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Sansy Kaba Diakité dévoile le budget de Conakry capitale mondiale du livre (Interview)

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Sansy Kaba Diakité1[dropcap]D[/dropcap]ans une interview accordée à notre reporter, le directeur général des éditions « Harmattan Guinée » parle des « 72 heures du livre, de la COP21 à Paris, de Conakry capitale mondiale du livre 2017 », et dit son ambition pour la Guinée. Lisez!

L’Indépendant: Bonjour Sansy Kaba Diakité.

Sansy KABA Diakité: Bonjour

Nous rappelons que vous êtes le directeur de la Maison d’édition l’Harmattan Guinée. Depuis quelques années vous organisé en Guinée les 72 H du livre, un évènement qui fait la promotion du livre et de la lecture.

 

Dites-nous, d’où vous est venue cette inspiration de réaliser ce type de projets, dont notamment le prix du jeune écrivain, la caravane du livre, les 72H du livre et bientôt la capitale mondiale du livre?

Je vous remercie. J’ai un profil de polytechnicien, ensuite je me suis spécialisé en gestion et management. A la fin de mes études en France, je me suis dit qu’est-ce que je pouvais faire pour contribuer au développement de mon pays. Donc j’ai vu qu’il y avait une opportunité pour tout ce qui était autour du livre et de l’édition. La première des choses j’ai créé ma maison d’édition en entreprise pour m’installer. A la suite de la création de la maison d’édition, les livres ont commencé à paraître. Le problème de promotion se posait. Et vu qu’il n’y avait pas d’espace de salon, alors j’ai créé un salon; les 72H du livre. Les 72H du livre se passe à Conakry. Je me dis que la Guinée ne s’arrête pas à Conakry; il faut faire des actions à l’intérieur du pays. Nous avons travaillé sur les caravanes du livre dans toute la Guinée. Dieu merci ça a marché. La première édition des 72H il y avait mille visiteurs, la dernière édition il y avait cinquante mille visiteurs. Ça prouve que les Guinéens ont soif de lecture, les Guinéens ont envie d’écrire, ont envie de s’intéresser au livre. Mais beaucoup d’infrastructures, beaucoup de choses manquent. Nous nous sommes dit pourquoi ne pas demander aux Nations-Unies la coupe du monde en matière de littérature pour que la Guinée puisse avoir les infrastructures nécessaires pour prétendre un jour à devenir la Capitale africaine du livre. Parce que c’est possible. C’est une vision, c’est une volonté, c’est un engagement que j’ai pour mon pays pour faire avancer un certain nombre de choses dans le livre et dans l’édition.

Parlons des 72 H du livre. La 7ème édition qui a porté sur l’environnement s’est tenue en prélude de la COP21. Dites-nous, quel a été l’impact des 72h du livre sur cette conférence de Paris?

Nous avons permis à la Guinée d’avoir une participation remarquable. Pendant six mois nous avons fait une précampagne. Nous avons mobilisé les acteurs, les scientifiques, les spécialistes pour parler de cette question d’environnement dans le pays. Donc, nous avons permis à la délégation guinéenne de se préparer, aux jeunes d’avoir des propositions concrètes. On a fait pas mal d’activités autour de la jeunesse et de l’environnement. On a même eu une délégation de cinq jeunes qui sont allés en France pour représenter la Guinée, la jeunesse guinéenne, à formuler vraiment des propositions qui ont été soumises aux chefs d’Etat et chefs de gouvernement. Nous sommes fiers de ce qu’on a fait pour préparer la COP21 avec nos principaux partenaires: le ministère de l’Environnement, l’institut français, l’ambassade de France, les autres ambassades et les autres institutions. Pour tous ceux qui ont participé à la campagne des 72H du livre savent que les 72H du livre ont permis de mettre l’environnement au cœur des préoccupations des Guinéens. Et ça a mobilisé près de cinquante mille personnes, les gens ont été sensibilisés, encouragés, il ya des livres qui sont sortis, on a vraiment participé à la mobilisation de la Guinée pour la COP21. Nous sommes satisfaits, nous sommes fiers.

