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Me Pépé Koulémou, Président de l’ARN : « Notre peuple a besoin de la démocratie… »

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« Notre peuple a besoin de la démocratie comme le corps humain a besoin de l’oxygène pour vivre », dixit Me Pépé Koulémou, Président de l’ARN.

Juriste de formation et avocat de profession, Me Pépé Koulémou, à la tête de l’Alliance pour le Renouveau National (ARN) depuis 2009, est un leader sur qui il faudra certainement compter pour l’alternance en 2020. Dans cette grande interview qu’il nous a accordée, il ne va pas par quatre chemins, pour dénoncer la dérive du pouvoir en place. Surtout, par rapport à l’idée  d’un 3è mandat du président Alpha Condé, Me ‘’PK’’ s’y oppose catégoriquement. Entretien.

Monsieur le Président, est-ce que vous pouvez vous présenter à nos lecteurs ?

Oui ! Je suis Me Pépé Koulémou, je suis juriste de formation et avocat de profession.

Depuis sa création en septembre 2009,  le parti politique : L’Alliance pour le Renouveau National (ARN), m’a élu comme son Président.

A un certain moment, on a constaté votre absence sur la scène politique guinéenne. Sûrement que vous étiez hors du pays ?

Je n’ai jamais été absent de la scène politique guinéenne. Seulement, que je suis très mobile. Je suis souvent en déplacement entre la Guinée et les Etats Unis d’Amérique. C’est peut-être la raison que vous ne me voyez pas. Sinon, à chaque fois que je suis à Conakry, je suis en exercice de ma fonction de président du parti ARN.

Vous êtes souvent aux Etats Unis. Cela veut dire que votre parti y est représenté ?

Parfaitement. Mon parti est représenté aux Etats Unis d’Amérique. Nous y avons une section. Nous avons également installé une section en France. En Chine aussi. Et nous avons également des sections dans la plupart des Etats de l’Afrique de l’Ouest et partout où il y a des guinéens. Nous avons pensé que c’est une manière pour nous de participer à la construction de l’Etat de droit en Guinée.

A l’intérieur du pays, parce qu’en réalité tout se passe ici… ?

Parfaitement, à l’intérieur du pays également, puisque nous existons depuis 2009, nous avons créé les différentes sections et fédérations, des sous-sections dans les sous-préfectures et des préfectures. Nous avons créé des fédérations régionales.

Qui veut dire que votre parti est national ?

Notre parti est effectivement national et est représenté sur toute l’étendue du territoire national guinéen.

Avant de parler de l’actualité, si on a bonne mémoire, en 2010, Papa Koly Kourouma a été votre candidat. Et au second tour, vous avez accompagné Alpha Condé du RPG qui est sorti d’ailleurs victorieux de cette élection. Dites-nous, comment les choses se sont-elles passées ?

En Guinée, nous avons compris que les gens oublient vite. Ce qui est évident est que quand tu fais du bien à quelqu’un, s’il refuse de reconnaître, c’est qu’il a refusé. Sinon, vous savez autant que moi sinon plus, qu’en 2010 nous avons eu comme notre candidat au 1er tour, Elhadj Papa Koly Kourouma, présenté par le RDR. Qui regroupait autour de lui 8 à 12 partis politiques. Et vous avez vu le résultat.

Malgré le fait que les choses n’étaient pas tout à fait préparées, nous avons occupé la place de 5è rang, selon les résultats proclamés par la CENI.

Ce qui avait fait de nous du coup ‘’faiseur de roi’’. Donc, tous les deux candidats qui devraient aller au second tour à savoir, Elhadj Cellou Dalein Diallo de l’UFDG et Alpha Condé du RPG, faisaient la cour au RDR et ses alliés.

Nous avons organisé un débat à Nzérékoré. Au cours de ce débat, le consensus est né pour choisir le candidat du RPG. Et c’est quand la Forêt d’une manière générale et le RDR et ses alliés ont choisi pour candidat celui du RPG, M Alpha Condé, c’est en ce moment que le terme Arc-en-ciel a été créé. Comme pour barrer la route à d’autres candidats qui devraient venir. Et le slogan à l’époque était que les Forestiers étaient les aînés, les Soussous les cadets et les Malinkés, les benjamins. En tout cas, c’est ce qui avait été créé par les griots de la Haute Guinée.

Concrètement, cela devrait être traduit par quoi ?

La campagne qui a été battue à l’époque a été qu’il fallait s’associer, les 3 groupes régionaux.

