Non, on ne parle pas en N’ko, on lit en N’ko: l’analyse du Salameur

Ces dernières semaines et mois ont été émaillés par beaucoup d’amalgames autour de certains sujets à porté sociétale et linguistique à la fois. Depuis ma zone d’observation, mon constat a révélé plusieurs confusions dans les différentes réactions qui fusaient de partout sur la question du N’ko.

Spécifiquement, le débat est parti de l’arrestation du chroniqueur religieux Nanfo Ismaël Diaby, pour avoir conduit une prière en N’ko (pour certains) et en malinké (pour les autres). Un débat religieux sur lequel je ne donnerai ma position ici parce que ce n’est pas l’objet de cet écrit.

Mais, en tant qu’observateur ce qui, pour moi, a le plus attiré mon attention, est ce côté linguistique sur lequel chacun s’est invité et a commenté selon sa guise et sa compréhension.

Au-delà de la vision subjective qui est donnée à ces différentes sorties sur la question, les questions qu’on devrait se poser sont :

Le N’ko est-il une langue ou une écriture ? Quelle justification ?

En répondant à ces interrogations, chacun aurait eu d’amples informations et le jeu violent se serait calmé en un laps de temps. Mais, ce n’est nullement perdu car cet écrit détaillera ce qu’il y a à savoir autour de ce sujet d’intérêt intellectuel.

Au premier abord, je voudrais édifier sur ce que c’est qu’une langue. Comme vous le savez, toute entité humaine ou chacun de nous, singulièrement, a besoin de se faire entendre, de communiquer avec son milieu, son entourage et ses semblables. Pour ce faire, pour assurer ce besoin, les humains, dès le départ, ont créé des signes qui sont entre autres articulés et propres à une communauté donné. Et, donc, ces signes qui sont non graphiques mais vocaux, représentent la langue pour ladite communauté. Partant de ce détail, nous déduirons que la langue est un instrument vocal dont la fonction principale est la communication à l’intérieur d’une communauté humaine. Et, chaque langue est une manière de décrire, à l’aide des signes que nous appelons « mot », l’expérience d’une communauté à des fins de communication. Ces signes forment un système conventionnel; on peut les combiner en respectant certaines règles toutes aussi conventionnelles qu’on peut apprendre par l’éducation. Bref, la langue est donc un code utilisé par un groupe humain, elle a un caractère social.

Deuxio, parlons de l’écriture. Est-elle sociable à la langue ?L

 

 

L’écriture en linguistique, est un système de représentation graphique d’une langue, au moyen de signes ou de caractères gravés ou écrits sur un support. Autrement dit, c’est une méthode de communication humaine qui se réalise à l’aide de signes visuels qui constituent un système. Donc, elle est la représentation de la parole et de la pensée par des signes graphiques conventionnels. D’où la convergence ? Oui! L’écriture est sociable à la langue puisqu’elle est sa représentation graphique. Et, leur convergence se trouve dans leur caractère  » conventionnel « .

A ne pas confondre la langue et l’écriture.

Chacune d’entre les deux termes à un caractère spécifique. La différence s’explique par cette affirmation de Ferdinand De Saussure dans son cours de linguistique générale : « Langue et écriture sont deux systèmes de signes distincts ; l’unique raison du second est de représenter le premier ; l’objet linguistique n’est pas défini par la combinaison du mot écrit et du mot parlé ; ce dernier constitue à lui seul cet objet ».
Donc, pour le cas spécifique du N’ko, voyons. Il y a-t-il une communauté guinéenne ou dans le monde qui a pour langue « N’ko ? Si oui, alors posons nous la question sur le pourquoi l’alphabet phonétique international (API) n’est pas décrété comme une langue. A la base, le N’ko et l’API ont la même fonction : représenter graphiquement les langues du monde. Et, donc, nous lisons ce qui est écrit en N’ko; en le faisant, nous parlons inconditionnellement la langue qui est transcrite en N’ko.

Pour terminer, je profite pour signifier que le Malinké est le locuteur du maninkakan (langue), le Soussou est aussi le locuteur du Sossokhoui (langue)….

Bonne lecture et compréhension à chacun de vous.
Ibrahima Sory SYLLA, votre SLAMEUR