Est-ce que l’ensemble des Guinéens et de ces cinquante mille participants vont respecter les consignes que vous avez données?

Bien sûr! D’abord, au niveau des jeunes à la suite des ateliers, des conférences, des tables rondes, ils ont créé des microprojets qu’ils sont en train d’exécuter aujourd’hui sur le terrain, dans les établissements, dans les universités, dans les quartiers. Ça c’est une bonne chose. Il ya eu des écrits qui ont été valorisés. Pour nous la question de l’environnement c’est tous les jours, ce n’est pas une conférence. Non, non! C’est le quotidien. Il faut veiller sur notre environnement tous les jours. Nous allons continuer à faire de l’information, de la sensibilisation, parce que c’est ce qu’on peut faire. Les acteurs, les pousser, les rappeler de leur engagement et faire en sorte que la Guinée puisse respecter ses engagements vis-à-vis des Nations-Unies et de la 21ème conférence.

Le marché guinéen du livre comme la plupart des pays africains durant ces dernières années n’a pas le même visage que celui des années 80-90 où il y avait une floraison de livres. Comment résoudre ce problème?

Je ne suis pas du tout d’accord avec vous. Il ya plus de livres en ce moment que dans les années 80. Donc c’est une erreur de votre part. On a près de quatre cents titres aujourd’hui sur le marché. Si vous voyez dans les années 80 il n’y avait même pas une trentaine d’ouvrages. Donc aujourd’hui il ya plus de livres que dans ces année-là. Ce que vous pouvez dire, il ya plus d’auteurs remarquables dans ces années par rapport à ça. Ils n’étaient pas nombreux, c’était de la littérature engagée, c’était quelque chose que les uns et les autres se sentaient responsables; les phénomènes de libération.

De par le passé il y avait plus d’engagement que maintenant.

Ça je suis d’accord avec vous. Maintenant, ce qu’il faut faire, il faut qu’on ait des auteurs créatifs, des auteurs qui puissent mettre dans leurs ouvrages l’actualité du pays, qu’ils se tournent à faire de choses qui puissent aider le pays à se développer, le pays à avoir confiance. Ça je suis d’accord avec vous. Nous sommes en train de penser à plusieurs concours pour avoir des œuvres de qualité. A partir de 2016, nous allons lancer ces grands concours de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre, de beaucoup de choses pour nous permettre vraiment d’engager un certain nombre de choses.

Parlons de l’événement de 2017. Lancé en 1996 et adopté le 2 novembre 2001, le thème Capitale mondiale du livre est attribué à une ville tous les ans par l’UNESCO en reconnaissance de la qualité de son programme. Le 30 juin 2015, Conakry a été désigné au siège de cette instance onusienne à Paris capitale mondiale du livre en 2017. Qu’est-ce qui a pesé en faveur de la Guinée face à une dizaine d’autres candidats?

D’abord, la qualité de notre programme, vous l’avez dit. Les critères sont clairs, on a fait le meilleur programme. Dans ce programme il n’ya pas mal de choses en faveur de la jeunesse, en faveur de l’alphabétisation, en faveur du développement du livre et de la lecture, l’UNESCO a souhaité récompenser la candidature de Conakry. Parce que c’est quelque chose de durable. Nous avons dit, dans ce dossier de candidature, certes il n’y a pas d’infrastructures dans le pays, mais c’est une opportunité pour nous de mettre en place les infrastructures, c’est quelque chose de durable. Nous allons mettre des points de lecture dans les quartiers, les médiathèques dans les communes, une bibliothèque nationale, faire en sorte que les établissements scolaire et universitaire puissent fonctionner. Tout ça, c’est important. On a pas mal de concours, de salons, de foires à organiser pendant l’année 2017. Et en 2018 nous allons poursuivre. Vous savez notre événement de référence aujourd’hui, les 72H du livre, il y aura trois éditions (2016, 2017 et 2018) en prélude de « Conakry capitale mondiale du livre », donc il ya beaucoup de formations au métier du livre; il faut professionnaliser les choses, nous avons dans ce programme de qualité la mise en place d’une véritable politique nationale du livre en Guinée, l’adoption des conventions de Florence et de Nairobi. Donc il ya beaucoup de choses à faire.

