Dans un entretien accordé à Conakry Infos ce jeudi 14 décembre 2023, le chef de service adjoint de l’État civil de la Mairie de Ratoma s’est exprimé sur les taux de naissance, de décès et de mariage dans l’une des plus grandes communes de la capitale guinéenne.
Selon cet officier de l’État civil, de janvier 2023 au 30 novembre de cette année, son service a enregistré plus de 10 mille naissances directes. En plus des naissances directes, ils ont également émis des actes de naissance à travers les jugements supplétifs.
« Pour l’année 2023, à commencer du 1er janvier 2023 jusqu’au 30 novembre 2023, je peux vous donner le nombre de naissances enregistrées. Donc, en naissance directe, c’est-à-dire ceux qui sont nés de 0 à 2 mois et qui sont déclarés ici. Nous avons enregistré 11 476 du 1er janvier au 30 novembre 2023. Et on a régularisé, c’est-à-dire à travers un jugement supplétif de naissance. Parce que dès que tu dépasses deux mois, l’article 201 du code dispose qu’il faut aller au tribunal faire un jugement et le transcrire à la commune. Donc, à ce jour, on a transcrit 17825 jugements supplétifs ajoutés aux naissances directes. » A-t-il déclaré.
Ensuite, pour le chef de service adjoint de l’État civil, le dépôt des dossiers relatifs au recrutement massif initié par le gouvernement a augmenté le nombre de personnes demandeurs d’acte de naissance dans sa commune.
« En d’autres termes, comme vous avez suivi avec nous, avec la politique de l’État pour recruter les gens à la fonction publique. Il fallait faire des extraits numériques, étant entendu que depuis le 20 du mois de juillet 2020, on a lancé ici une campagne de numérisation des actes de naissances. De ce jour jusqu’à nos jours, on a produit 91096 actes de naissances. Dès que la campagne a été lancée, en seulement au mois de novembre, on a fait près de 11 000 actes », a affirmé M. Souaré
Contrairement aux naissances dites directes, Aliou Souaré dit avoir célébré plus de 2 000 mariages et s’attend à plus. Parce que selon lui, on enregistre plus de mariages en fin d’année que pendant les 11 premiers mois de l’année.
« Nous avons célébré 2652 mariages et ne soyez pas étonnés, peut-être, nous serons à 3000 mariages parce qu’en fin d’année, habituellement, il y a beaucoup de mariages », a dit M. Souaré.
Si l’on a enregistré un nombre important de naissances, de mariages courant cette année, le nombre de déclarations des cas de décès reste insignifiant.
« En ce qui concerne les décès, on a enregistré 164 décès seulement compte tenu que, c’est une difficulté. Les gens n’aiment pas déclarer naturellement les décès », a déploré Aliou Souaré.
Parlant de l’importance de l’acte de naissance pour les citoyens, l’officier de l’État civil soutient que ce document est d’une importance primordiale pour eux.
« L’importance de l’acte de naissance est énorme, voire primordiale. Il est le passeport de l’être humain sur terre. Si tu n’es pas identifié par un acte de naissance, c’est comme si tu n’avait pas existé, ça, c’est clair et net. Maintenant, son importance est variée, parce que tu ne peux pas soumissionner à un travail sans qu’on ne te demande un extrait de naissance, tu ne peux pas entrer à l’école sans un extrait de naissance, tu ne peux pas hériter sans un extrait de naissance, tu ne peux pas jouir de tes droits puisque l’État a le droit de donner à tous les citoyens de L’eau, de l’électricité, la voirie et tous les services publics que vous connaissez. L’État se base sur les citoyens qui existent pour planifier le développement du pays. Maintenant, tous ceux qui ne sont pas enregistrés dans un registre de l’État civil, ils contribuent à ronger les plans de développement socio-économique de l’État. Parce qu’ils ne sont pas tenus en compte dans la population totale. Et c’est à partir de la population totale qu’on peut calculer, dans 10 ans, 20 ans, nous serons combien, projeter un plan de développement, comment leur donner du courant, de l’eau, déroute et tout ce qui s’ensuit. Ça, c’est un danger, si les gens ne prennent pas leur acte de naissance, ils font rater à l’État toute sa politique de développement économique. » A-t-il soutenu.
En plus des activités de leur service, Aliou Souaré a soulevé des difficultés auxquelles ils sont confrontés sur le plan infrastructurel, mais également sur le courant électrique.
« Les difficultés rencontrées sont énormes. Il y a d’abord l’interruption répétitive du courant étant donné que nous n’avons pas de source d’énergie. On n’a pas des outils informatiques suffisants, on n’a pas de locaux adéquats pour pouvoir recevoir toute la population. On a besoin du service de l’État, on a beaucoup de demandes, mais pas de locaux pour recevoir tout ce monde. », a signalé M. Souaré.
Plus loin, l’officier de l’État civil de la Mairie de Ratoma s’est intéressé à la difficulté liée à la conformité des informations contenues dans le diplôme et l’acte de naissance de certaines personnes.
« Il y a un projet appuyé par l’ENABEL pour la digitalisation des documents déjà existants, puisque le problème de conservation des archives fait défaut en général dans toute la République, mais à travers l’appui du ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation et les partenaires, notamment l’Union européenne à travers l’ONG ENABEL, on est en train de digitaliser beaucoup d’actes. Actuellement, on est à plus de 50 mille actes migrés dans ce système pour les archiver, donc ils sont digitalisés. Il n’y a pas mal de vision pour essayer d’identifier les personnes, pour que toi, tu ne sois pas double comme le fait l’école. Parce que les 80 % de nous tous avons nos extraits de naissance gâtés par l’école, parce qu’on augmente soit le nom du village, soit le nom du père ou de la mère, ou encore les chiffres comme 1, 2. Étant donné que l’acte que les parents avaient défini ne comportait pas cela. Donc, cela nécessite des jugements rectificatifs de l’État civil parce que le plus souvent, ce qui se trouve dans ton diplôme et ce qui se trouve dans ton extrait sont différents. Quand on numérise les actes, on ne tient pas compte du diplôme, mais plutôt de l’extrait d’acte de naissance que tu nous as présenté. Il y a incompréhension au niveau des structures qui utilisent les actes de naissance, donc il faut harmoniser à un certain moment tout ça au sein de l’État. », a expliqué Aliou Souaré.
Ibrahima Sory Soumah et Adama Sira Bah