Le choix d’un imam par le Secrétariat général des affaires religieuses au poste de premier imam aurait mis le feu aux poudres entre les Sénégalais, propriétaires de ladite mosquée et les sages du quartier qui auraient voulu remplacer l’imam sénégalais par un Guinéen.
Selon un témoin, fidèle à la mosquée sénégalaise, les dissensions ont débuté le mercredi 25 mars dernier lorsque l’imam Elhadj Youssouf Camara était venu en compagnie d’une dizaine de jeunes du quartier pour diriger la prière de 17 heures ou Assr.
Surpris de l’arrivée des visiteurs, le conseil de mosquée composé de six imams (3 Sénégalais et 3 Guinéens) s’est farouchement opposé à la volonté du nouvel imam de diriger la prière en lieu et place des imams attitrés.
Interrogé par Conakryinfos, un membre du conseil de la Mosquée sénégalaise requérant l’anonymat indique que la discussion a été très houleuse entre les deux parties qui auraient même échangé des coups de poings au grand dam des fidèles venus accomplir l’une de leurs obligations religieuses dans cette mosquée, très proche du grand marché de Kaloum (Marché Niger) et de plusieurs bureaux de l’administration publique et privée.
‘’Quand El hadj Youssouf Camara est venu mercredi avec ses hommes pour diriger la prière de 17 heures, le conseil de mosquée s’est catégoriquement opposé à sa présence et surtout à sa volonté d’être le premier imam de la Mosquée sénégalaise de Kouléwondy. Malgré leur détermination, les membres du conseil se sont montrés plus déterminés qu’eux. Finalement, il n’y a pas eu de prière dans la mosquée malgré une présence massive de fidèles dans la mosquée’’, a-t-il expliqué.
A la question de savoir si Elhadj Youssouf Camara a été désigné par le Secrétariat général des affaires religieuses comme le premier imam de la Mosquée sénégalaise, notre source rejette par le revers de la main cette version.
‘’S’il (El hadj Youssouf Camara) était choisi par le Secrétariat général des affaires religieuses, on serait officiellement informés de sa désignation. Une chose qui n’est pas du tout le cas.’’, a-t-il rappelé.
Selon notre interlocuteur, El hadj Youssouf Camara a été un passé très sombre pour avoir été chassé de la mosquée du quartier Tombo, où il aurait dirigé des prières dans le passé.
L’incompréhension entre les deux parties a conduit les autorités à ordonner la fermeture de la mosquée jusqu’à nouvel ordre en montant devant la rentrée principale un pick-up de police.
De sources concordantes, la Mosquée sénégalaise a été fondée en 1919 par les cheminots sénégalais qui auraient acheté la parcelle sur laquelle est bâti l’édifice pour accomplir leurs obligations religieuses.
‘’Jusqu’à nos jours, la Mosquée sénégalaise reste et demeure la propriété de la communauté sénégalaise vivant en Guinée’’, précise un habitant du quartier de Kouléwondy qui rappelle que ce lieu de culte a été récemment rénové par un entrepreneur sénégalais vivant en Guinée.
Les dissensions entre la communauté sénégalaise de Conakry et les habitants du quartier Kouléwondy ne sont pas à leur début. Le vendredi 4 juillet 2014, une vive tension est née entre ces deux communautés autour de l’imamat de cette mosquée où le wolof et le soussou étaient les deux dialectes parlés dans les différents sermons des imams.
Ce différend a contraint les Sénégalais à prier à part, et les habitants du quartier à prier à part au grand dam des fidèles venus ce jour accomplir leur obligation religieuse dans cette mosquée très convoitée du centre-ville de Conakry.
En attendant l’intervention des autorités religieuses du pays pour trancher entre Sénégalais et Guinéens dans la gestion de la Mosquée sénégalaise, ce lieu de culte fréquenté chaque jour par des milliers de fidèles musulmans, restent toujours fermé au public sous une haute protection policière.
Boua Kouyaté
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Conakryinfos.com