[dropcap]Q[/dropcap]uarante-cinq églises ont été incendiées samedi à Niamey durant les émeutes contre la caricature de Mahomet publiée la semaine dernière par l’hebdomadaire français Charlie Hebdo, a annoncé lundi la police nigérienne.
Outre les cinq morts annoncés par le président Mahamadou Issoufou samedi, les manifestations ont fait 128 blessés, dont 94 au sein des forces de sécurité et 34 parmi les manifestants, a détaillé M. Toro, qui a fait état de l’interpellation de 189 personnes, dont deux mineurs.
« Le drapeau français a été également brûlé lors de cette manifestation anti-Charlie à Niamey », a regretté le porte-parole.
Par ailleurs, quelque 300 opposants, à l’appel de dirigeants de l’opposition, avaient bravé dimanche matin l’interdiction des autorités pour marcher à Niamey. Des échauffourées se sont produites entre les protestataires et les policiers anti-émeute venus les disperser.
Le gouverneur de Niamey a annoncé dimanche soir 90 arrestations parmi les manifestants. Les médias locaux font état de leaders de l’opposition parmi les interpellés.
Les émeutes anti-Charlie avaient fait en outre cinq morts et 45 blessés vendredi à Zinder (la 2e ville du pays, dans le sud-est), où le Centre culturel franco-nigérien et plusieurs églises ont été incendiés.
Le ministre de l’Intérieur Hassoumi Massoudou avait dénoncé la présence d’étendards du groupe islamiste nigérian Boko Haram dans les manifestations de Zinder, une ville proche du Nigeria.
Des « similitudes » ont été relevées entre les manifestations anti-Charlie de vendredi à Zinder, de samedi à Niamey et de l’opposition dimanche dans la capitale, où « des étendards de Boko Haram ont été aperçus », a affirmé lundi le porte-parole de la police Adily Toro.
« Il n’y aucun lien » entre les deux types de manifestations, « ce sont deux choses totalement différentes qui n’ont rien à voir », ont objecté dimanche deux leaders de l’opposition.
La marche politique était prévue de longue date et ne pouvait être considérée comme de la « récupération » de la colère face à l’hebdomadaire français, ont-ils affirmé.
Le président Issoufou, dans son discours à la nation samedi soir, a demandé aux « responsables de l’opposition » de « s’abstenir de toute instrumentalisation de la religion à des fins politiques ». Président d’un pays à 98 % musulman, il avait participé à la Marche républicaine du 11 janvier à Paris, après l’attaque terroriste qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo.
« L’opposition tente de tirer profit de cette grogne, et de faire caisse de résonance avec la problématique Charlie », avait analysé dimanche une source locale.
AFP