Les ambassadeurs ou représentants de partenaires importants de la Guinée, dont l’Union européenne, les États-Unis, la Chine ou la France ont rencontré le chef de la diplomatie pour évoquer les restrictions à la liberté d’expression et à l’accès à Internet, la grave pénurie de carburant consécutive à l’incendie dévastateur de réserves sur le port de Conakry en décembre, ainsi que les grandes difficultés de fonctionnement que rencontrent leurs missions.
Dans les échanges, le diplomate allemand dit avoir du mal à travailler en dehors des locaux de l’ambassade. Devant le ministre des Affaires étrangères, Ulrich Meier-Tesch a avoué avec peine qu’il n’arrive plus à communiquer en dehors de l’ambassade.
» Dès que je suis en dehors de l’ambassade, je ne peux plus communiquer par e-mail, par WhatsApp, etc. C’est quelque chose qui gêne beaucoup dans le travail. J’ai quatre sur sept collègues qui roulent à l’essence, ils ont fait le mauvais choix. Une déjà doit arrêter de venir à l’ambassade, elle doit travailler de la maison parce que son réservoir est à plat. Si ça continue encore dans les deux prochaines semaines, ça risque de carrément arrêter le travail à l’ambassade, » a expliqué le diplomate allemand.
En ce qui concerne la liberté de la presse, il déplore le fait que les dirigeants guinéens cherchent à museler la presse. Une situation pour lui qui est un recul démocratique.
« Notre premier souci, c’est la situation de la liberté de la presse, la liberté des citoyens de s’informer. Ça s’est beaucoup endommagé. Ça donne une très mauvaise image à la Guinée. Les organisations internationales informent les gouvernements du monde entier, ça nuit beaucoup à l’image de la Guinée. Je suis l’un des ambassadeurs les plus anciens ici. J’ai vécu les restrictions fin 2019 début 2020 sous Alpha Condé. Malheureusement, je dois constater que la situation est pire, bien que le gouvernement de transition était venu avec la position d’améliorer la situation. Dans le domaine de la liberté d’expression, ce que le Gouvernement a décidé va plus loin que ce qu’Alpha Condé n’a jamais décidé. Personnellement, je trouve ça dommage« , a déploré le diplomate allemand.
» En ce qui concerne mon travail d’ambassadeur de France, je vois trois atteintes liées à cette situation qui me posent des difficultés. Je ne peux plus travailler depuis ma résidence avec mes moyens de communication dédiés avec le ministère. La deuxième, c’est que quand je suis dans mon véhicule de fonction, l’instrument qui m’a été donné par mon gouvernement, n’est pas opérant. La troisième, peut-être qui semble plus préoccupante, concerne les visas. Je travaille actuellement avec deux tunnels VPN dont l’un n’est pas opérant, ce qui fait que je suis à 50% de ma capacité de délivrance des visas. Je pense que c’est quelque chose qui parle à tout le monde et je suis persuadé que je ne suis pas la seule mission diplomatique dont la mission consulaire est en ce moment affectée et impactée par les mesures d’ordre général « , a déclaré pour sa part Marc Fonbaustier, ambassadeur de France en Guinée
Pour sa part, le ministre guinéen des Affaires étrangères Morissanda Kouyaté a justifié les restrictions d’accès à Internet par un « problème sécuritaire ». Dr Morissanda Kouyaté assure que cette situation affecte même la présidence de la République.
Adama Sira Bah