Les travailleurs d’Orange Guinée dans son volet Orange-Money vont aller en grève à compter du 1er décembre 2023. Invité de la semaine de Conakry Infos, Mamadou Aliou Fatima Bah, Secrétaire administratif du syndicat national des acteurs de la monnaie électronique en Guinée, prévient qu’Orange-Money va cesser les activités sur toute l’étendue du territoire national si aucun terrain d’entente n’est trouvé.
Ces agents reprochent à la société Orange Guinée d’avoir baissé leur commission dans le transfert d’Orange Money. Dans leur plateforme revendicative, ils exigent une augmentation des taux de commission de 40 % au niveau Orange Finance mobile Guinée, et la suppression de 5 % des impôts prélevés par l’État.
Conakry Infos : qu’est-ce qui vous oppose à la Société orange guinéenne ?
D’abord, au mois d’août dernier, la société OFMG (Orange Finance Mobile) nous a informé d’une diminution en perspective des frais de retrait. Sur ce, à notre rencontre, nous avons discuté de comment cela va se faire. Parce que lorsque les frais de retrait sont diminués, cela peut impacter les commissions que nous gagnons. Après notre discussion, nous avons convenu que nous allons faire quelques recommandations avec la société, mais cela est resté comme ça jusqu’à la veille de la diminution et Orange nous a encore invité pour nous demander de déposer un mémo. C’était le 06 et le 09, le DG de OFMG a tenu une conférence de presse disant qu’il y a une diminution à partir du 10, cette diminution est venue sans tenir compte de nos préoccupations, c’est-à-dire nos recommandations, alors que c’est eux qui ont demandé à ce qu’on fasse des recommandations, comme ça cette diminution n’aurait aucun impact sur nos commissions. Alors imaginez notre ressenti, puisqu’on ne gagne rien, ayant travaillé pour la société, pour le distributeur et pour l’État. Normalement, on travaille pour gagner quelque chose, sinon, on abandonne et on cherche autre chose.
Conakry Infos : Vous avez lancé une plateforme revendicative à la société Orange, qu’est-ce qui est mentionné dans cette plateforme ?
Nous demandons à la société une augmentation du taux de commission de retrait de 40 % et une augmentation du taux de commission de dépôt de 0,33 %. C’est ce que nous avons demandé à Orange. À l’État, nous avons demandé un allégement fiscal, l’annulation du prélèvement des 5 % de la loi rectificative. C’est ce qui sont nos points de revendications.
Conakry Infos : à quand va finir ce préavis de grève ?
Normalement, ça doit finir le 30 novembre et le 01 décembre la grève commence.
Conakry Infos : est-ce que vous avez eu des consultations avec la société Orange depuis le lancement de votre préavis de grève ?
Déjà, il y’a des rencontres en perspective, même hier, nous étions avec l’association des consommateurs, nous avons eu une rencontre avec eux, avant-hier, nous étions à la FESABAG, c’est-à-dire notre fédération, la structure à laquelle nous sommes affiliés et déjà, à partir du lundi, nous sommes convoqués à l’inspection générale du travail avec Orange et les distributeurs. Nous irons discuter par rapport à ce qu’il faut.
Conakry Infos : vous êtes combien dans cette situation ?
Nous sommes plus de 100.000 jeunes qui gérons cette activité. L’ampleur est trop grande. Donc, si nous n’arrivons pas à nous entendre, on risque de mettre en péril 100.000 employés qui vont se retrouver au chômage.
Conakry Infos : Si d’ici le 30 novembre, un terrain d’entente n’a pas été trouvé entre vous et la société Orange, quelle sera la suite ?
Bien d’abord, les citoyens, si y’a pas eu d’entente, c’est d’arrêter toutes opérations liées à Orange Money. Que ça soit dépôt, retrait, les transferts de crédits. Parce que nous allons inviter tous les points de vente à l’arrêt systématique de tous les services liés à la société Orange. Donc, pour ne pas avoir de difficultés à stoker son argent dans Orange Money, le mieux c’est de les retirer dès maintenant.
Conakry Infos : quel est votre dernier mot ?
Je vais d’abord m’adresser à mes collègues des points de vente, à une solidarité absolue. C’est quand nous sommes ensemble que nous pourrons vaincre. Si nous nous battons en étant dispersés, cela ne va pas nous servir.
Le 1er point, je vais m’adresser à l’État. Aujourd’hui, l’État est en train de nous sucer puisque vraiment, ils font un prélèvement d’abord de 18 % sur nos commissions qui disent la TVA et un prélèvement qui est de 5 % de la loi rectificative. Cela veut dire que l’État prélève sur nos commissions 23 % et ce sont eux qui sont sensés défendre la population. Donc, nous leur prions qu’ils fassent cet allègement fiscal, peut-être en se concentrant sur les 18 % et annulant les 5 % sur nos commissions.
Maintenant, aux distributeurs, ils n’ont qu’à savoir qu’ils ne vont gagner que si nous travaillons. Puisque, comme ils aiment le dire, c’est le client le patron des distributeurs et nous sommes les clients des distributeurs malgré que nous ayons d’autres clients.
Donc, de nous accompagner, qu’ensemble nous puissions combattre pour défendre nos intérêts communs.
Conakry Infos : Merci beaucoup de nous avoir accordé votre temps.
Interview réalisée par Sam Bantignel et Adama Sira Bah