Quelques heures après l’attaque contre la maison d’arrêt de Conakry qui a permis l’extraction des principaux accusés (le capitaine Moussa Dadis Camara, les colonels Moussa Thiégboro Camara, Claude Pivi et Blaise Goumou) dans le procès criminel des événements malheureux du Stade du 28 septembre en 2009, les autorités militaires ont décidé de radier ces officiers supérieurs des effectifs des forces armées guinéennes.
Pour l’avocat de Moussa Thiégboro Camara, joint au téléphone par la rédaction de Conakryinfos.com, cette décision de radiation de son client n’est qu’un abus de pouvoir, il pense qu’il n’était pas juste de prendre une telle décision pendant qu’une enquête est en cours : « La décision qui a été prise est une décision d’autorité, c’est une décision illégale, parce qu’à partir du moment où une enquête est en cours, on aurait dû attendre les résultats de cette enquête avant de prendre quelconque décision que ce soit. On aurait compris si c’était une décision de suspension en attendant la fin de la procédure », a regretté Me Jean Moussa Sovogui.
les faits qui lui sont reprochés devant le tribunal criminel, il me semble que ces faits-là sont plus graves que le fait de tentative d’évasion
Poursuivant, l’avocat de l’ex-secrétaire d’État chargé des services spéciaux pour la lutte contre la drogue et le grand banditisme à l’époque du CNDD, pense qu’à la place de la radiation automatique de son client, il aurait compris qu’on lui suspend. Par ailleurs, il se demande pourquoi les autorités actuelles de la Guinée n’ont pas pris cette décision à l’entame du procès criminel qui est en cours : « On aurait aussi compris si cette décision de radiation était intervenue juste au lendemain du renvoi de mon client devant le tribunal criminel, parce que les faits qui lui sont reprochés devant le tribunal criminel, il me semble que ces faits-là sont plus graves que le fait de « tentative » d’évasion, on aurait dû prendre cette décision en ce moment-là. Nous ne comprenons pas pourquoi c’est maintenant que cette décision de radiation intervient alors qu’une procédure a été engagée, c’est pourquoi nous allons tout de suite engager une procédure devant la Cour suprême, un tribunal pour excès de pouvoir, nous estimons que c’est un abus de pouvoir et nous sommes convaincus que nos moyens devant cette juridiction vont prospérer », a fustigé Me Sovogui.
Parlant de la thèse d’enlèvement, l’avocat dit être le premier à soutenir cette idée parce qu’il a été le premier à chercher à localiser son client pour le ramener dans sa cellule : « J’ai été le premier à parler d’enlèvement, je suis le premier à chercher où se trouvait mon client, il m’a donné sa position et puis il est revenu. J’étais le premier à parler d’enlèvement, c’est un enlèvement suivi d’une séquestration, de la mise en danger de sa vie, de violence et de voie de fait », a-t-il soutenu.
Parlant de l’identité des personnes qui se sont introduites à la maison centrale de Conakry, Me Sovogui répond que c’étaient des personnes en tenues militaires qui ont »enlevé »son client : « Il ne les connaît pas, ce sont des inconnus, ils arboraient des treillis de tenues militaires, précisément de l’armée de terre, c’est tout » a affirmé l’avocat de Thiégboro Camara.
Enfin, l’avocat de Moussa Thiégboro Camara n’a pas souhaité se prononcer sur les accusations qui pèsent sur son client devant le tribunal militaire parce que les instructions sont encore en cours et que lorsque les choses vont avancer, il se prononcera largement dessus. Et il annonce avoir porté plainte pour enlèvement et séquestration de son client contre X.
Ibrahima Sory Soumah Pour Conakryinfos.com