Kindia : Les impactés du projet Simandou interpellent Winning Consortium et Rio Tinto

Les membres du comité de suivi citoyen du projet Simandou et les autorités locales et communautaires impactées dans la localité de Madina- Oula  ont animé une conférence de presse ce vendredi 24 novembre 2023 à Sekhoussoria, à l’occasion de la publication du rapport trimestriel de suivi et documentation des impacts du projet Simandou .

Objectif visé au cours de cette rencontre, amener l’entreprise Winning Consortium Simandou et Rio Tinto à tenir leurs engagements d’indemnisation des citoyens impactés par le projet dans la zone.

« C’est suite au manquement du respect des engagements de l’entreprise et l’État vis-à-vis des communautés que nous avons mis ce comité en place. Depuis le démarrage des travaux de construction du port de chemin de fer jusqu’à la mine de Simandou, nous avons fait un constat sur le terrain. Ce constat était quoi ? Les droits des communautés sont violés pendant les activités. La société est en train de causer d’énormes dégâts sur la vie de la population. Et la population n’a d’autres moyens de recours que de faire des manifestations, barricader la route et s’attaquer aux engins de la société. Donc, nous les jeunes leaders, nous avons décidé de mettre en place un comité de suivi dans notre localité. Et ce comité est composé des membres des secteurs touchés par le projet. Donc on a mis ce comité en place pour pouvoir défendre les communautés impactées par le projet Simandou », a expliqué Amara Camara, coordinateur de suivi des impactés de Kindia.

Depuis la mise en place du comité, dit- il « nous avons fait une prise de contact avec les leaders communautaires de Sekhoussoria, de Gnègueya et Bombia jusqu’à la sortie du tunnel Sérumba . En plus, nous avons procédé à la sensibilisation des communautés. Mais surtout à Sekhoussoria centre qui a le plus grand nombre de la population. Par ce que la majeure partie des travailleurs résident à Sekhoussoria Centre C’est pourquoi nous avons intensifié la sensibilisation à Sekhoussoria, Bombia et Gnègueya . À date, les efforts de nos sensibilisations ont permis aujourd’hui d’atténuer plusieurs situations sur le terrain. Par exemple, en cas de grèves persistantes dans ces différentes localités, cela diminuerait. Actuellement, on ne fait que recevoir des plaintes de la part de ces différents impactés. Celui qui a des fissures de maison, il écrit une lettre, il envoie au bureau du comité. Donc, nous aussi, à notre niveau, nous écrivons une plainte, qu’on adresse à la société », a fait comprendre Amara Camara.

Pour sa part, El-hadj Fodé Soumah, vice-président du district de Sekhoussoria, dans la commune rurale de Madina Oula, dit- être satisfait de la mise en place du comité de suivi : « C’est un honneur et un réel plaisir pour moi de la mise en place de ce comité. Avant l’installation de ce comité, il y avait pas mal de manifestations. Mais depuis son installation, les grèves ont diminué. Maintenant, il y a l’accalmie. Les membres du comité de suivi nous ont situé comment il faut démarcher en de pareilles circonstances. Quand on est victime ou impacté par un projet, n’importe lequel. Aujourd’hui, nous sommes plus que satisfaits de leur démarche. Le travail qu’ils mènent sur le terrain y va dans notre intérêt », a-t-il souligné.

Fodé Moussa Camara, résidant dans le secteur Gnègueya, quant à lui a réagi sur les difficultés rencontrées depuis le démarrage du projet : « Nous vivons la peur au ventre. Tous nos bâtiments sont fissurés dû au dynamitage qui se fait dans le tunnel. Quand on explose la dynamite, on le sent très fort ici. Deuxièmement, la route qui passe au-dessus de nos têtes, nous impacte. Avant, on buvait l’eau de Kabelè. Du fait qu’ils ont traversé le pont sur la rivière Kabèlè, ils ont dilué complètement l’eau. Elle n’est plus buvable. Actuellement, quand ça pleut, on peut faire cinq jours sans boire l’eau de Marigot. L’eau devient rouge. On utilise de préférence l’eau recueillie à partir des rizicoles pendant la saison des pluies. Donc, c’est un grand risque qui nous guette. Car on ne sait pas quand l’épidémie viendra. Troisièmement, la production de nos marais, là où nous avons l’habitude de travailler, a diminué. L’ensablement a provoqué des intempéries dans nos champs dues à la couleur rougeâtre de l’eau. La société nous a promis qu’on aura un forage, mais jusque là rien ! Nous demandons à l’État de nous aider. Tous les déchets d’excréments humains et produits utilisés dans le tunnel sont jetés dans ce marigot. Donc, il y a un risque épidémique. » a déploré Fodé Moussa Camara.

Rachid Camara depuis Kindia  pour Conakry Infos