et de la télévision Espace, appartenant au groupe Hadafo Médias, a constitué un tournant décisif pour de nombreux journalistes et animateurs.

Depuis cette décision, prise par les autorités en 2023, une grande partie du personnel s’est retrouvée au chômage, obligeant chacun à se réinventer dans d’autres sphères professionnelles.

C’est notamment le cas des chroniqueurs de la célèbre émission « Les Grandes Gueules », dont la fermeture a dispersé ce bloc autrefois solide et incontournable dans l’espace médiatique guinéen.

Une reconversion forcée

Les anciens chroniqueurs des ‘’Grandes Gueules’’, autrefois figures emblématiques du paysage médiatique guinéen, ont emprunté des chemins divers et variés.

Moussa Moïse Sylla, ancienne voix emblématique de l’émission, a rejoint très tôt les autorités de la transition, d’abord comme directeur de la communication et de l’information de la Présidence, bien avant la fermeture d’Espace FM et Espace TV.

Actuellement, il occupe le poste de ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Hôtellerie.

Mafoudia Bangoura, quant à elle, a pris en charge la communication de Guinea Alumina Corporation (GAC) en février 2023.

Antoine Kourouma a, lui aussi, intégré la diplomatie peu avant la fermeture des médias du groupe Hadafo. Il est désormais conseiller en communication de l’ambassade de Guinée auprès du BENELUX.

Ceux dont le destin a basculé après la fermeture

Mohamed Mara a rejoint Médecins Sans Frontières comme conseiller en communication du chef de mission en Guinée.

De son côté, Tamba Zackarie Millimouno s’est reconverti dans le secteur des assurances, intégrant la société Lanala Assurances, fondée par l’ancien Premier ministre Bernard Goumou.

Jacques Lewa Leno, qui était directeur général d’Espace TV jusqu’au jour de la fermeture, est aujourd’hui officier chargé de la communication pour le développement et la sensibilisation au sein de l’agence belge ENABEL. Robert Sarah Koulémou, alias Robby, a rejoint la cellule de communication du ministère des Postes, Télécommunications et de l’Économie numérique

Rester dans le paysage médiatique

Certains ont choisi de rester dans le domaine des médias. C’est le cas de Daouda Mohamed Camara, qui a fondé Sursaut Guinée, un site d’informations générales qui tente de poursuivre le combat pour une presse libre et indépendante.

Macka Traoré, ancien directeur des ressources humaines du groupe Hadafo Médias, est devenu directeur général adjoint des Industries culturelles et créatives au ministère de la Culture.

Enfin, Boubacar Diallo, alias Bouba Dial, ancien journaliste et animateur culturel au sein du groupe Hadafo, a été promu au poste de directeur général adjoint de l’Agence guinéenne de spectacles (AGS).

Un avenir incertain pour certains

Pour d’autres, l’avenir reste plus incertain. Mamoudou Babila Keita, autrefois voix percutante et investigateur attitré du groupe Hadafo, vit aujourd’hui en exil dans un pays tenu secret. Ahmed Camara s’est installé aux États-Unis depuis plusieurs années. Moussa Yéro Bah, connue pour son engagement en faveur des droits des femmes, poursuit son action à travers son ONG basée à Conakry.

Quant aux centaines de journalistes-reporters, animateurs, cameramen, techniciens et autres employés directs et indirects du groupe travaillant à Conakry dans les antennes à l’intérieur du pays, ils sont désormais dans l’incertitude, cherchant à redéfinir leur place dans un monde médiatique bouleversé.

Une page tournée, mais des questions en suspens

Si certains ont trouvé une stabilité professionnelle, d’autres tentent encore de se repositionner. Le patron du groupe Hadafo Médias, Lamine Guirassy, continue de faire la navette entre la Guinée et l’Europe.

Malgré tout, il garde une influence sur le paysage médiatique à travers Kalac TV, l’autre chaîne culturelle du groupe, qui continue d’émettre.

Contacté par Conakry Infos, Lamine Guirassy n’a pas souhaité commenter la fermeture de ses médias par les autorités de la transition.

La fermeture d’Espace FM et TV, perçue comme une atteinte à la liberté de la presse, laisse un vide profond dans le paysage médiatique guinéen. L’émission Les Grandes Gueules, qui a marqué des générations par son franc-parler et ses débats engagés, a perdu sa tribune.

Une question demeure : la Guinée pourra-t-elle retrouver un espace médiatique aussi influent, capable de porter la voix des sans-voix et de challenger le pouvoir ?

En attendant, les anciens chroniqueurs des « Grandes Gueules » poursuivent leurs chemins, témoins d’une époque où la parole libre résonnait encore sur les ondes guinéennes.

Boua King Kouyaté

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