[dropcap]A[/dropcap]près Fidel Castro l’année dernière, c’est au tour du dictateur zimbabwéen de recevoir cette récompense, autrement nommée prix Confucius de la paix, qui se veut une alternative chinoise au prix Nobel.
«S’il (Mugabe) n’était pas arrivé au pouvoir en 1980, quel talent aurait été gâché!», s’est exclamé Qiao Damo, fondateur de l’obscure organisation qui décerne ce prix, pointant sa capacité à «stabiliser le Zimbabwe» en établissant «un ordre (…) bénéfique au peuple», mais aussi à «promouvoir la paix en Afrique» en occupant la présidence tournante de l’Union africaine.
De quoi faire enrager les ONG de défense des droits de l’homme et l’opposition zimbabwéenne, qui n’ont de cesse de dénoncer la brutale répression menée par Mugabe contre ses détracteurs et l’effondrement économique résultant de son arbitraire politique. «Mugabe, tel que nous le connaissons et tel que les Zimbabwéens en ont fait l’expérience, est un va-t-en guerre et un sadique qui se délecte de la misère de son peuple», a déclaré Gorden Moyo, secrétaire général du Parti Démocratique populaire (mouvement d’opposition) sur le site d’informations Bulawayo24.
Le prix Confucius a été créé en 2010, après la remise du prix Nobel de la paix au dissident chinois emprisonné Liu Xiaobo, une distinction qui avait provoqué la fureur de Pékin. Une organisation, le «Centre chinois d’études internationales pour la paix», officiellement non reliée au gouvernement, avait alors décidé de décerner sa propre récompense. L’objectif affiché était de créer une alternative «asiatique» à un Nobel «trop extrême et ne reposant pas sur des faits objectifs». Le prix Confucius sera, cette année, accompagné d’une récompense de 500.000 yuans (69.000 euros), financée par un homme d’affaires dont Qiao Damo n’a pas voulu communiquer le nom. Un silence qui ne fait qu’aviver la polémique qui entoure l’attribution de cette récompense.
Le Monde