Marcel Guilavogui : « Je jure devant Dieu, je n’ai ni tué, ni blessé, ni violé au stade.»

Marcel Guilavogui, ancien aide de camp adjoint du capitaine Moussa Dadis Camara, a fermement nié mardi, lors de son intervention devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la Cour d’appel de Conakry, toute implication dans la préparation et l’exécution des événements survenus le 28 septembre 2009 au stade du même nom à Dixinn, en banlieue de Conakry.

Reconnaissant s’être rendu au stade le jour des atrocités, Marcel Guilavogui affirme n’avoir vu aucun corps et encore moins causé la mort d’un manifestant pendant le court laps de temps qu’il a passé au stade le 28 septembre. « Je me suis effectivement rendu au stade, mais je n’y suis pas resté longtemps. Je n’ai pas vu de corps quand j’étais là-bas. S’il y avait eu des morts ou des viols à ce moment-là, je ne les ai pas constatés (…). », a-t-il déclaré dans une ambiance à la fois détendue et empreinte de colère envers le capitaine Moussa Dadis Camara.

Répondant à l’une des questions du tribunal sur son degré d’implication dans la planification et l’exécution des atrocités du 28 septembre 2009, Marcel Guilavogui clame son innocence, accusant le capitaine Dadis Camara d’être le principal instigateur du massacre des opposants au stade de Conakry.

« Je jure devant Dieu ! Je n’ai ni tué, ni blessé, ni violé au stade. Je ne suis pas de ce genre. L’homme qui se tient devant vous est plutôt un sauveur. Toute ma promotion peut témoigner de mon opposition à tout militaire indiscipliné, à tout militaire voyou. Si je voyais un caporal dans un pick-up, je lui demanderais d’où il a trouvé l’argent pour acheter ce véhicule. Non, ce n’est pas la garde présidentielle (…). », a-t-il indiqué, invitant le capitaine Dadis à dire toute la vérité sur ces incidents malheureux.

« Je veux être clair : c’est le président Dadis Camara qui a planifié le massacre du 28 septembre au stade de Conakry. Il doit assumer ses responsabilités afin que nous obtenions justice. C’est lui qui a validé ce massacre. J’ai énormément souffert à cause de cela. J’ai passé 14 ans en prison pour rien, alors que je suis innocent. C’est lui qui a habillé les jeunes soldats et les a envoyés au stade. Nous ne sommes pas des instructeurs pour connaître les hommes de Kaléyah. Parmi les personnes présentes au stade, il y avait des femmes bien habillées (…). », a soutenu Marcel Guilavogui, qui avait initialement nié toute implication dans le massacre du 28, en affirmant avec force qu’il s’était simplement rendu sur les lieux.

Depuis la reprise des audiences du tribunal criminel de Dixinn à la Cour d’appel de Conakry, Marcel Guilavogui a choisi de prendre la parole pour exprimer sa version des faits concernant ce massacre qui, selon un rapport de l’ONU, a fait plus de 156 morts en 2009.

 

Mohamed Sylla