Le Vatican a officiellement autorisé lundi 18 décembre la bénédiction des couples de même sexe à condition qu’elle soit effectuée en dehors des rituels liturgiques, une première sur cette question qui cristallise les tensions au sein de l’Église catholique.
Approuvé par le pape François, le document du puissant dicastère (ministère) pour la Doctrine de la foi ouvre la voie à la bénédiction par des prêtres de couples « irréguliers » aux yeux de l’Église, qui incluent les divorcés remariés et les personnes non mariées.
« Il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe, sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales, afin de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage », affirme le document de huit pages publié en plusieurs langues par le Vatican.
Cette bénédiction « ne sera jamais accomplie en même temps que les rites civils d’union, ni même en relation avec eux », précise-t-il en rappelant que le sacrement du mariage reste, lui, exclusivement réservé aux couples hétérosexuels.
Généralement effectuée par un prêtre, la bénédiction « consiste à invoquer la bienveillance divine sur une personne ou une assemblée », selon la définition de l’Église catholique.
Si elle considère les relations homosexuelles comme un péché, c’est la première fois que l’Église ouvre la voie aussi clairement à la bénédiction des couples de même sexe, un sujet qui suscite une vive opposition de sa frange conservatrice, notamment aux États-Unis.
Malgré la non reconnaissance du Saint-Siège, la bénédiction des couples de même sexe était toutefois déjà pratiquée jusqu’ici par certains prêtres, notamment en Belgique et en Allemagne, y compris à l’église.
Une « avancée majeure »
Cette décision « clarifie les choses car il y avait un flou sur cette question », explique à l’AFP Mgr Patrick Vadrini, canoniste et professeur émérite à l’université pontificale du Latran, à Rome.
« En même temps qu’elle définit de grandes normes générales, l’Église laisse les moyens à ceux qui ont le contact direct avec les personnes d’évaluer dans quelle mesure on applique la norme. On s’adapte aux personnes », ajoute-t-il.
Le prêtre américain James Martin, connu pour son engagement en faveur des fidèles LGBT+, a pour sa part salué sur X (ex-Twitter) « une avancée majeure dans le ministère de l’Église auprès des personnes LGBT+ » qui « reconnaît le profond désir de nombreux couples catholiques de même sexe de voir Dieu dans leurs relations amoureuses ».
Ce changement doctrinal pourrait accentuer l’ire d’une frange traditionnelle de l’Église, alors que certaines voix conservatrices ont multiplié les critiques vis-à-vis de la gouvernance du pape argentin en disant craindre un dévoiement de la doctrine et une perte de repères.
Il intervient d’ailleurs six semaines après la clôture de l’Assemblée générale du Synode pour l’avenir de l’Eglise catholique, une réunion mondiale consultative lors de laquelle évêques, femmes et laïcs ont débattu sur des sujets de société comme l’accueil des personnes LGBT+ ou des divorcés remariés.
Début octobre, cinq cardinaux conservateurs avaient publiquement demandé au pape François de réaffirmer la doctrine catholique sur les couples gays, mais le document final du Synode avait laissé cette question brulante de côté.
En 2021, le Vatican avait réaffirmé considérer l’homosexualité comme un « péché » et confirmé l’impossibilité pour les couples du même sexe de recevoir le sacrement du mariage.
Le pape François, ardent défenseur d’une Église « ouverte à tous », a tendu à plusieurs reprises la main à la communauté LGBT+, sans pour autant remettre en cause la doctrine catholique sur le mariage ou l’adoption.
« Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? », avait-il déclaré en 2013, quelques mois après son élection.