Parlez-nous de ces conventions de Nairobi et de Florence ?

C’est la libre circulation de tout ce qui tourne autour du livre et du matériel didactique. Ça demande pas mal de choses au niveau des douanes, au niveau du ministère de l’Economie, au niveau des impôts; faciliter aux professionnels l’accès pour que les lecteurs, les populations puissent avoir accès au livre. On dit aujourd’hui que le livre est cher, parce que le cordon douanier fatigue les professionnels du livre, parce que le papier coûte cher, il ya beaucoup de choses. Donc, si notre pays veut aider, le pays doit pouvoir ratifier et nous avons pris des engagements auprès de l’UNESCO pour favoriser ça, et nous avons commencé le travail.

Cet événement qui débute le 23 avril 2017, Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, et qui prend fin le 22 avril 2018 demande de gros moyens pour sa réalisation. Quel est le niveau d’avancement dans l’organisation de ce grand rendez-vous avec le livre?

On a pris beaucoup d’avance. Déjà, à ce jour, le commissariat général est mis en place. Il y’a toutes les associations qui tournent autour du livre; l’association des éditeurs, l’association des bibliothécaires, l’association des libraires. Toutes ces associations aujourd’hui sont créées et sont fonctionnelles. Et, nous avons pris contact avec les autorités à tous les niveaux, le gouvernorat de la ville de Conakry, les mairies de Conakry, les chefs de quartier de Conakry, toutes les associations qui font la promotion du livre et de la lecture sont informées. Et, nous allons lancer pas mal d’opérations à partir du mois de janvier prochain. Le livre du mois, la phrase du jour, disons des grandes émissions littéraires et scientifiques, partir dans les quartiers de Conakry pour des opérations liées au livre qu’on a dénommé livre action et nous allons aller à la rencontre des sponsors. Vous savez, c’est les sponsors qui font un évènement, donc des parrains. L’UNESCO nous a donné le feu vert d’aller à la rencontre des grands groupes à l’international pour trouver les moyens nécessaires. Nous allons entamer au mois de février une grande tournée en Amérique, en Asie, en Europe, pour mobiliser de grands sponsors pour trouver les moyens nécessaires. Parce que l’Etat a sa partition à jouer, les sponsors aussi ont leur partition à jouer. Donc, nous en tant que commissaire général de cet évènement, notre rôle, c’est de concevoir, c’est de planifier, c’est de trouver les financements nécessaires pour la bonne organisation de cet évènement. Aujourd’hui, je vous dis que tout est prêt pour aller vers les grandes entreprises, les parrains, les fondations pour trouver les moyens nécessaires pour cette activité.

C’est un projet de grande envergure et symbolique du point de vue de l’UNESCO. Quel est le budget estimatif de Conakry capitale mondiale du livre?