Quoique politisée, mais c’était la réalité pour élire Alpha Condé à la Présidence de la République. Donc, nous nous sommes mobilisés. En Forêt, on a fait plus de 2 à 3 mois en train de battre campagne. Il n’y avait pas de jour où on n’allait pas en brousse pour M Alpha Condé, pour qu’il soit élu Président de la République.

Mais après tout, qu’est-ce que nous avons obtenu de lui ? Rien.

Le terme, Arc-en-ciel, qu’est-ce que cela voulait dire en réalité ?

Comme vous savez, quand le ciel est bleu, qu’il veut pleuvoir, qu’il y a des nuages, l’arc-en-ciel se forme pour barrer la route devant la pluie. Le terme a été créé seulement à l’arrivée du RDR et ses alliés, élargis à la Coordination. C’était pour faire face à Cellou qui avait 47 %, alors que Alpha Condé n’avait que 18. Il fallait donc le RDR et ses alliés, ainsi que la Coordination pour signer l’accord politique.

Justement, qu’est-ce que vous avez dit dans cet accord politique ?

J’étais surpris, parce qu’à la signature de cet accord, Alpha Condé qui nous tendait la main, a changé de position en disant qu’il s’agit d’un pacte. Et dès qu’il a dit pacte, j’ai compris que c’était une erreur. S’il parle de pacte, alors que depuis toujours il parlait d’accord qui a été rédigé chez moi dans mon bureau, c’était compliqué. Dans ce projet d’accord, on devrait accorder au RDR et ses alliés le ¼ de toutes les fonctions de l’Administration Publique et de la Diplomatie.

Qu’est-ce que cela veut dire ? Lorsqu’il y a 10 postes à pourvoir, le RDR devrait avoir le ¼. C’est-à-dire 2,5 %. Mais M Alpha Condé n’a rien respecté, parce que dès déjà, il parlait de pacte.

En tant que juriste, qu’est-ce que le terme pacte peut signifier ?

Le pacte n’a aucun effet coercitif. C’est-à-dire, pas de sanction lorsque vous violez un pacte. Alors qu’un accord crée des obligations réciproques. Un pacte a un caractère quelque peu moral. Qu’on respecte ou pas, pas de sanction. Vous ne pouvez pas traduire quelqu’un devant le tribunal parce qu’il a violé le pacte.

Par la suite… ?

Ça a été une déception totale, parce que Alpha Condé a nommé les gens qu’il a voulus. D’abord, il a commencé par dire qu’il accorde la Présidence de l’Assemblée Nationale à la région forestière. J’ai dit que c’est un poste électif et non nominatif et que c’était déjà un faux pas. Mais j’ai été mis en minorité, parce que j’étais entouré des cadres des partis alliés et des cadres de la Forêt qui n’avaient pas en réalité la maîtrise de la situation d’un Président de l’Assemblée Nationale. Sinon, il faut d’abord avoir été élu député et par la suite, tes pairs t’élisent, pour que tu sois Président de l’Assemblée Nationale ou d’une Commission. Alors, eux, ils n’ont pas compris. Dès déjà, j’ai compris que nous étions piégés. Et dès son premier mandat, nous avons compris que c’est une trahison totale. Il a nommé des sous-préfets par arrêté. Donc, rien n’a été respecté. C’est ce qui m’a poussé, moi personnellement, à quitter le pays. Que ce soit pacte ou accord, rien n’a été respecté par lui.

Tout de même, avec cette alliance avec le RPG, votre parti, l’ARN, a été représenté à la CENI au compte de la Mouvance Présidentielle. C’est toujours le cas avec la nouvelle CENI ?

C’est lors de son premier mandat, il y a eu un débat au Palais, lorsqu’on a parlé de dialogue. J’ai dit que ce que Alpha Condé est en train de nous faire n’est pas une bonne chose.

Il nous a exploités, il nous a utilisés sur le terrain et après, il nous a jetés. J’ai dit que si nous sommes allés ensemble à la conquête du pouvoir, c’est pour qu’une fois conquis,  pour l’exercer ensemble. Il ne doit pas faire de nous de simples observateurs. Il y a eu des cris, par la suite des entretiens avant qu’on ait un poste à la CENI.

Et avec la CENI, nouvelle version ?

Non ! Ce n’est pas le cas. Parce qu’il n’en a plus besoin. Il est déjà à son second et dernier mandat. Donc, pour renouveler la CENI, il a pris les hommes de son choix. Il n’a plus fait cas aux alliés que nous avons été ou que nous sommes.

On va revenir à la grande Forêt dont vous êtes issu, même si votre parti est national, pourquoi ne pas faire bloc autour d’un leader. Je pense à la Moyenne Guinée et la Haute Guinée ?

