[dropcap]L[/dropcap]a grogne ne faiblit pas au sein du parti au pouvoir, le RPG Arc-en-ciel, depuis la formation du nouveau gouvernement dirigé par l’économiste Mamady Youla.
Ce samedi, contrairement aux autres jours, le siège national du parti est resté fermé aux nombreux militants venus des cinq communes de Conakry et de certaines préfectures du pays.
C’est une décision des responsables du parti présidentiel soutenue par « les jeunes » cadres dudit parti.
Comme nous l’avons annoncé dans un précédent article, cette décision de boycott des réunions hebdomadaires du parti au pouvoir à travers tout le pays, est la conséquence directe de l’absence de certains cadres du parti au pouvoir dans le nouveau gouvernement dirigé par un homme ne militant dans aucune formation politique.
Selon plusieurs sources, le président Alpha Condé a mis à exécution sa fameuse phrase (« aucun ministre issu du RPG ne sera reconduit ») prononcée au mois de décembre dernier au siège du parti, quelques jours avant la publication des noms des membres du gouvernement.
Les responsables du parti accusent le président Alpha Condé d’avoir limogé certains ministres issus du RPG et d’avoir refusé de nommer des cadres «ayant mouillé le maillot» dans le nouveau gouvernement, dans lequel plusieurs d’entre eux espéraient faire partie. La deuxième colère vient de l’éviction du Dr. Mohamed Diané, autrefois indéboulonnable au poste de ministre chef de cabinet de la présidence de la République.
Malgré la fermeture du siège qui refoule du monde chaque samedi, « les jeunes cadres » du parti se sont fait entendre à travers un mémorandum (signé le 08 janvier 2016) adressé au président de la République qui est toujours considéré comme le président du RPG Arc-en-ciel.
Dans ce document affiché au portail du siège du RPG Arc-en-ciel, les jeunes cadres du parti y ont exposé des recommandations qu’ils voudraient que le président Alpha Condé tiennent compte.
Ils demandent ainsi au chef de l’Etat de: faire un retour à la base et prendre des décisions; faire la promotion des cadres du parti; assurer la formation des jeunes du parti; faire la promotion des femmes du parti pour leur épanouissement; lutter contre l’impunité sous toutes ses formes; éviter le népotisme; financer le parti qui l’a porté à la magistrature suprême du pays qui, selon eux, est laissé pour compte.
Par ailleurs, l’autre colère des jeunes cadres et des militants du parti vient de l’étiquette «Diaspora» collée à la grande majorité des nouveaux ministres.
« C’est vrai que certains ministres sont proches du parti Mais quand vous venez saluer ces nouveaux ministres dans leur bureau, une fois qu’ils vous disent « bonjour », c’est fini. Vous ne pourrez rien leur dire après. Ils sont de la Diaspora comme le disent nos enfants. Ils ne vous donneront même pas l’occasion de leur parler de la promotion des « jeunes cadres » du parti qui se sont battus pour la réélection du professeur Alpha Condé. Ce qui est surtout gênant dans ce nouveau gouvernement qui ne nous donne pas grand espoir», a déclaré en malinké, un vieux militant du parti qui avoue être venu pour exprimer sa colère l’absence des jeunes cadres du parti dans le gouvernement Mamady Youla.
Plus loin, un autre jeune militant du parti, coordonnateur d’un grand mouvement de soutien pour la réélection du président Alpha Condé, avoue son désespoir après le limogeage d’un ancien ministre, parrain de leur mouvement de soutien, implanté dans la commune de Matoto.
«Je m’attendais quand même à la confirmation de notre parrain pour continuer à soutenir sans faille les actions du professeur Alpha Condé. Mais, avec l’évolution des choses, je n’ai plus d’espoir pour la continuation de nos actions sur le terrain en faveur du président de la République. C’est dommage! », lance-t-il au milieu d’un groupe de jeunes venus de Matoto.
Le 04 janvier dernier, le président Alpha Condé a nommé un gouvernement de 33 départements dirigé par l’économiste Mamady Youla, ex-directeur général de la compagnie minière Global Alumina Corporation (GAC).
Malgré les réactions positives des uns et des autres en faveur de la nouvelle équipe gouvernementale, la formation de ce gouvernement a toutefois fait au sein du parti au pouvoir, des heureux et des mécontents, qui ne cessent d’exprimer leur colère qui s’est finalement transformée en crise profonde, capable de le conduire vers l’implosion.
Le président Alpha Condé va-t-il réussir à sauver de naufrage les sous-marins jaunes? L’avenir nous édifiera.
Mohamed Sylla
Conakryinfos.com