C’est sans grande surprise que Karim Wade a été investi, ce samedi 21 mars, candidat officiel du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) à la prochaine élection présidentielle. Désigné par le bureau politique, avec 257 voix sur 268 votants, face à quatre autres candidats de second rang – trois autres s’étaient désistés à son profit en dernière minute –, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade savait pouvoir compter sur le soutien assumé de certains cadres importants comme Oumar Sarr, le coordinateur national, et avait bénéficié de la défection de plusieurs poids lourds initialement pressentis comme de possibles candidats, tels que l’ancien premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye ou le président du groupe libéral à l’Assemblée, Modou Diagne Fada.
Ce nouveau statut reste toutefois très virtuel quand on sait que l’intéressé, incarcéré depuis près de deux ans, sera fixé lundi 23 mars sur le sort que lui réserve la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Pas moins de trois obstacles majeurs sont en effet susceptibles d’entraver sa candidature lors de la prochaine présidentielle, laquelle pourrait se tenir en 2017 si le référendum que compte organiser Macky Sall sur la réduction de son mandat de sept à cinq ans est entériné par les électeurs en 2016. En premier lieu, une peine supérieure à quatre ans de prison confinerait Karim Wade derrière les barreaux jusqu’au lendemain du scrutin. Par ailleurs, ce dernier est également passible d’une privation de ses droits civiques – ce qu’a requis contre lui le procureur spécial de la Crei – qui rendrait, là aussi, sa candidature caduque. Enfin, disposant de la double nationalité française et sénégalaise, il ne remplit pas actuellement les conditions d’éligibilité imposées par la Constitution.
Dans ce contexte, les primaires de circonstance improvisées par le PDS en une quinzaine de jours semblent donc avoir un objectif principal : donner à sa condamnation pour enrichissement illicite – que chacun devine probable au vu du déroulement du procès et des peines requises par le Parquet spécial – une coloration éminemment politique. Au lendemain du week-end, ce n’est pas l’ancien ministre du Ciel et de la Terre ni le fils de l’ex-président qui serait condamné à une peine de prison ferme, mais le candidat officiel du principal parti d’opposition.
JA