Nous sommes actuellement entrain de pousser les pions au point de créer une unité d’action politique en région forestière. Nous l’avons initié en 2015 et nous tenions nos réunions chez Feu jean Marie Doré.

Le même Alpha Condé m’a tendu la main. Il m’a appelé et a tout fait pour démobiliser ce mouvement. Mais au fond, nous nous sommes rendu compte que c’est un autre piège qu’il nous a tendu. Pourtant, il faisait croire qu’il était de cœur avec nous. Nous tenions des réunions avec lui tendant à unifier les efforts  en vue d’un second mandat. Pensant qu’il allait prendre conscience de ce qui s’était passé en 2010, nous nous sommes mobilisés encore pour lui. Je me souviens, lors d’une réunion avec Feue Rougui Barry, quand celle-ci parlait de nouvelles adhésions, il a répondu que : « Non ! Me Pépé, lui, je lui dois beaucoup de choses. C’est un ancien. Il était avec nous en 2010 ». Ce jour-là, j’ai été réconforté pensant que ce qu’il disait venait du fond du cœur. Nous sommes allés encore en campagne. Nous avons sillonné toutes les préfectures et sous-préfectures à nos frais, dans nos propres véhicules qui en cas de panne, c’est nous qui dépannions. Ce n’était pas le budget du RPG Arc-en-ciel. Mais après tout, il a fait de nous encore de simples observateurs, au lieu d’être des acteurs du changement dont il parle à chaque fois.

Si je comprends, c’est une alliance et non une fusion avec le RPG Arc-en-ciel ?

Jamais ! Nous avons été prudents. Vous savez, je suis avocat. Nous avons fait de multiples réunions et nous avons dit que nous ne sommes pas pour la fusion. Quand bien que le président Alpha est passé par le président Dadis pour nous demander d’aller à cette fusion. Beaucoup de partis avaient fait la fusion. Alors que nous étions dans le CAPD (Collectif des Alliés politiques pour le développement). J’étais le porte parole.

Est-ce que, c’est parce que vous n’avez pas fait de fusion, je prends le cas de Kassory, que vous êtes laissés pour compte ?

Entre lui et moi, il n’y a jamais été question de fusion. Nous avons tenu des réunions avec lui avec les autres leaders de la Forêt. Nous avons fait des missions ponctuelles de sensibilisation pour lui en vue de voter pour lui. Nous avons fait dans la grande loyauté. Je ne pouvais pas accepter  une telle mésaventure que d’aller à la fusion qui suppose la disparition totale du parti.

Cette dernière élection communale, avez-vous présenté des candidats ?

Les élections communales passées, je crois que ça a été le tout dernier tournant de trahison de M. Alpha Condé. Nous étions dans l’alliance qu’on appelle la COPAM (Coordination des Partis Alliés de la Mouvance) dont Bouna était le président. Nous étions là. On nous a fait savoir que les alliés de la mouvance présidentielle devraient avoir 20% sur la liste des candidats aux élections communales.

Entretemps, il y a eu un malentendu entre les partis alliés au sein de la COPAM. Il y a eu des dissidences. Nous avons créé alors une autre coordination qu’on a appelé la CAMP (Coalition des partis Alliés et de la Mouvance Présidentielle). Présidée par Dr Saliou dont je suis le vice-président et porte parole. Quand nous avons créé la CAMP bien avant les élections communales, le président Alpha nous a fait savoir qu’au cours des élections communales, les partis alliés doivent présenter 20% des candidats sur la liste du RPG Arc-en-ciel. Ils nous ont demandé de ne pas présenter des candidats. Nous l’avons fait durant la phase préparatoire. Lorsqu’ils se sont rendu compte qu’ils avaient déjà réuni les listes des candidats du RPG Arc-en-ciel à travers le pays, c’est Bantama Sow qui vient dire que les partis politiques alliés qui veulent présenter des candidats qu’ils le fassent maintenant. Il ne restait que 4 jours. On  n’était plus en mesure de présenter des candidats. Il fallait faire des dossiers de chaque candidat. Voilà une autre trahison de la part du président Alpha Condé. On s’est rendu compte que de cette manière, on ne pouvait pas continuer. Tout particulièrement au niveau de notre parti, nous nous sommes rendu compte que c’était la dernière trahison et après ça, ils ne vont plus nous utiliser.

Vous considérez que c’est la dernière trahison pour vous à l’ARN. Maintenant, bientôt les législatives et présidentielle, quelles sont les dispositions prises pour ne plus connaître de telles trahisons ?

