Tidiane Soumah: « Le FIPA de Conakry sera la plus grande foire de danse et de musique de Guinée »

[dropcap]A[/dropcap] quelques mois de l’organisation de la 1ère édition du Festival international pour la Paix (FIPA), la Rédaction de Conakryinfos a rencontré cette semaine Tidiane Soumah, le Directeur général de l’agence Tidiane World Music, pour parler des préparatifs, du programme et des artistes invités à ce grand rendez-vous culturel qui compte allier la musique et les danses traditionnelles et contemporaines dans une dynamique de valorisation de la culture guinéenne. Entretien.

Conakryinfos: D’où est venue l’idée de l’organisation du Festival international pour la Paix (FIPA)?

Tidiane Soumah : L’idée d’organiser le Festival international pour la Paix (FIPA) nous est venue en tête depuis que nous avons décidé de retourner en Guinée après notre installation à Montréal au Canada. En fait, c’est notre façon de contribuer à l’instauration de la paix et de la quiétude sociale  dans ce pays à travers la musique et des créations artistiques.

Pour ceux qui se rappellent, nous avons commencé à faire la promotion de la paix depuis 2011 par le concept ‘’Bouger dans la Paix’’ avec Magic System, Koumba Gawlo Seck, Gohou Michel et Adama Dahico. C’était vraiment un grand événement qui a eu lieu le 16 septembre au Palais du Peuple avec plus de 2.000 spectateurs habillés en rouge, jaune et vert.

La deuxième activité, nous avons créé le concept ‘’Vivre dans la paix’’ avec Alpha Blondy, Capleton, Youssou N’Dour, Soprano et beaucoup d’autres vedettes dans le cadre de promotion de la paix et de la quiétude sociale en Guinée.

Aujourd’hui, nous avons décidé, grâce à l’expérience acquise en Amérique du Nord, plus précisément au Canada, de transformer tous ces concepts en un festival international dénommé le Festival International pour la Paix (FIPA).

Au regard du passé glorieux de la Guinée sur le plan culturel, il fallait que la Guinée aussi ait son festival international dans ce domaine. Car, la Côte d’Ivoire s’est fait un nom avec le Masa, Burkina Faso avec le Faspaco, etc. C’est pourquoi, dans le souci de vendre le pays sur le plan culturel et renforcer la paix à l’intérieur, nous avons décidé d’organiser la première édition du FIPA qui se tiendra à Conakry du 2 au 8 novembre 2014.

Conakryinfos : Pendant ce festival, on remarque que vous donnez une place de choix à la valorisation de la danse traditionnelle.

Justement, nous voulons inciter les jeunes à s’intéresser à la traditionnelle qui recèle de grandes potentialités culturelles. Vous savez, maintenant il y a plusieurs festivals en Guinée. C’est pourquoi, sur le terrain, il faut créer une différence dans ce domaine.

Ainsi, notre festival va se focaliser à 95% sur la danse traditionnelle vers laquelle il faut encourager les jeunes à aimer.

Hormis les danses traditionnelles comme le Yankadi, le Makourou, la danse des ballets…, nous avons aussi décidé d’instaurer dans le programme la danse contemporaine comme la danse hip-hop. Car, vous ne pouvez pas demander à un enfant qui est né à l’heure de Facebook de se comporter comme s’il était né en 1958. C’est impossible !

Voilà pourquoi je donne la chance à chaque jeune de faire son choix en matière de danse, parce que nous vivons une période libérale. Les gens sont libres de faire ce qu’ils veulent. Donc le FIPA sera un espace libre pour les jeunes de faire le choix entre les danses traditionnelles et modernes.

Conakryinfos : Quel sera le programme de la journée inaugurale du FIPA ?

Nous inaugurons le festival le 2 novembre 2014 par un méga-concert de danse hall et de reggae avec un artiste jamaïcain et un artiste guinéen Lyricson qui vit en France.

La deuxième partie du programme est la tenue des ateliers de formation qui auront lieu du 3 au 7 novembre 2014 dans la cour du Jardin 2 Octobre.

Chaque jour, de 9 heures à midi, les spécialistes et les formateurs en danse traditionnelle, notamment le yankadi, le Makourou, la danse Baga et tant d’autres, vont donner des cours de danse aux jeunes qui désireront apprendre la danse traditionnelle.

La troisième activité se déroulera sur l’esplanade du Palais du Peuple avec en compétition 50 groupes de danse (25 en danse traditionnelle et 25 danse moderne). Je rappelle que ces 50 groupes viendront des cinq communes de la capitale Conakry pour une compétition qui se déroulera chaque jour sur l’esplanade du Palais du Peuple, de 16 heures à 20 heures. Chaque jour, il y aura deux gagnants dont un en danse traditionnelle et un en danse moderne.

Tous les gagnants se retrouveront sur la grande scène de clôture dont je donnerai tout de suite les détails.

La quatrième activité est la prestation de 30 groupes confirmés de danse et de musique choisis par le comité d’organisation du festival. Du 3 au 7 novembre, ces groupes se produiront sur l’esplanade du Plais de 20 heures à 23 heures.

Et la dernière activité qui est le clou final, aura lieu le 8 novembre dans un méga concert avec le groupe P-Square du Nigeria, le plus grand groupe de Hip-hop d’Afrique, qui se produira sur scène en compagnie des dix groupes gagnants issus des cinq communes de Conakry. A cela s’ajoute 10 autres groupes sélectionnés par le comité d’organisation.