Le budget que l’UNESCO a accepté pour cet évènement est aux alentours de quatre millions d’euros. Notre programme a été récompensé aussi parce que le budget a été maîtrisé. Ça c’est ce qui concerne vraiment la mobilisation, l’évènementiel et tout ça. Mais, il ya beaucoup d’investissements qu’il faut faire. Vous savez notre pays n’a pas de bibliothèques dans les quartiers, ça c’est estimé à environ deux millions d’euros. Disons pour mettre des médiathèques, les bibliothèques dans les cinq communes de Conakry, dans les quartiers de Conakry. Ça c’est important. Mais pour moi, c’est les idées qui font le monde. Aujourd’hui, notre dossier a été sélectionné parce que c’est le meilleur dossier, ça veut dire c’est convaincant. Nous allons à la rencontre de ces mécènes de la culture mondiale pour aller défendre le dossier guinéen et, avec le gouvernement qui sera en place sous l’impulsion du président de la République qui est aussi un écrivain, nous estimons que nous allons avoir les moyens pour faire de cet évènement, la coupe d’Afrique, les gens ont toujours eu les moyens pour l’organiser, la coupe du monde de football, ils ont toujours eu les moyens pour l’organiser, et Conakry est la 17ème ville. Il ya eu seize autres villes qui ont eu à organiser cet évènement, ça réussi un peu partout. Donc rien ne s’oppose à la bonne réussite de ce qui va se passer à Conakry. Certes, le défi est grand, nous avons été audacieux, ambitieux pour notre pays et nous allons nous battre pour faire de ce projet une réalité pour relever le challenge.

Dans l’exécution de ce projet, quel est la part de l’Etat en matière de contribution?

C’est de mettre les terrains à disposition. Pour mettre en place un terrain, cela coûte de l’argent. L’Etat doit pouvoir faire ça. C’est de mettre les professionnels du livre, les bibliothécaires qui sont formés, c’est aussi faire en sorte qu’il y ait la création d’emplois autour des métiers du livre. Beaucoup de jeunes ont fait l’institut de Kankan par rapport au métier du livre et qui ne travaillent pas aujourd’hui. Si les bibliothèques sont créées aujourd’hui un peu partout, ils auront du travail. Et c’est à l’Etat de prendre tout ça en charge. L’Etat a aussi pour rôle de faire des livres pour doter ces bibliothèques et ces médiathèques du livre. C’est le rôle de l’Etat de faire ça. Tout ça est un ensemble de responsabilités, et nous allons amener l’Etat à faire ça. Nous allons amener l’Etat à faire une politique nationale du livre, à l’appliquer, à faire une loi sur le livre, à faire en sorte que les députés puissent voter et que le président de la République promulgue. Il ya beaucoup d’instruments, beaucoup d’outils qu’il faut mettre en place, et c’est à l’Etat de faire ça. Ce n’est pas à un privé de faire ça, voire un commissariat. Tout ça c’est identifié dans le dossier. Nous avons écrit aux ministères, nous avons écrit à la présidence, nous avons écrit à la primature. Tout ça c’est clair aujourd’hui. Nous savons ce que les députés doivent faire, nous savons ce que les ministres doivent faire, nous savons ce que les mécènes doivent faire. Chaque partie jouera son rôle. En tout cas sous notre responsabilité, en tant que commissaire général, on veillera à ce que chacun joue sa partition.

C’en est terminé pour cette interview à moins que vous n’ayez quelque chose d’autres à ajouter ?

Je voudrais vous remercier. C’est l’entame du partenariat qu’on a signé avec ce groupe de presse. Vous savez, un évènement mondial tel que « Conakry capitale mondiale du livre », nous avons besoin du soutien de toutes les parties en Guinée. La communication est très importante. Voir ici de plus grands écrivains du monde, les médias doivent pouvoir les interviewer, doivent créer des colonnes dans les journaux pour pouvoir interviewer les hommes de culture, interviewer les journalistes un peu partout. Je dis aux guinéens, c’est une belle victoire pour notre pays, à nous de mériter cette confiance que l’UNESCO a faite à la Guinée. Et Dieu sait, si les Guinéens disent oui à quelque chose, ils y vont jusqu’au bout, et je pense que le défi sera relevé par tous les Guinéens, mais pas par une seule personne ou par un groupe de personnes. C’est toute la Guinée qui doit se mobiliser pour faire de 2017 une belle année pour notre pays et le retour de la culture guinéenne et pour la littérature guinéenne sur le plan international.

Merci M. Sansy KABA Diakité.

Merci.

 

In L’Indépendant

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