Nous sommes en train de mettre tout en place. Toutes les sections sont averties. Elles sont déjà unanimes que nous allons présenter des candidats aux élections législatives. Aussi bien sur la  liste uninominale, comme à la proportionnelle. Comme à l’élection présidentielle, nous allons présenter un candidat, si Dieu le veut bien.

Législatives ou présidentielle, est-ce que vous pensez que ces dates seront respectées, à partir du moment où le mandat des députés vient d’être prolongé ?

Vous savez que depuis que le président Alpha  Condé est au pouvoir, il n’a jamais respecté les dates en Guinée. Tout ce que la loi dit, il vient toujours en violation de cette loi. Depuis combien de temps on a cherché à organiser les élections communales. En violation de la loi, les élections communales, leur organisation ont connu plusieurs renvois. Il savait pertinemment que le mandat des députés venait à terme et qu’il fallait prendre des dispositions utiles pour éviter ce qui est arrivé, à savoir la prolongation du mandat des députés. Je vous dis que c’est de l’arbitraire.

Maintenant, va-t-il toujours continuer à violer nos lois ?

Je crois que le peuple de Guinée est assez mûr et le peuple de Guinée est déjà préparé. Le peuple de Guinée est convaincu de ce que Alpha Condé ne respecte pas la loi. Il a choisi de violer la loi à chaque fois qu’il s’agit de l’application de celle-ci. Et je suis convaincu que le peuple de Guinée a compris et qu’il exigera la tenue de es élections. Nous à l’ARN, nous exigerons la tenue des élections législatives dans les meilleurs délais. Il n’y a pas de possibilité de recule, parce que le recule ne lui donne pas raison. Le CNDD a pris le pouvoir ici. Ils n’ont jamais tendu la main à l’extérieur pour réaliser les projets guinéens.

Depuis que le président Alpha Condé est là, il tend la main à l’extérieur. Des dettes en Chine, des dettes par-ci, par là. Le FMI, la Banque Mondiale. Où vont ces fonds ? Il n’ya même pas d’électricité en Guinée. Pas d’eau. Aucune infrastructure scolaire n’a été construite par le pouvoir en place.

Alors que ses partisans trouvent son bilan positif ?

Le bilan de M Alpha Condé est totalement négatif. Qu’est-ce qu’il a fait pour le bien-être du peuple de Guinée ? Les enseignants ‘’grèvent’’ pour l’augmentation de leurs salaires. Il refuse. Il augmente le prix du carburant pendant qu’ailleurs, à travers le monde, les pays producteurs du pétrole baissent le prix du carburant. On lui demande de le faire. Plutôt, lui, il augmente.

Il y a des contestations, il ne regarde même pas. Il n’écoute pas. Où on va ? Vas à Boké aujourd’hui, ils sont en train de lapider nos mines et plusieurs mines à travers la Guinée

Le bilan est négatif il y a plus d’écoles privées que d’écoles publiques avec la licence, on ne peut même pas travailler à la Fonction Publique. Il ya des fonctions ici, la licence ne peut pas te permettre de l’exercer. Tel que le métier d’avocat, de notaire, de juge.

Malgré tout, des gens parlent du 3è mandat du président, qu’en pensez-vous ?

Tous ceux qui sont en train de parler de 3è mandat du président Alpha Condé, veulent induire le président en erreur. Car notre constitution a fixé le mandat présidentiel à 5 ans, renouvelable une seule fois. Ici, le président Alpha Condé a eu la confiance du peuple de Guinée par notre mobilisation, nous leaders qui avons mobilisé nos militants à soutenir et à voter pour Alpha Condé en faisant de lui le président de la Guinée.

A mon avis, le président de la république ayant fait un premier mandat sans résultat, un second sans résultat, il doit retourner ce même pouvoir à celui qui le lui a donné. Notamment le peuple de Guinée.

Et s’il avait fait des résultats ?

Avec résultats ou sans résultats, il faut restituer au peuple son pouvoir. Puisque la durée pour laquelle le peuple de Guinée t’a donné le pouvoir, c’est pour 5 ans, renouvelable une seule fois.

La constitution peut être soumise à une révision ?

Pas maintenant. Parce que la constitution qui a permis au chef de l’Etat d’être à ce poste doit rester en place pour éviter qu’il y ait parjure. La constitution dit clairement que toutes les dispositions de la constitution peuvent faire l’objet de modification ou d’amendement sauf la durée et le nombre du mandat.

