[dropcap]L[/dropcap]e sourire était de rigueur à l’aéroport d’Abidjan parmi les passagers du premier vol d’Air Côte d’Ivoire, la compagnie nationale ivoirienne, en provenance de Guinée, après plus de deux mois de suspension par crainte d’une propagation du virus Ebola.
« Ca nous fait plaisir de revenir chez nous », s’est réjoui Jean-Louis Fernandez, un Ivoirien parti pour trois semaines de vacances en Guinée… finalement contraint d’y passer trois mois du fait de la fermeture des frontières.
La Côte d’Ivoire, qui ne déplore aucun cas d’infection à Ebola malgré sa proximité avec l’épidémie, avait décidé le 11 août de suspendre tous les vols avec les pays touchés par le virus, alors que celui-ci prenait de l’ampleur au Liberia.
Douze jours plus tard, elle avait fermé ses frontières terrestres avec ce pays, ainsi qu’avec la Guinée, deux voisins. La mesure est encore en vigueur, même si les autorités ont annoncé début septembre l’ouverture de couloirs humanitaires.
La fermeture des frontières a toutefois provoqué une levée de boucliers au sein des Etats visés, qui ont fortement critiqué l’absence de solidarité entre pays africains, qui se disent pourtant frères.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est également prononcée à maintes reprises contre cette mesure, qui étouffe économiquement les Etats touchés par Ebola.
Fin septembre, le président Alassane Outtara a donc annoncé qu’il « envisageait » une « reprise du trafic aérien » avec les pays voisins « dès la semaine (suivante) ».
– Mesures renforcées –
Les mesures de prévention ont toutefois été renforcées. Dès leur arrivée, tous les passagers sont soumis au lavage des mains en vigueur depuis le début de l’épidémie, avant la prise de température par un scanner thermique, a constaté l’AFP.
Avant cette étape, ils doivent remplir des fiches de renseignement qui seront consignées dans un logiciel permettant aux autorités sanitaires de garder le contact avec eux afin de surveiller leur état.
Le personnel de bord « porte des gants », ainsi que « des bavettes si d’aventure cela s’avère nécessaire en cas d’éventuel suspicion », a rassuré la ministre de la Santé, Raymonde Goudou-Coffie, ajoutant que des messages de prévention étaient diffusés durant le trajet.
« Toutes ces mesures ne gênent pas tant qu’elles peuvent rassurer les Ivoiriens », a observé Mohamed Camara, un Guinéen qui n’a pas vu sa famille à Abidjan depuis deux mois.
La desserte de Conakry se fera trois fois par semaine, quand une rotation Abidjan-Freetown-Monrovia-Abidjan aura lieu le dimanche, avait fait savoir la semaine dernière la compagnie.
« Nous sommes heureux que cette disposition soit mise en oeuvre », car il est « quand même très important que les pays frères ne se sentent pas abandonnés », a déclaré à la presse le Premier ministre de la Côte d’Ivoire Daniel Kablan Duncan.
La fièvre hémorragique Ebola a fait 4.555 morts sur 9.216 cas enregistrés dans sept pays (principalement Liberia, Sierra Leone, Guinée, mais aussi Nigeria, Sénégal, Espagne et Etats-Unis), selon le dernier bilan de l’OMS, rendu public vendredi.
AFP