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Santé: La super-bactérie qui résiste aux antibiotiques détectée aux Etats-Unis

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antibiotiques[dropcap]U[/dropcap]ne super-bactérie résistant à tous les antibiotiques a pour la première fois été détectée aux Etats-Unis, chez une femme de 49 ans. Une découverte qui fait craindre une alarmante perte d’efficacité des antibiotiques qui rendrait très dangereuses des infections aujourd’hui bénignes.

L’identification chez une femme d’une super-bactérie résistant aux antimicrobiens, pour la première fois aux Etats-Unis, renforce les inquiétudes concernant la perte d’efficacité des antibiotiques, a jugé jeudi un haut responsable sanitaire américain.

Selon une étude publiée ce même jour dans la revue médicale Antimicrobial Agents and Chemotherapy, une femme de 49 ans souffre d’une infection urinaire provoquée par une souche mutante de la bactérie E. Coli qui résiste à tous les antibiotiques, y compris celui considéré comme la dernière ligne de défense appelé Colistine.

    « C’est un antibiotique ancien mais le seul encore efficace contre cette bactérie cauchemardesque » qui appartient à la famille des carbapenem-resistant Enterobacteriaceae (CRE), a expliqué le Dr Thomas Frieden, directeur des Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC).

Cette bactérie super-résistante appelée mcr-1, récemment découverte, a déjà été trouvée en Europe et en Chine chez des humains et des animaux. La détection de ce redoutable agent pathogène pour la première fois aux Etats-Unis « est un signe avant-coureur de l’émergence d’une bactérie résistante à tous les antibiotiques », écrivent les auteurs de l’étude. Avec un taux de mortalité pouvant aller jusqu’à 50%, elle est considérée par les CDC comme l’une des plus grandes menaces de santé publique.

« Nous risquons de revenir à un monde pré-antibiotique »

 Pour le Dr Frieden, qui intervenait devant le Club de la Presse à Washington, « nous risquons de revenir à un monde pré-antibiotique ».

« Nous devons faire de très gros efforts pour protéger l’efficacité des antibiotiques pour notre génération et celle de nos enfants », a-t-il ajouté, lançant un appel au développement de nouvelles classes d’antibiotiques et à des mesures pour sensibiliser à un meilleur usage de ces médicaments largement sur-prescrits par des médecins.

La Colistine est commercialisée depuis 1959 pour traiter des infections provoquées par des bactéries E. coli, la salmonelle et des acétobacters responsables de la pneumonie et de graves infections du sang. Elle avait été abandonnée pour traiter les humains dans les années 1980 en raison de sa forte toxicité pour les reins mais a continué à être largement utilisée pour le bétail, surtout en Chine.

Jusqu’à 30% des antibiotiques oraux prescrits en consultation par des médecins aux Etats-Unis sont inappropriés, selon une récente étude publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA). Ce mauvais usage des antibiotiques est la principale cause du développement de la résistance microbienne qui touche deux millions de personnes aux Etats-Unis et fait 23.000 morts par an.

Eviter un retour « au Moyen Age »

La résistance aux antibiotiques, également appelée l’antibiorésistance, survient lorsqu’une bactérie évolue et devient résistante aux antibiotiques utilisés pour traiter les infections. Elle pourrait rendre très dangereuses des infections aujourd’hui bénignes.

Publié jeudi dernier, le rapport final d’une grande étude britannique estimait que dix millions de personnes supplémentaires par an, soit une toutes les trois secondes, pourraient décéder à cause de la résistance aux antibiotiques à l’horizon 2050. Chargé par le gouvernement britannique de ce rapport sur la résistance des antimicrobiens, l’économiste Jim O’Neill avait souligné que des actions urgentes étaient nécessaires pour éviter que la médecine préventive retourne « au Moyen Age ».

« Il faut que cela devienne une priorité pour tous les chefs d’État », avait-il lancé en proposant une batterie de mesures à mettre en oeuvre. Son rapport appelle à un changement drastique dans la manière d’utiliser les antibiotiques, dont la surconsommation et la mauvaise utilisation favorisent la résistance des « super-bactéries ». « Il faut arrêter de prendre des antibiotiques comme des bonbons », avait-il notamment insisté.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti en novembre que le phénomène d’antibiorésistance représentait « un immense danger » et que, si rien n’était fait, la planète se dirigeait vers une « ère post-antibiotique, dans lequel les infections courantes pourront recommencer à tuer ».

AFP

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