De sorte que le président ayant prêté serment en des termes tels que : Il s’engage à respecter la loi et à faire respecter la loi, à protéger l’intégrité territoriale ainsi de suite, il doit respecter la constitution, les lois républicaines dont il est le garant. Il est le premier magistrat de la république de Guinée. Il doit éviter tout ce qui peut provoquer une cacophonie au sein de la nation guinéenne dont un 3è mandat. Un 3 è mandat est synonyme  de dictature, un 3è mandat est anti constitutionnel. Par conséquent, les agissements contraires à la constitution conduisent le président à tomber sous l’effet ou sous le coup d’un parjure. Ce qu’il faut éviter. La constitution a prévu que tout est modifiable sauf la durée du mandat présidentiel et le nombre de ce mandat, limité à deux, durée fixée à 5 ans.

A quoi bon de penser à un 3è mandat. C’est pourquoi le président doit avoir le courage de se prononcer pour que le peuple de Guinée continue à lui croire.

Il ne s’est pas encore prononcé pourtant ?

Il faut qu’il se prononce. Si jamais il n’est pas engagé dans l’esprit de ceux-là qui pensent à un 3è mandat, s’il doit les désapprouver pour éviter de tomber sous l’effet de l’infraction qu’on appelle parjure, il doit se prononcer. Il faut qu’il se prononce en disant oui je suis pour un 3è mandat. Dans ce cas, le peuple de Guinée sera situé. Ou non, tous ceux qui se battent pour un 3 è mandat, je ne suis pas avec eux. Je suis avec le peuple de Guinée. Parce que le peuple de Guinée lui a donné un mandat de 5 ans renouvelable une seule fois. Ce qui est déjà fait. Donc, le peuple de Guinée a déjà décidé. Quand le président Alpha dit que le moment venu le peuple va décider, le peuple de Guinée a déjà décidé.

Des gens parlent de référendum dans de tel cas ?

Le référendum ne doit pas concerner ça, parce que l’équipe constituante a déjà tranché en disant que toutes les dispositions peuvent faire l’objet d’amendement ou de modification sauf la durée et le nombre de mandat présidentiel.

A supposer qu’il y ait la bonne surprise et qu’il dise qu’il ne se présente pas. Comment vous voyez la recomposition de la classe politique guinéenne à un moment où les populations n’ont plus confiance en leurs hommes politiques ?

Plutôt, avec le RPG, la population doit rester vigilante. Le président Alpha Condé, lui, son mandat est arrivé à son terme en 2020. Il ne doit plus préoccuper le peuple de Guinée. Ce qui doit préoccuper, ce sont les partis politiques qui viendront en compétition pour la conquête du pouvoir. Le RPG ira bien sûr en compétition avec nous. Ce qu’il faut savoir,  c’est que le RPG a géré la nation guinéenne sans intérêt. Le peuple de Guinée n’a rien bénéficié de sa gestion négative. Le peuple de Guinée a souffert des régimes précédents, mais s’est rendu compte qu’il s’est trompé en donnant son suffrage au président Alpha Condé, donc au RPG. Car le bilan est négatif. Ces gens ne partagent même pas le pouvoir. Le tout pour eux, rien pour les autres.

Avez-vous un dernier message ?

Mon dernier message, c’est qu’il n’est pas question d’un 3è mandat. Car la constitution de la Guinée est catégorique en disant que toutes les dispositions de notre constitution peuvent faire l’objet de modification ou d’amendement sauf la durée et le nombre de mandat présidentiel. A mon avis, parler de 3è mandat en République de Guinée, c’est induire le président en erreurs. Ce qu’il faut lui éviter et éviter éventuellement un malentendu qui pouvait s’installer au sein de la Guinée entre les fils. Il faut éviter cela. Plutôt, il faut renforcer l’unité nationale. Mais je constate que le président de la République commet beaucoup d’erreurs ces derniers temps. On dirait qu’il est en train de s’écarter de sa mission constitutionnelle. Un président de la République, dès lors que tu es élu, tu cesses d’être militant d’un parti politique. Tu deviens automatiquement le père de la nation, parce que c’est le peuple qui t’a élu. Par conséquent, tu es le premier magistrat de la nation. Ce faisant, tu cesses d’être militant d’un parti politique. Le langage que tu dois avoir ne doit pas être celui d’un militant, mais celui d’un père de la nation. Quand il dit, si c’est pour les débats politiques, allez-y faire les débats politiques. Si c’est pour les affrontements, vous êtes prêts. Ça ne doit pas être le langage du président de la République, parce que tenir un tel langage, c’est inciter à la révolte, à la violence. Ce qu’il faut éviter au peuple paisible de Guinée. Le peuple de Guinée a besoin de la démocratie comme le corps humain a besoin de l’oxygène pour vivre.

Interview réalisée par Bamba Bakary Gamalo

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