Ce grand événement se déroulera au stade du 28 septembre ou au stade de Nongo. C’est le lieu de dire que si les autorités guinéennes nous donnent la chance de le faire au stade de Nongo, je vous avoue que ça sera une aubaine pour la jeunesse guinéenne avec P-Square, un groupe de renommée mondiale.

Nous avons déjà entamé les démarches auprès de notre ministère des Sports. Je vous assure qu’elle est en train de faire de son mieux pour nous donner ce stade. Espérons qu’elle puisse réaliser son souhait de voir le groupe P-Square se produire au stade de Nongo.

Mais si sa volonté n’est pas exaucée, le concert aura lieu sur l’esplanade du Palais du Peuple, parce que dans le contrat avec le groupe P-Square, c’est écrit : le stade de Nongo ou l’esplanade du Palais du Peuple.

Conakryinfos : Les différents groupes de danse et de musique viendront-ils uniquement de Conakry ou des quatre régions naturelles du pays ?

Pour cette première édition financée à nos propres frais avec une co-production de ‘’Target Communications’’ de notre ami Azam et de certains sponsors qui vont nous aider, nous nous sommes uniquement limités aux groupes de Conakry pour pouvoir tenir le coût de cette première édition.

Mais dans les prochaines éditions, si les moyens nous permettent, nous allons étendre le festival aux autres régions du pays.

Conakryinfos : Comment se fera la sélection de ces différents groupes qui prendront part au festival ?

Les groupes professionnels sont choisis par le comité d’organisation, tandis que les groupes en compétition seront choisis par une fédération de professionnels de danse qui existe ici. Donc, pour le choix des différents groupes qui entreront en compétition, nous nous sommes référés aux associations de danse traditionnelle pour éviter d’être mal compris.

Conakryinfos : En marge du festival, TWM prévoit-elle d’autres activités ?

Bien sûr ! Pendant le déroulement du festival, nous allons profiter pour inaugurer officiellement notre nouveau siège situé dans le Jardin du 2 Octobre et lancer notre site Internet. Il y aura également la dédicace d’un livre biographique écrit par le doyen Djibril Kassonga de L’Harmattan Guinée. Cet ouvrage est intitulé ‘’Tidiane Soumah, l’enfant de Conakry’’.

Conakryinfos : Après la création de l’agence TWM en 1993, vous êtes parti vous installer à Montréal au Canada après des années de grand succès en Guinée. Qu’est-ce qui explique votre retour définitif au bercail depuis 2010 malgré les risques liés à l’époque (période de transition militaire) à cette prise de décision ?

C’est la Guinée qui a fabriqué Tidiane World Music qui a vu le jour en 1993. Mais nous menions nos activités culturelles depuis mars 1987 avec notre premier spectacle qui s’est déroulé dans la salle des fêtes de l’université de Conakry avec le label Unipros. Donc, toute ma carrière est bâtie sur la Guinée qui m’a fabriqué sur le plan académique et artistique. Il est normal d’y retourner pour apporter notre contribution dans son développement. Quand vous êtes en bonne santé, il ne faut pas attendre que vous soyez fatigué pour donner le coup de pouce à votre pays. C’est pourquoi j’ai décidé de retourner définitivement en Guinée pour apporter mon grain de sel dans le développement socioéconomique et culturel de mon cher pays.

Conakryinfos : Quel appel avez-vous à lancer aux autorités, aux mécènes et aux personnes de bonne volonté pour vous accompagner dans la réussite de l’organisation de la première édition du Festival international pour la paix (FIPA) ?

Écoutez ! Depuis notre retour au pays, on s’est battu de nous-mêmes pour offrir à ce pays les plus grands rendez-vous culturels malgré parfois les risques de manifestations politiques que vous connaissez dans le pays. On se met au-dessus de l’ethnie et de la politique pour que la Guinée avance.

Depuis notre retour au pays, de Magic System jusqu’à Kassav, nous avons organisé huit grands événements qui nous ont coûté au moins la bagatelle de 2 millions de dollars US. Pensez-vous qu’un producteur ou diffuseur de spectacles puissent réaliser tout cela ailleurs sans le moindre soutien de l’Etat ?

Je le dis aujourd’hui haut et fort que depuis mon retour au pays, la seule aide directe que j’ai bénéficiée vient du chef de l’Etat avec le rachat des tickets du concert de Alpha Blondy sur l’esplanade du Palais du Peuple. A cela s’ajoute l’aide apportée pour l’hébergement du groupe Kassav à Conakry. A part cette aide du président Alpha Condé, je n’ai pas encore reçu une aide venant d’une autre institution donnée.

Avec tout ce qu’on a fait pour le pays, je pense que le moment est venu pour apporter de l’aide à tout le monde. C’est le lieu de lancer un appel et un cri de cœur aux autorités, aux mécènes et aux sponsors, afin d’aider les promoteurs culturels que nous sommes à faire mieux.

Je ne peux terminer sans lancer une invite aux touristes et aux Guinéens vivant à l’étranger qui souhaiteraient visiter la Guinée. Je leur dis qu’ils peuvent séjourner en du 2 au 8 novembre 2014. Le Festival international pour la Paix de Conakry sera la plus grande foire de danse et de musique traditionnelle et contemporaine de Guinée. Vous aurez la possibilité de visiter toute la Guinée en sept jours, en un seul endroit et sur une seule scène.

Conakryinfos : Merci Tidiane.

C’est moi qui vous remercie,  Conakryinfos pour tout ce que vous faites  pour la promotion de la culture guinéenne.

Entretien réalisé par Boua Kouyaté

Tel: 669 85 20 20

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