[dropcap]L[/dropcap]e candidat de l’alliance laïque, Béji Caïd Essebsi, a remporté l’élection présidentielle en Tunisie, après sa victoire au second tour face au président sortant Moncef Marzouki, selon les résultats définitifs de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE).
Nidaa Tounès (« l’Appel de la Tunisie »), le camp de l’ancien ministre du dictateur déchu Ben Ali, avait déjà revendiqué la victoire dès dimanche après la fermeture des bureaux de vote. Dimanche, face à près de 2 000 personnes rassemblées devant son quartier général de campagne, Béji Caïd Essebsi, 88 ans, avait alors remercié ses électeurs et salué son rival, bien que l’inimitié entre les deux hommes soit de notoriété publique :
« Je dédie ma victoire aux martyrs de la Tunisie. Je remercie Marzouki. Nous devrions désormais travailler ensemble sans exclure quiconque. »
« LA TUNISIE L’A EMPORTÉ AUJOURD’HUI »
Moncef Marzouki avait, quant à lui, refusé dimanche de reconnaître la victoire de son adversaire, attendant la publication des résultats. « La Tunisie l’a emporté aujourd’hui, la démocratie a gagné, nous devons rester unis. Malgré les annonces de victoire de nos adversaires, tous les indicateurs sont positifs pour nous », avait-il déclaré à une foule des partisans réunis devant le siège de campagne, à Tunis.
Au premier tour, le 23 novembre, Essebsi avait obtenu 39,4 % des suffrages, contre 33,4 % pour Marzouki, élu il y a trois ans par l’Assemblée constituante. La participation avait frôlé les 65 %.
TOUR DE FORCE POLITIQUE
La victoire définitive d’Essebsi clôt la transition près de quatre ans après le renversement de Zine El-Abidine Ben Ali. Il aura réalisé un véritable tour de force politique : en deux ans, et à 88 ans, cette figure de la vie politique tunisienne aura fait de Nidaa Tounès le premier parti du pays et la principale formation anti-islamiste.
Vainqueur des législatives du 26 octobre, Nidaa Tounès est parvenu à détrôner le très solide parti islamiste Ennahda, qui avait raflé la mise lors des législatives de 2011. Et sera à ce titre à la tête du prochain gouvernement.
Ancien compagnon de route de Bourguiba, le père de l’indépendance, M. Caïd Essebsi aura réussi à incarner pour toute une partie des Tunisiens, fatigués par quatre années d’instabilité, la promesse d’un ordre rétabli. Et la première véritable alternative aux islamistes dont le passage au gouvernement (2011-2013) a constitué un traumatisme pour une partie de la population.
AFP