[dropcap]U[/dropcap]n chef coutumier local du sud-ouest de la Sierra Leone a été condamné à six mois de prison ferme pour non-respect des règles contre Ebola. Il était notamment accusé avoir caché aux autorités locales et sanitaires des malades, a indiqué mardi 23 décembre à l’Agence France-Presse une source judiciaire. Cette décision est une première dans le pays.
Amadu Kargbo, un responsable de la chefferie de Bumpeh, dans la région de Moyamba, a par ailleurs été jugé pour avoir organisé et participé à des enterrements non sécurisés, a détaillé le président de la cour devant laquelle il a comparu, Foday Fofanah.
Selon celui-ci, contacté par téléphone depuis Freetown, l’accusé a lui-même reconnu les faits qui lui étaient reprochés et assuré devant la cour qu’il regrettait ses actes. Il purgera sa peine après une quarantaine de 21 jours, correspondant à la période maximale d’incubation du virus. Il lui a aussi été infligé une amende d’un million de leones (soit 189 euros).
« UN RÔLE DE DISSUASION »
D’après M. Fofanah et des résidents de la chefferie de Bumpeh, M. Kargbo a tu aux autorités la mort suspecte de son gendre, un phytothérapeute décédé cinq jours après avoir traité un malade présumé d’Ebola. Ce dernier n’a pas non plus survécu au virus.
Son épouse est également morte après avoir assisté à l’enterrement de leur gendre. Leur fille, tombée malade, a été recueillie par le couple chez qui elle est décédée puis a été inhumée en catimini.
Le patron de la chefferie, Charles Caulker, a regretté le comportement de l’accusé. Cependant, a-t-il assuré, le procès « nous a donné du courage » pour la lutte contre l’épidémie « il aura un rôle de dissuasion pour les autres ».
LAVAGE RITUEL DES CORPS
En un an, l’épidémie de fièvre hémorragique a fait près de 7 500 morts, essentiellement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée.
Le 5 décembre, le chef du Centre national de lutte contre Ebola (NERC) en Sierra Leone, Palo Conteh, avait menacé de prison les familles qui persisteraient à se livrer à des pratiques à risque, comme le lavage rituel des corps de victimes avant l’inhumation.
On estime généralement que ces rituels funéraires en vigueur en Afrique de l’Ouest jouent un rôle important dans la transmission du virus, les cadavres étant particulièrement contagieux.
AFP